Botch - We Are the Romans : Deluxe Ed.
Sorti le: 12/11/2007
Par Jean-Daniel Kleisl
Label: Hydra Head Records
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Botch, le retour…
Après la réussite de American Nervoso (voir notre chronique), Botch sort une année plus tard (en 2000), ce qui s’avère être son œuvre la plus aboutie We Are the Romans. Cette réédition Deluxe du label Hydra Head est agrémentée d’un deuxième disque, constitué de démos et de morceaux enregistrés en public, avec une seule réelle nouveauté, « Vietnam ».
Second album et nouvelle pierre angulaire en moins de deux ans. Tout en gardant un aspect absolument sans concession, Botch se prend à varier les ambiances et ralentir le tempo pour mieux asséner des accélérations massives, des rythmiques syncopées et des riffs sortis de nulle part. Concentré de violence pure, We Are the Romans est toutefois plus tortueux et labyrinthique que son prédécesseur. Entre puissance de feu absolument démentielle (« To Our Friends in the Great White North », « Mondrian Was a Liar » – quelle batterie !) et des passages au calme sournois (« Swimming the Channel Vs. Driving the Chunnel » – sorte d’interlude ambient post rock minimaliste), Botch prend un malin plaisir à jouer avec les nerfs des auditeurs.
Si l’on devait résumer en un seul titre We Are the Romans, ce serait sans doute « C. Thomas Howell as the « Soul Man » ». Débutant très puissamment et de manière chaotique, le morceau se calme soudain au bout d’une minute trente, laissant poindre un lick de guitare maintes fois entendu dans les émissions sportives lorsqu’un pilote de F1 se scratchait à 300 km/h, qu’un skieur dévalait la pente sur 500 mètres, qu’un cycliste se faisait pincer avec quatre litres d’EPO dans le sang ou plus récemment, qu’une joueuse de tennis se repoudrait le nez… Dans le même esprit que « Swimming the Channel… », l’album se termine par l’introspectif « Man the Rampart » de onze minutes – jamais Isis ou Cult of Luna n’ont composé un tel morceau, passant de la lourdeur la plus imposante à de divins chants religieux (bien évidemment, l’histoire se termine très mal pour les petits anges) – suivi par un instrumental electro-rock des plus étranges.
Tout comme American Nervoso, la réédition Deluxe de We Are the Romans n’apporte pas de grande surprise, si ce n’est qu’en concert, les morceaux présentés sont proprement époustouflants ! Plus de sept ans après sa sortie et servi par une technique irréprochable bien qu’autodidacte – par rapport à un Dillinger Escape Plan par exemple –, We Are the Romans reste un disque d’une richesse inépuisable, qui permet à Botch d’exprimer son talent avec ingéniosité.
Un album audacieux d’un groupe d’exception qui malheureusement se sépara fin 2002 après une dernière tournée dont Hydra Head a sorti récemment un DVD. L’âme du groupe survit néanmoins à travers les participations de ses membres à d’autres formations, parfois dans des styles totalement différents à l’instar du guitariste Dave Knudson, qui sévit actuellement dans Minus the Bear.