Simon Steensland - Fat Again

Sorti le: 21/07/2009

Par Jérémy Bernadou

Label: AltrOck Productions

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Le multi-instrumentiste suédois Simon Steensland est loin d’être un inconnu dans le milieu des musiques aventureuses. Batteur des débuts de Landberk, il arpente en solo des chemins bien différents du rock progressivo-atmosphérique de son ancien groupe. Les similitudes tendent davantage vers Present ou Univers Zero, notamment pour l’aspect « sombre à l’excès » et l’intensité de la section rythmique. Il applique en outre la même recette que ses précédents albums, à savoir une longue liste d’invités qui contribuent à ériger cet édifice, dont l’habituel Morgan Ågren (Mats/Morgan Band) qui abat à lui-seul un travail titanesque.

De montées en puissance superbement menées (« Der Klang Von  »Musik »» et sa complexité rythmique croissante) à l’harmonium omniprésent, tout est réuni pour combler l’amateur de Rock In Opposition. Bien plus présent qu’à l’accoutumée et exclusivement féminin, le chant apporte une coloration très riche, comme en témoigne « Hide & Seek » et ses huit chanteuses qui assènent une véritable leçon d’arrangement vocal. Simon Steensland parvient toujours à travailler autant cette atmosphère pesante qui lui est propre, sa marque de fabrique au fil des ans. Par une finesse certaine dans la conception de ce disque, chaque idée est suffisamment mise en relief pour fournir à l’ensemble une véritable « forme » sans densité étouffante.

Les harmonies audacieuses et les nombreux chromatismes (« The Queen of Sweden ») rappellent combien il est question de musique exigeante. L’expérimentation reste permanente et toujours justifiée. Chaque détail possède son importance qui confère une réelle cohérence aux compositions. Fat Again apparaît clairement comme la plus belle œuvre de Simon Steensland, aux côtés de son Live Gang-Gang qui défrichait en amont des horizons similaires de façon toute aussi impressionnante. « The Lion Tamer », long de plus de vingt minutes, démontre ainsi tout ce dont Simon Steensland est capable et apparaît comme le chaînon manquant entre Univers Zero et Frank Zappa. Sa lente descente aux enfers éblouissante est soutenue par un chant entre comptine et litanie, rejoint peu à peu par de sombres reflets saturés. L’espace sonore se remplit d’une tonalité étonnante, les instruments aux timbres variés (harmonium, accordéon, basse, etc.) se mélangent pour un résultat aussi détonnant qu’effrayant. Toute une expérience…