Nil - Gouveia Artrock 2003 - DVD

Sorti le: 20/01/2005

Par Aleksandr Lézy

Label: PortugalProgressivo

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L’Art Rock festival de Gouveia est l’une des nouvelles manifestations autour du rock progressif en Europe. Cette petite ville du Portugal regroupe pour sa première édition en 2003, les groupes qui ont fait sensation par leur production discographique de l’année. Projet de PortugalProgressivo, une association culturelle à but non lucratif, il restait encore un peu confidentiel pour ce premier essai. Trois groupes sont à l’affiche ce 6 juillet : les Français de Nil (meilleur groupe au Portugal en 2003), les Italiens de La Maschera di Cera, et les Portugais de Saturnia qui, eux, n’apparaissent que très furtivement dans le bonus.

Nil a fait sensation cette année-là avec leur troisième album Quarante jours sur le Sinaï, et cette invitation est tant en récompense de leur talent que pour leur montrer à quel point ils sont appréciés là bas. Le temps de poser les fondations du premier acte de Quarante jours sur le Sinaï, les lumières sont à peine perceptibles, l’obscurité laissant entrevoir les musiciens du groupe créant une atmosphère sombre et angoissante.
La ravissante Roselyne Berthet entre en scène, les premières notes sont hésitantes, et le temps que la voix se chauffe, le spectacle prend forme. De l’énergie et de la présence font de ce spectacle une très bonne approche de la musique de Nil. Les musiciens paraissent assurés. Concentration autour des morceaux qui défilent, exécutés proprement. Ce soir, en cadeau, de nouveaux titres sont joués en exclusivité. Le temps passe rapidement, submergé par les ambiances soignées de leur musique avant le salut final de David et Samuel Maurin, Frank Niebel, Benjamin Croisy et Roselyne Berthet.

La Maschera di Cera, autre groupe mis en lumière par ce DVD, est l’un des projets parallèles de Fabio Zuffanti, de la formation Finisterre. Les italiens, maquillés, interprètent deux longs morceaux de leur deuxième album Il Grande Labirinto dans la grande tradition du rock progressif italien. Avec beaucoup de décontraction, l’ensemble propose une musique très teintée de poésie et d’ambiance. Les mélodies sont douces, bien que soutenues allégrement par la section rythmique.
Ici, point de guitare électrique mais bien une flûte traversière tenant lieu d’élément mélodique. Les italiens savent charmer…
Pour finir, le groupe a la superbe idée d’inviter le guitariste portugais du groupe Tantra pour interpréter un morceau de Finisterre, Das Caos. L’esprit jazz du musicien dans l’interprétation fait ressortir avec brio toute l’originalité du morceau. Le concert, malheureusement un peu court, laisse une bonne impression de cette formation. Alessandro Corvaglia, Fabio Zuffanti, Maurizio di Tollo, Andrea Monetti et Agostino Macor font passer à leur tour un agréable moment.

Et le support en lui-même ? Ce DVD est conçu de manière très simple mais efficace. Les menus interactifs proposent de parcourir les éléments qui constituent le disque. Le choix se fait donc entre la prestation de chacun des deux groupes, des boni ou tout simplement la globalité. Après chaque performance, un ralenti traduit une conclusion en mentionnant, plans visuels à l’appui, les interprètes.
L’image est soignée, les plans sont réussis et variés sous différents axes : quatre angles de caméra au total. Aucune fantaisie visuelle n’est proposée proposées, ce qui permet au téléspectateur de profiter pleinement de la musique. Le son est assez brut et de ce fait retransmet assez bien l’atmosphère générale du concert.

En guise de bonus, ce DVD propose un récapitulatif du festival augmenté de courtes entrevues avec chacun des membres des deux groupes : sorte d’impression générale vue de l’intérieur. Des images de la ville de Gouveia offrent l’occasion de profiter du paysage. Un extrait du concert de Saturnia rend compte du potentiel du duo. Et pour finir, séances de dédicaces et résumé de la soirée. Ce bonus est court et n’a d’autre but que l’entretien du coté généreux – au sens noble – des membres de l’association.

En présence d’un DVD produit avec aussi peu de moyens, il ne vient qu’une chose à l’esprit : ces gens sont de réels passionnés tant leur motivation est grande et que le résultat – nous parlons ici aussi bien du Festival que du DVD – est impressionnant. Quatre vingt cinq minutes de rock progressif ravissent le spectateur et peuvent ainsi donner l’envie à certains d’organiser ce genre d’évènements dans leur pays. Les moyens employés sont à la hauteur des espérances, rendant une certaine crédibilité à un genre qui prouve encore fois qu’il peut se perpétuer dans le temps. Un DVD de l’édition 2004 – Isildurs Bane y figurait – est en phase de post-production, et le festival 2005 se prépare actuellement, plus grand encore, comptant entre autres à l’affiche Arena, The Watch et Univers Zero. Un nouveau rendez-vous majeur du progressif en Europe se profile.