Zao - Ethnic-3 Live

Sorti le: 14/01/2009

Par Mathieu Carré

Label: Musea

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Dans le vaste univers de la musique zheul, Zao occupe une place à part. Basé sur le souffle mystique du saxophoniste Yoch’ko Seffer, le trio distillait au début des années quatre-vingt un jazz puissant et surtout multi culturel, trouvant à travers la qualité de ses membres un chemin entre les musiques nouvelles. Pour ce nouvel album, enregistré en concert dans la salle du Triton en 2008, les trois hommes (Seffer, Faton Cahen aux claviers et François Causse à la batterie) reviennent aussi décidés que lors de leurs vertes années.

Mais si la fougue de Seffer, toujours impressionnant de part ses envolées telluriques agit toujours, on peut regretter que les synthétiseurs à l’honneur il y a trente ans restent toujours aussi présents et si les musiciens vieillissent bien, difficile d’en dire autant de certaines sonorités irrémédiablement datées. Toujours impressionnant dans le combat et la sueur (François Causse et un solo de batterie jouissif sur « Morea »), Zao se perd parfois dans des harmonies trop propres. Etrangement, quand Yoch’ko Seffer rappelle en quelques phrases mordantes combien l’héritage musical des pays de l’Est se prête aux relectures les plus audacieuses (et combien des jeunes saxophonistes comme Akosh S. lui doivent), Faton Cahen trop en retrait (de même que le public qui semble souvent refugié aux fond de la salle) se contente d’un rôle d’accompagnant peu en rapport avec son talent (« Trebla »).

Fondamentalement, Zao souffre de son passé, même s’il le porte bien. Il reste impossible d’apprécier une musique indépendamment de l’époque qui l’a vue naître et grandir. Les extravagances d’hier ne touchent plus la corde sensible aussi intensément une fois l’émotion de la découverte et l’émulation d’alors évanouie. Trente ans auparavant, un tel concert aurait peut-être fait trembler les murs et vibrer la jeunesse. Aujourd’hui, on l’écoute comme les touristes regardent un superbe vestige du passé toujours debout. L’intérêt historique supplante la nécessaire implication qui fait que de telles formations ont fait vaciller la musique sur ses certitudes il n’y a pourtant pas si longtemps.