Supersister - To the Highe$t Bidder (rééd.)
Sorti le: 16/10/2008
Par Aleksandr Lézy
Label: Esoteric Recordings
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Le début des années soixante-dix a permis de rassembler sous la même bannière des groupes de rock progressif. Supersister, groupe hollandais composé de quatre musiciens multi-instrumentistes, a su développer cette pâte unique et propre au mouvement et, propulsé par Polydor, sort ce nouvel album en 1971.br>
Tout commence pour le mieux avec « A Girl Named You », le tube du groupe et sûrement le meilleur morceau de l’album ! Un titre long et riche, très progressif, sautillant, rythmiquement et mélodiquement quasi parfait dans un esprit zappaïen et un style incontestablement anglo-saxon. « No Tree Will Grow » et « Higher » fonctionnent comme de petites ballades enivrantes et mélancoliques. Tandis qu’« Energy » remet un peu d’huile sur le feu avec ses quinze minutes d’alternances entre expérimentations et mélodies burlesques avec un Robert-Jan Stips imitant la voix d’un gnome. La groupe suédois Sinkadus ne renierait pas leurs origines avec ce morceau.
Supersister n’a jamais obtenu la reconnaissance qu’il aurait du recevoir. Cependant, si l’on remet les choses dans leur contexte et malgré le talent et la créativité indéniables qu’on se doit de leur accorder, il n’a malheureusement rien inventé en termes de « progressif ». En 1971, Jethro Tull, Genesis, ELP, Frank Zappa ou encore Egg, groupes stylistiquement proches, en sont déjà à leur deuxième voire leur quatrième album. Cependant, et là réside l’intérêt, il est sans aucun doute précurseur de l’école Canterbury avec Soft Machine, Caravan et la prédominance des claviers. Et c’est cette différence qui a sûrement fait que le groupe a navigué parallèlement dans les mêmes eaux que les autres sans jamais se retrouver sur le même quai.
Quoi qu’il en soit, Supersister signe avec cet album un très bon moment de musique qu’il est encore très agréable d’écouter de nos jours. De plus, dans cette version remasterisée d’excellente facture, deux faces B augmentent considérablement l’intérêt de l’objet, avec « Missing Link » un morceau instrumental doté de riffs fortement appuyés proche du hard rock. Mais le clou du spectacle est l’incontournable « The Groupies of the Band » qui fait penser à une chanson de spot publicitaire vantant les mérites d’un papier toilette comme aurait pu le faire Zappa. La structure est monstrueuse d’ingéniosité avec la mélodie de « Frère Jacques » désarticulée en toile de fond à dénicher. Un régal !