Beardfish - Sleeping In Traffic : part one

Sorti le: 01/07/2007

Par Aleksandr Lézy

Label: InsideOut Music

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Les jeunes suédois de Beardfish n’ont pas mis longtemps d’une part pour faire parler d’eux, d’autre part pour signer chez les spécialistes du rock progressif, à croire qu’Inside Out veut récupérer tous les bons groupes du genre ! Après le remarqué The Sane Day, double cd aux allures de gros tiroir à bonnes idées, Sleeping In Traffic : Part One nous rappelle à l’ordre et relance un nouveau concept album pour le moins ambitieux a priori, tout du moins dans la démarche !

Ce qui est épatant avec Beardfish, c’est avant tout la fraîcheur des compositions et en même temps la sonorité de l’ensemble en total anachronisme avec ce qui se fait en ce moment. Les instruments « vintage » font figure de justification à un rock progressif des années 70 bien ficelé, rappelant tour à tour Genesis (le riff d’introduction du magnifique « Harmony ») ou même Gentle Giant (« The Ungoldly Slob »). Mais la simple différence est que l’emballage, la production donc, est elle moderne, propre, chaude et soignée ; dans la lignée des jeunes de Liquid Scarlet sans le côté « vintage » à tout prix.

Il ne faut pas plusieurs écoutes pour rentrer très vite dans l’atmosphère délicate de cet album. La manière de faire de ces musiciens est intéressante, car ils n’accablent pas l’auditeur de trop grands délires instrumentaux, se concentrant avant tout sur la bonne digestion de longues plages musicales, à l’instar du morceau « Roulette » totalisant les douze minutes. Les mélodies sont soignées, originales et développées de manière à souligner l’effort de chaque instrument. Les refrains sont répétés jusqu’à épuisement afin d’installer un côté « chanson pop » avec l’approche du rock progressif dans les développements, les riffs et les sonorités..
La voix suave de Rikard Sjöblom apporte une dimension émotionnelle très forte en plus de la seule musique déjà expressive. Ce chanteur/guitariste/compositeur à un timbre de voix particulier, d’un autre temps, qu’il maîtrise avec talent. Les autres musiciens ne sont pas en reste, proposant irrémédiablement des parties différentes, se superposant habilement. L’histoire quant à elle reste obscure sans les textes mais ne gâche en rien l’accessibilité à la musique.

Beardfish signe ici un bel album, plein de charme et de douceur. Il manque de ce fait un peu de prises de risque musicales à notre goût. Cependant, ce qui est fait est de qualité et on ne pourra leur reprocher d’apporter un coup de jeune dans un univers dominé par les Flower Kings. La fin de Sleeping Traffic : Part One et son envolée lancinante laisse présager le meilleur pour la suite. Du fait que l’on attend justement une suite, il faudra que le résultat soit aussi bon mais pas identique, ou meilleur et là, Beardfish aura rempli son contrat en s’imposant comme une des figures incontournables de la scène rock progressive actuelle.