Nil - Nil Novo Sub Sole
Sorti le: 23/10/2005
Par Aleksandr Lézy
Label: Unicorn Digital
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C’est en mai 2005 que le groupe français d’Annecy Nil signe avec le label canadien Unicorn Records. Depuis 1994, date de création du groupe, Nil évolue et trouve enfin un peu de soutien. Le soutien, c’est aussi l’arrivée en décembre 2002 de Roselyne Berthet au chant. Apport considérable dans la carrière du groupe, quand au bout de trois petits mois, Quarante Jours sur le Sinaï, album remarqué, voit le jour. Deux ans maintenant, et déjà un nouvel album Novo Sub Sole qui devrait remettre le groupe sur les flots.
Nil prend sa source aux confluents des rocks progressifs symphonique, sombre à la scandinave voire zeuhl par moments. La musique du groupe est complexe, recherchée, travaillée. Depuis le début, Nil coule vers des rivages atmosphériques la plupart du temps, ce qu’il continue de faire (« Le Linceul ») mais cette fois-ci, le courant se tourne en plus vers le coté obscur de sa force. La noirceur mâtine l’ensemble de ce nouvel album d’un peu plus d’une heure, différent de ses prédécesseurs en bien des points, à l’instar du groupe parallèle des frères Maurin, Thork.
Si l’album précédent Quarante Jours sur le Sinaï avait été enregistré live, celui-ci est un pur travail de studio, doté d’une bonne production se prêtant à l’image du groupe, même si elle reste conventionnelle. Point d’élargissement structural, les instruments tels le violoncelle, le saxophone ou bien la harpe ne sont plus de la partie, ils avaient été rajoutés par pure esthétique auparavant. Nil se présente donc comme une formation à part entière, ne dépendant plus que d’elle-même, sans apport instrumental extérieur. Si on peut reprocher à Nil de perdre une couleur originale, on ne peut qu’apprécier ses prises de position risquées, notamment l’insistance du choix de sa langue maternelle, le français. En déboussolant l’auditeur, qui se retrouvera confronté à une musique proche de ce qu’il connaissait, le groupe se réaffirme en une autre forme. Roselyne, un peu plus présente aussi, laisse tout de même la part belle à l’instrumental.
Débordant d’énergie, Nil propose différents aspects du progressif avec une suite de vingt minutes « Le Gardien », le morceau froid et oppressant « Le Linceul », les instrumentaux techniques avec « Dérégénération », « 198 » et « Dérives » … Tout se tient, structures originales dignes des progressions à la Yes ou Genesis des débuts, arrangements propres, retenus et en parfaite cohésion avec le propos. L’ensemble est au final d’un intérêt plus que certain, démontrant que les français peuvent aussi avoir leur place dans ce monde dominé en la matière par les anglo-saxons et les scandinaves.
Nil accentue avec brio les espoirs que l’on avait bien voulu lui porter et ce Novo Sub Sole apparaît comme un album majeur de cette année 2005. Sa diversité et son caractère bien définis ont le mérite de captiver l’oreille par sa richesse. La dialectique de ce disque sombre fera ressortir en chacun des peurs et des sentiments enfouis depuis longtemps, si l’on se penche dessus avec passion.