Dissolving of Prodigy - Louceni se Svetem Pozemskym
Sorti le: 08/06/2005
Par Julien Damotte
Label: Crystal Production
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Peu connu en France, Dissolving of Prodigy est un groupe tchèque en place depuis 1993 et évoluant dans le doom metal atmosphérique et dépressif. Après deux albums (Time Ruins Also Beauty et Lamentations of Innocence) et un remaniement drastique de la formation, deux des membres originaux reviennent avec une œuvre toujours aussi sombre : Louceni Se Svetem Pozemskym. Pour ce nouvel album, le groupe s’est séparé de ses violons et flûtes qui rendaient son style si particulier, pour revenir à quelque chose de plus traditionnel.
La première écoute est laborieuse tant il est difficile de pénétrer dans cet univers morbide et déprimant, mais après avoir passé le barrage de la langue et des hurlements plaintifs de Michal Blejchař, on se laisse finalement emporter dans cette suite de mélodies angoissantes. L’ambiance est épaisse et pesante, certes, mais les cris de désespoir du chanteur ne peuvent laisser indifférents. De plus, cet album, pourtant lent, semble moins lourd et plus diversifié que ses prédécesseurs et quelques accents folks ou progressifs viennent se glisser ça et là. La ballade « Pocta Moraně » propose d’ailleurs un duo magnifique avec la chanteuse Johanka Terynkerova. Ici, comme dans « Hořící Mosty », la voix de Michal Blejchař est plus posée, plus mélodique et son timbre si grave rappelle un peu Rammstein en moins martial, ou encore Type O Negative.
Malheureusement, certains morceaux semblent bâclés tant la technique et la précision des musiciens est rudimentaire : certains des titres auraient peut-être mérité plus de travail, surtout quand on voit ce dont le groupe est capable sur l’instrumental « Jedenáct », plus progressif, qui clôt l’album de belle manière. Les riffs se suivent et se ressemblent sans qu’aucun d’entres eux n’attire vraiment l’attention..
Autre point faible de ce disque : la production. La richesse du style aurait sans doute mérité une production plus chaude et plus homogène et se serait mieux exprimée ainsi. La batterie est en retrait, manque sérieusement d’impact, et les guitares comme les claviers font plutôt penser à une démo. Quand à la basse, elle ne remplit pas complètement son rôle, et ne donne ni chaleur ni rondeur au son. On se demande par ailleurs ce que les tentatives de slap viennent faire dans un morceau comme « Hořící Mosty ». Pourtant le groupe n’en est pas à son coup d’essai et de semblables critiques avaient déjà été formulées pour leurs deux premiers albums.
Louceni se Svetem Pozemskym est à déconseiller aux moins téméraires mais les inconditionnels du genre pourront facilement y trouver leur compte. Le côté malsain de ce doom metal vous fera réfléchir. Néanmoins, pour apprécier ce disque, il faudra aussi passer le cap de la première écoute et s’habituer au chant très particulier de Michal Blejchař.