Carla Bley - Carla’s Christmas Carols
Sorti le: 12/01/2010
Par Jean-Daniel Kleisl
Label: ECM
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Carla Bley peut-elle réserver à ses auditeurs un énième changement de direction après un Appearing Nightly en demi-teinte ? La réponse passera par un détour au coin d’un feu de cheminée qui crépite et d’un sapin joliment décoré. Depuis quelques années – en fait depuis près de quarante ans –, la dame à la coupe en palmier s’est érigé tout un répertoire de reprises du dix-neuvième siècle ou de ses propres compositions consacrées aux périodes de Noël. Enregistré au studio La Buissonne en décembre 2008, Carla’s Christmas Carols représente en quelque sorte l’aboutissement de cette démarche qui sort quelque peu de l’ordinaire pour une artiste comme elle.
Grand bien lui a pris, pourra-ton arguer en coupant court sans vergogne aux infâmes et habituelles critiques du genre : « woa, encore un machin de Nowel ». Sous l’égide du tubiste Ed Partyka, quatre cuivres émérites, ainsi que l’indéboulonnable Steve Swallow à la basse accompagnent tout en finesse une Carly Bley aux anges. L’ensemble raffiné laisse la part belle aux brillantes interventions des cuivres (deux trompettes / bugles, un cor, un trombone et un trombone basse / tuba) dans des arrangements souvent sobres à l’instar du très classique « O Tannenbaum ». Cela n’empêche nullement Carla de brouiller hardiment les pistes dans son « Hell’s Bells » aux accents bop. L’ambiance peut parfois s’assombrir, notamment sur « Away in a Manger » et surtout « God Rest Ye Merry Gentlemen (part one) » dont la seconde partie devient alors gaiement ivre !
Album étonnant de finesse, de justesse d’interprétation et d’une certaine timidité positive, Carla’s Christmas Carols se termine magnifiquement par deux reprises enregistrées en public à Berlin, avec la basse séductrice de Steve Swallow qui se taille la part du lion. On en oublierait presque les arrangements sensuels de Carla Bley au piano et au Céleste, sans parler de ses soli souvent tout en retenue. Un superbe album recommandé chaudement… à cent lieues des clameurs assourdissantes des certains trios de ténors qui laissent les anges sans voix.