Oceansize

06/05/2008

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Par Djul

Photos:

Site du groupe :

CONCERT : OCEANSIZE

  Lieu : Paris, le Trabendo
Date : 22 avril 2008
Photos : Fabrice Journo

Après un passage éclair en France en 2008 pour l’une des premières parties les plus improbables qui soit (Apocalyptica), Oceansize revient à Paris en tête d’affiche. Pour l’occasion, le groupe a emmené dans ses bagages son futur voisin de label : les Français de Demians !

Setlist Oceansize : Intro – Unfamiliar – One Day All This Could Be Yours – One Out Of None – Only Twin – Savant – An Homage to a Shame – The Charm Offensive – Amputee – Trail of Fire – Ornament / The Last Wrongs
Rappel : Women Who Love Men Who Love Drugs – Music for A Nurse

« Même pas peur ». Une expression lancée au public (un peu) comme un défi et (surtout) comme un gri-gri à la méthode Coué. Ce 22 avril 2008 constituait en effet pour une jeune et prometteuse formation française sa toute première date. Au Trabendo, en première partie d’Oceansize, sans album ni même site internet encore disponibles. On a vu plus confortable ! Force est de constater que Demians, puisque c’est son nom, s’en est sorti avec les honneurs, laissant même un désagréable sentiment d’inachevé, ce qui est sans doute très bon signe. Vous risquez fort d’entendre parler de ce projet porté par Nicolas Chapel très bientôt dans nos pages : une chronique de leur premier album, Building an Empire (chez InsideOut s’il vous plaît) et une interview du leader du groupe sont d’ores et déjà prévues en mai !

En attendant, une audience timide a pu découvrir les titres majeurs de ce premier essai en avant-première, en commençant par « The Perfect Symmetry », rassemblant sur près de dix minutes les différentes influences de la formation (Porcupine Tree, VAST et… Oceansize en particulier). Tout juste formé pour les futures tournées par Nicolas, le groupe se cherche et finit par se trouver (ainsi que le public) sur le pont « Toolien » et l’énorme riff qui suit. Le batteur fait son show sur ce passage qui rappelle Opeth et clôture en force cette introduction. « Temple » suit : il s’agit du titre central de l’album, qui porte les thèmes musicaux et les paroles qui reviennent tout au long du disque. Ce bref morceau de trois minutes est excellent, mais se trouve orphelin de sa suite, « Empire », qui n’est pas jouée : dommage pour ceux qui se sont (déjà) habitués à les écouter à la suite sur le disque. Heureusement, toute frustration est comblée par l’autre pavé de Building an Empire, « Sand ». Sur ce quart d’heure d’éclectisme se trouvent mêlés des ambiances portées par des claviers à la Dream Theater (époque Moore), d’autres détachées à la VAST et surtout un passage des plus énervés sur la fin, qui met sans surprise le feu à la salle avec sa double grosse caisse et ses vocaux hurlés. Le délayage des couches sonores, si réussi sur album, est forcément plus difficile à rendre sur scène, mais l’essentiel est préservé et le titre a sans doute fait forte impression vu les clameurs sorties du Trabendo après son interprétation. Le concert se termine en queue de poisson, trop bref, trop court pour constituer plus qu’une simple carte de visite. Mais celle-ci est attrayante, et nul doute que le 19 mai, certains se rappelleront de Demians en naviguant dans les bacs de leur disquaire favori. Au besoin, nous les y aiderons !

Un coup d’œil ci-dessus aura permis aux plus curieux de relever l’information la plus notable de la soirée concernant Oceansize : le groupe a proposé au Trabendo son concert le plus énervé ! Le rédacteur des présentes aura envie d’ajouter que la set list était probablement la meilleure jamais proposée au public parisien, à son goût. Autre élément appréciable : le déroulement du concert est très équilibré et se partage équitablement entre les différents albums, avec un retour remarqué de Everyone Into Position.

Un concert énergique donc, avec un groupe très frais après une pause dans l’infernale spirale « album-tournée » qui semble avoir été salutaire… à une exception près ! En effet, Mike Vennart souffre clairement des cordes vocales. Cela s’entend dès le premier titre, avec un manque de puissance vocale « criant ». Si Steve Durose le guitariste, assure souvent les deuxièmes lignes de chant et sauvegarde les passages en question, le reste est parfois difficilement audible et seule une connaissance des morceaux permet de décrypter ce qui sort du micro du chanteur. Profitant de la promiscuité du Trabendo, qui permet aux plus motivés de s’approcher au plus près de la scène, nous pensions que notre placement était la cause de ces soucis de sonorisation. Pourtant, Vennart s’excusera de sa voix à la fin du concert, après avoir maintes fois puisé dans le sirop au pied de son enceinte retour. On lui pardonnera, à condition qu’il renonce au port de ses chaussures, d’un goût toujours plus douteux ! On aura également une pensée pour le public qui assistera aux prochaines dates de la tournée européenne, qui risque fort de pâtir autant sinon plus de cet état de santé.

Oceansize semblera avoir à cœur de compenser instrumentalement cette déficience vocale, avec toute la cohésion et le savoir-faire dont il sait faire preuve. « Unfamiliar » et son final mené tambour battant par Mark Herron, ou le très salué « Trail of Fire », démontrent que Frames est bien parti pour marquer les esprits. On notera, parmi les incursions dans le répertoire plus ancien du groupe, une résurrection plus qu’heureuse du robotique et angoissé « One Day All This Could Be Yours », une interprétation rageuse et sans préavis d’ « Amputee » ou encore un « The Charm Offensive » au riff retravaillé version Black Sabbath. Seul un problème technique (avec une pédale de batterie récalcitrante) offrira un temps mort, agrémenté de « soundscapes » comme musique d’attente, doublés des commentaires amusés de Steve (« these are moments that I live for »). Alors que l’on approchait de la fin du concert, Vennart prit plus de risques avec sa voix, et cela s’entendit. Il choisit d’ailleurs « Ornament / The Last Wrongs », sur lequel l’appui de son bassiste est des plus précieux, pour le faire sur les coups de butoir de ce titre, sorte de Magma moderne ! Facétieux, il procédera également à un petit test auprès du public : c’est confirmé, personne dans la salle n’a découvert Oceansize grâce à leur première partie d’Apocalyptica ! Une question ironique qui signifie sans doute que le groupe n’a dû apprécier que modérément l’expérience. La même question concernant Porcupine Tree n’aurait sans doute pas entraîné la même réponse.

En guise de rappel, le public parisien a droit à un savant mélange de genres avec le langoureux « Women Who Love Men Who Love Drugs » et le surexposé « Music For a Nurse », pour se terminer sur l’image (pour le moins emblématique du son Oceansize) de trois guitaristes qui se renvoient la balle dans la pénombre. Ce concert au Trabendo fut donc un excellent pot-pourri des trois albums du groupe. Les amateurs les plus inconditionnels auront ainsi eu un aperçu de ce qui les attend en octobre : sur 3 soirs d’affilé, à Manchester, le groupe jouera un de ses albums in extenso ! Pas la peine de se précipiter : c’est déjà complet !

Djul

site web : http://www.oceansize.com

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