CONCERT : ANATHEMA, PORCUPINE TREE | |
Artistes : Anathema, Porcupine Tree Lieu : Paris, Elysée Montmartre Date : 30 avril 2005 Photos : Dan Tordjman | Set-list Anathema: Release – Balance – Closer – Lost Control – Fragile Dreams – A Natural Disaster – Flying – Comfortably Numb C’est doté d’une première partie de choix, en l’occurrence les anglais d’Anathema, que Steven Wilson venait défendre son tout nouveau Deadwing, dans une salle à la capacité enfin en rapport avec son talent. Une soirée qui impose deux conclusions : Anathema n’a pas le droit de rester sans label, Porcupine Tree n’a pas le droit de ne pas séduire en masse. L’organisation, craignant une salle vide, a levé le rideau sur Anathema avec une demi-heure d’avance. Peur infondée : l’Elysée Montmartre se trouve déjà bien rempli ! La location de la salle parisienne, le samedi, pour deux soirées successives différentes, est la raison de ce changement d’horaire déjà remarqué et déploré à maintes reprises. Nombreux sont ceux qui n’eurent alors droit qu’à un petit quart d’heure de musique, le concert, d’une heure sur l’ensemble de la tournée, étant par ailleurs raccourci à quarante-cinq minutes à Paris. Frustrant, alors que le public français vit depuis des années une histoire d’amour avec Anathema, qui le lui rend bien.
Le groupe ouvre sur le puissant « Release », accompagné… de choeurs enregistrés ! Etonnant, particulièrement lorsque l’on sait que par la suite, Danny Cavanagh à la guitare assurera aussi parfaitement son rôle de chanteur d’appoint. Le son devant la scène manque un peu de relief, tandis que l’autre Cavanagh, Vincent, casse d’entrée une corde de sa guitare : malédiction qui poursuivra Porcupine Tree. Mais le public ovationne les Anglais, orphelins de label et en quête de réconfort en cette période d’incertitude sur son avenir. La suite du concert s’avérera de meilleure qualité, avec le somptueux « Closer » et la prestation habitée de Vincent Cavanagh au vocoder, hypnotisant la salle et faisant justice à un album, A Natural Disaster, qui est non seulement sorti trop confidentiellement, mais demeure aussi difficile à cerner du fait de sa très – trop ? – grande diversité.
Le morceau-titre sera d’ailleurs joué, avec un magnifique duo entre Vincent et Lee Douglas, la soeur du chanteur. Sa voix rappelle un peu Beth Gibbons, dans une ambiance sentant bon la pluie et la banlieue industrielle de Liverpool. Et lorsque Danny prend le micro, le tout se transforme en un blues à trois voix : splendide ! Autre moment mémorable, la revue du magnifique Alternative 4 , avec le glacial « Lost Control » dédié à Duncan Patterson, ancien bassiste du groupe et principal compositeur de ce disque, et le tube d’Anathema, l’imparable « Fragile Dreams ». Quelques extraits de The Wall sur la fin de « Flying » et… l’improbable se produit : « Comfortably Numb » ! Danny incarne David Gilmour et Vincent Roger Waters, le tout se concluant sur un furieux solo réarrangé par le guitariste.
Anathema a offert une prestation passionnée, comme à son habitude, entre un Vincent ne tenant pas en place et un Danny convainquant à la guitare, et ce malgré un manque de technique évident : le batteur et le bassiste n’étaient pas dans un grand jour. Reste qu’Anathema n’a pas encore d’assurance sur son existence à moyen terme, une situation que le groupe semble prendre avec philosophie et détermination à la lecture de notre interview, à paraître très bientôt. Djul site web : http://www.anathema.ws Après une petite demi-heure d’attente et une inquiétante musique d’introduction (NdR : Il s’agit en fait du morceau « Revenant », présent sur l’édition DVD-A de Deadwing et composé par Richard Barbieri), Porcupine Tree investit la scène de l’Elysée-Montmartre. Comme à son habitude, le groupe met largement en avant son dernier album, et ouvre avec le morceau titre de Deadwing. Le son est clair et agréable et les éclairages, de qualité moyenne, sont soutenus par d’excellentes projections signées Lasse Hoile.
A la manière d’un Marillion, Porcupine Tree n’interprète plus sur scène que des titres de sa discographie récente. Ainsi, les compositions les plus âgées ce soir datent de Stupid Dream, soit 1998. Le groupe fait toutefois une exception à la règle avec « Fadeaway », dont le chant est interprété par John Wesley dans un registre bien plus aigu que la version originale. Ce morceau représente donc l’occasion de mettre en valeur l’excellent guitariste, qui accompagne Porcupine Tree sur scène depuis 2001… mais surtout de promouvoir la récente réédition d’Up The Downstair (1993), dont il se trouve issu !
Ce n’est pas une surprise pour ceux ayant déjà vu Porcupine Tree en concert : le groupe bouge peu sur scène et l’interaction avec le public est minimale. Le groupe durcissant le ton d’album en album, cette attitude peut sembler de plus en plus décalée par rapport à sa musique. Pour autant, on ne peut que respecter la philosophie des musiciens : se concentrer sur la qualité de l’interprétation. Steven Wilson, pourtant proche de l’extinction de voix durant l’après-midi, assure très correctement ses parties de chant, et ce malgré la difficulté de certains nouveaux titres. Il doit également être ravi d’avoir quelques nouveaux soli à se mettre sous la dent, lui qui regrettait leur nombre trop restreint sur la tournée précédente. Quant au jeu de Gavin Harrisson, il est une fois encore d’une propreté et d’un niveau technique effarants. Le batteur peut notamment s’en donner à coeur joie à la fin de « Hatesong », prolongée par rapport à son pendant studio.
Avec cette date parisienne, Porcupine Tree arrive à la fin de sa tournée européenne, en tant que mécanique très bien huilée. Quelques petites difficultés viendront toutefois en perturber les rouages en milieu de concert : premier touché, Wilson casse une corde sur « Shallow ». Mais ce n’est rien par rapport à ce que subit John Wesley sur « The Start Of Something Beautiful » : pendant plusieurs minutes, le guitariste est réduit au silence avant qu’un technicien ne parvienne à résoudre le problème. On constate à cette occasion le rôle de plus en plus important que tient Wesley sur scène, Wilson n’hésitant pas à lui confier les parties de guitare principales afin de mieux se concentrer sur le chant. Fort heureusement, ces soucis restent anecdotiques au vu de la qualité de la prestation du groupe. Celui-ci termine son concert en beauté avec ses deux « tubes » imparables, « Shesmovedon » et « Trains », laissant ainsi le public sur une excellente impression.
L’affiche Anathema/PT a donc tenu ses promesses, et le public présent gardera le souvenir d’une heureuse soirée, quoiqu’un peu courte. Ce « couvre-feu » de l’Elysée-Montmartre aux alentours de 22h est vraiment désastreux… Porcupine Tree rendra à nouveau visite aux français en novembre prochain : ils seront accueillis les bras ouverts, en espérant toutefois que le contenu de leurs prochains concerts propose un peu plus de surprises. Rémy Turpault site web : http://www.porcupinetree.com retour au sommaire |