Queensrÿche
16/07/2009
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Par Christophe Gigon
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CONCERT : QUEENSRŸCHE
[briefing] Une mission ultime pour notre reporter de guerre, le convoi de leur interlocuteurs retardé, son informateur du Z7 lui apprend l’incident survenu sur la route : rien ne va plus pour ce rendez-vous de la plus haute importance. Le blockbuster estival tient ses promesses et fait trembler la légendaire exactitude helvétique. Setlist : Neue Regel – The Whisper – Screaming in Digital – I Dream in Infrared – Walk in the Shadows – I Will Remember – Sliver – The Killer – If I Were King – Man Down! – A Dead Man’s Words – Best I Can – The Thin Line – One and Only – Silent Lucidity – Jet City Woman – Anybody Listening? – Empire [Pratteln, Suisse – 19.00] Arrivé sur les lieux du rendez-vous, notre informateur indique qu’un incident technique a causé un retard important pour l’arrivée de la troupe américaine en ce 24 juin. La veille, Queensrÿche donnait un concert en Allemagne et la distance les séparant de la Suisse n’apparaît pourtant pas bien longue. Cette simple avarie s’avère belle et bien contraignante et rend le moyen de transport de tournée totalement obsolète, obligeant ainsi toute l’équipe à louer un car de touristes (peu rock ‘n roll certes, mais « à la guerre comme à la guerre » comme dirait l’autre) pour rallier Pratteln afin de ne pas annuler le concert prévu. Notre indicateur, qui n’est autre que l’organisateur helvète de l’événement, vit d’interminables heures d’attente, pendu à son téléphone portable, alors que la foule, venue en masse, se presse déjà aux portes. La scène est également installée pour accueillir Fatal Smile, unité spéciale suédoise qui assure la première partie de soirée. Il est donc facile d’imaginer les Américains, passablement épuisés par la tournure rocambolesque des événements, de ne pouvoir bénéficier d’aucun soundcheck, ni même de la moindre minute de repos. Les quelques journalistes amassés près des entrées backstage n’affichent pas les visages des bons jours : ils se doutent bien que les entrevues prévues risquent fort de passer à la trappe… [Pratteln, Suisse – 20.00] Après une attente insoutenable, le car immatriculé en Suisse se gare enfin devant la Konzertfabrik et un public impatient d’en découdre. Un à un, les musiciens et les techniciens s’extraient avec apathie de leurs places, mettent un pied au sol, sourient aux rares personnes présentes, saluent et filent fissa dans leurs loges. Le manager du groupe, un imposant Afro-américain de presque deux mètres, nous annonce alors que seuls deux entretiens sont autorisés, un pour nos confrères allemands et un pour Progressia [NdlR : c’est ça la classe internationale]. Pourtant, rien n’est joué, du fait que le journaliste germanique entre en premier pour un entretien qui nous l’espérons respectera notre horaire. En entrant dans les loges, la surprise est de taille : alors que notre prédécesseur serre la main du batteur Scott Rockenfield, c’est Geoff Tate en personne qui nous accorde une bonne demi-heure de son précieux temps, tout sourire et nullement contrarié par le stress de cette journée infernale. Les premières notes de Fatal Smile parviennent à nos oreilles et sonnent ainsi le glas de notre discussion. Une première étape réussie haut la main en compagnie du charismatique chanteur. Durant notre rencontre, le chanteur nous a averti du caractère exceptionnel du répertoire proposé ce soir. Les deux dernières années ont été presque entièrement dévolues au concept Operation Mindcrime I & II, il s’agit donc de ne pas se répéter. Le show est donc constitué de trois suites articulées autour des trois albums Rage for Order (1986), American Soldier (2009) et Empire (1990). Un nouvelle qui risque fort de décevoir les amateurs des autres disques. [Pratteln, Suisse – 21.00] Après le heavy metal glam de base de Fatal Smile, sorte de clone de Motley Crüe et choix idéal pour chauffer le public tant par l’ambiance de feu instaurée qu’à un son et à une présence scénique indéniables, Queensrÿche investit les lieux pour deux bonnes heures. Il est néanmoins à craindre le pire devant le retard des musiciens in extremis et l’incapacité à vérifier le réglage sonore. Pour cette seconde date d’une très longue tournée, les musiciens n’ont été au bénéfice d’aucun temps de décompression. Le calme olympien de Geoff Tate pendant l’entretien laissait toutefois présager du contraire, surtout lorsqu’il renchérit qu’il est bien connu qu’au Z7, le son est toujours excellent. Les trois medleys bien huilés se déroulent avec une précision d’horloger. Le son reste très honorable tout au long de l’événement et l’organe vocal du leader en épate plus d’un, surtout lorsqu’il se permet de déployer son souffle au saxophone pour quelques morceaux plus atmosphériques. Il est néanmoins à signaler que la seule anicroche d’une prestation en tous points exellente reste probablement le fait que Michael Wilton, légendaire « second » guitariste de l’époque dorée durant laquelle Chris De Garmo prenait à sa charge l’essentiel des parties solistes, s’est réapproprié avec plus ou moins de bonheur les envolées de son illustre prédécesseur. Quand bien même secondé par le très jeune Parker Lundgren, transfuge du Geoff Tate Band, le rendu des guitares ne rend pas forcément honneur à la délicatesse des arpèges, ni au mordant des passages plus appuyés d’antan. Peu de gens tiquent de cet état de fait tant la machine fonctionne à plein rendement. On est devant de vrais professionnels qui ont du kilomètre au compteur. [debriefing] Mission accomplie : accorder un sympathique entretien, puis assurer un concert dans des conditions dignes des pires hasards malheureux dont est coutumier le réalisateur Terry Gilliam, sont autant de preuves que Queensrÿche sait régner en maître sur le monde du heavy metal progressif, tout en évitant l’hypertrophie des ego, maladie malheureusement trop répandue dans ce grand cirque que constitue le monde du rock. Christophe Gigon site web : Queensrÿche |