Marillion - Anoraknophobia
Sorti le: 01/10/2002
Par Djul
Label: EMI
Site:
L’un des groupes les plus sensibles de la terre revient (déjà !) proposer son nouvel album, à la suite de Marillion.com excellent et surtout rassurant après la déception de Radiation. On peut d’emblée dire que ce nouveau disque est un juste équilibre entre la pop sophistiquée pratiquée sur les deux dernières productions, et les moments plus sombres et délicats, incarnés pour la période Hogarth, par Brave et Afraid Of Sunlight. Il est probable que malgré leur indéfectible soutien, les fans se réjouissent de cette évolution en forme de retour à des canons qui font le génie du groupe.
Pourtant, le disque débute sur « Between You And Me », très proche de « A Legacy » du dernier album, à savoir un début mélodramatique – ici, des passages presque bande son de film joués par un Mark Kelly toujours aussi à l’honneur depuis Radiation – suivi d’une pop vitaminé aux changements variés. Des morceaux comme « Quartz » sont eux symptomatiques d’une nouvelle propension à la longueur, puisque les titres durent environ sept à huit minutes, avec des retours de thèmes fréquents.
Autre nouveauté, après Mark Kelly, c’est au tour de Steve Rothery de faire évoluer son jeu : les retentissantes – mais redondantes – envolées lyriques sont parfois remplacées par un jeu plus audacieux, parfois proche de la rupture, avec des effets très intéressants. « When I Meet God » est un des grands moments du Marillion contemporain, avec sa montée en puissance imparable, et encore cette impression d’entendre un groupe en lévitation, tant ses envolées sont naturelles et fluides.
Des structures et des sonorités progressives donc, mais toujours avec cet art de la mélodie (à la voix ou à la guitare), comme ce phrasé de Rothery sur ledit « Quartz », ou le lancinant « This Is The 21st Century » avec sa boucle électronique et cette alternance claire obscure très réussie. Apogée de cet équilibre, « If My Heart Were a Ball… » et son refrain aux basses fortes, avec un Hogarth qui se dépasse pour atteindre des notes stratosphériques. Seul « Map Of The World », d’une gentille naïveté, ou « Separated Out » dans une moindre mesure, font un peu tâche.
Pour le reste, l’ambition est toujours là, et le talent aussi, servis par une production claire et simplement efficace : pas trop de travail sur les sons, au profit d’une définition impeccable des interventions de chacun. Marillion persiste et signe dans son évolution, et on est ravi de les voir décliner le trône moisi du Néo Progressif.