Chroma Key - You Go Now

Kevin Moore, ancien claviériste de Dream Theater qui officie fréquemment chez Fates Warning, revient avec son deuxième disque solo, après Dead Air For Radios sorti en 1998. A l’instar de ce dernier, You Go Now s’éloigne des interventions métalliques et hautement techniques que l’on connaissait à Moore et évolue davantage dans des sphères atmosphériques et/ou électroniques, où les guitares n’ont presque plus droit de cité. On pense parfois à Tori Amos pour la prépondérance du piano et des synthés, à Peter Gabriel pour la voix lascive et le goût de l’expérimentation ou encore à certains artistes trip-hop pour les boucles de batterie et le côté down-tempo de cet album.

Autant les premières démos de Kevin après son départ de Dream Theater restaient musicalement très riches (instrumentation variée, breaks à foisons, nombreuses mélodies et douze tubes à l’arrivée), autant le premier album affichait une grande sobriété, quand bien même il reprenait certaines de ces démos (on aurait d’ailleurs bien aimé en trouver le reliquat sur ce nouvel album). You Go Now s’inscrit lui aussi dans ce mouvement d’épure musicale et propose une musique très éthérée, tournant autour d’une ou deux mélodies de piano, voire de simples harmonies vocales sur un fond très planant.

Certains titres restent cependant assez rythmés, comme c’était le cas sur Dead Air For Radios (cf. « On The Page »), et pourraient cartonner grâce à leur optique moderne et leurs refrains entraînants (« Get Back In The Car », « Another Permanent Address » ou encore « Astronaut Down »). Cependant, en dehors de ces quelques exceptions, le reste de l’album tient plus de la plongée sous-marine que de la descente en boîte de nuit, à l’image du titre qui conclut l’album. À force de chercher à ne conserver que l’essentiel, Moore perd parfois toute continuité, sur des titres à la structure éclatée où les quelques notes qui subsistent sont noyées sous des vagues de synthés et des samples de dialogues.

You Go Now s’adresse donc aux auditeurs qui peuvent se passer de repères ou de cadres prédéfinis et qui apprécient la musique hypnotique, parfois presque ambiante. Une fois passée cette limite, You Go Now fait partie de ces albums qu’il devient parfois urgent d’écouter, sur un coup de tête, et qu’aucun autre ne saurait remplacer.