Nosound - Sol29

Sorti le: 25/05/2005

Par Djul

Label: Autoproduction

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Un indice précieux lorsque l’on évalue la notoriété d’un groupe ou d’un artiste est de chercher le nombre de jeunes formations qui s’en inspirent ouvertement. Steven Wilson a beau avoir une carrière débutée dans les années quatre-vingt, son œuvre n’a été révélée au plus grand nombre que récemment. Il fait pourtant déjà des émules, au rang desquels notre chroniqueur Rémy Turpault et l’italien Giancarlo Erra. Ce dernier, après plusieurs démos et visiblement marqué par sa découverte, propose une sorte de relecture personnelle de la plupart des nombreux projets de l’Anglais (voir à ce titre notre dossier sur Steven Wilson, dans la rubrique idoine).

Il est ainsi étonnant, au fil des écoutes de ce premier disque, de relever les emprunts de Erra à Wilson : « In the White Air » et le court « The Child’s Game » auraient pu figurer sur un album récent de No-Man, avec ses délicates nappes de claviers et de guitares déliées, ainsi qu’une voix lascive à la Tim Bowness, tandis que « Wearing Lies on Your Lips » ou « Overloaded » rappellent, parfois à l’excès, les trois premiers albums de Porcupine Tree.

Pourtant, une certaine lassitude s’installe au fil des morceaux, à mesure que l’aspect rythmique s’évapore au profit d’une musique purement ambient à la Eno ou à la Richard Pinhas, sur laquelle guitares et claviers forment un bloc et se répètent à l’infini : « The Moment She Knew » et son solo de guitare sans fin, ou « Idle End », totalement bâti sur des nappes de claviers, en deviendraient d’ailleurs pénibles. C’est un peu l’écueil de tout multi instrumentiste, Erra jouant jusqu’à la moindre note de ce disque. Les titres plus courts, comme autant de transitions entre les longues plages du disques, n’apportent hélas pas grand-chose.

Et que pensent les inspirateurs majeurs de NoSound de ce Sol29 ? « C’est une musique de qualité, et je crois que tu te diriges dans la bonne direction », dixit Steven Wilson, tandis que Tim Bowness se fend d’un « parmi les albums influencés par Porcupine Tree et No-Man que nous recevons chez Burning Shed [label de Tim Bowness], No-Sound est probablement le meilleur ». De quoi combler son compositeur !
L’auditeur, lui, devra néanmoins être averti d’une certaine inconstance dans la qualité des compositions et évidemment d’un manque flagrant d’originalité, même si le créneau d’une musique planante, à la fois mélodique et expérimentale, est finalement peu occupé. Plus de personnalité et de piquant dans une musique trop éthérée permettraient à No Sound de toucher un public plus large. Car en dehors de ces quelques reproches, un vrai professionnalisme et une maîtrise instrumentale et sonore manifeste se dégagent de ce premier album.