Blackfield - II
Sorti le: 05/01/2007
Par Djul
Label: Snapper Music
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Comme c’est décidemment souvent le cas avec Steven Wilson, Blackfield est un projet qui est appelé à perdurer, et ce II (ou Blackfield II) formalise à point nommé son caractère « semi-permanent ». Créé avec son meilleur ami, l’israélien et icône générationnelle Aviv Geffen, ce duo n’aura donc pas été qu’un feu de paille, à la manière de celui formé par le leader de Porcupine Tree avec Tim Bowness au sein de No-Man.
La boulimie de Wilson n’a donc pas de limite et on était en droit de se demander si le niveau qualitatif de ce second album n’allait pas s’en ressentir. C’est pourtant tout le contraire que nous avons pu constater ! Si I était un disque beau mais très (trop) lent et emphatique, II mérite vraiment qu’on lui lance cette tarte à la crème du chroniqueur à la figure: « album de la maturité » !
Que dire d’autre face à un album où le mot « mieux » se doit d’être répété à envi ? Mieux arrangé et mieux produit : les interventions d’instruments à cordes, parfois un peu mélodramatiques (« Epidemic », qui semble écrite pour un film d’Iñárritu !), embellissent les titres, tandis que quelques légers effets electro (« 1,000 People ») enrichissent des titres dont la simplicité est parfois le défaut. Mieux équilibré : si I faisait la part belle aux compositions épurées et efficaces, le disque était un peu éthéré, tandis que ce II apporte quelques accélérations rythmiques au bon moment (« Once », « Miss U »). De même, l’attribution des rôles semble plus réussie sur ce deuxième essai, les parties vocales de Wilson et Geffen s’enchaînant plus naturellement (impression peut être liée au fait que le premier album recyclait quelques titres du répertoire solo de Geffen, tandis qu’ici seule « End of the World » y figurait déjà). On peut aussi ajouter l’ambiance hivernale très réussie qui règne sur tout le disque (« My Gift of Silence » cassera toutes vos fêtes de fin d’année !), parfois réchauffée par d’étonnantes et amusantes paroles (« Christenings », qui semble conter la rencontre de Steven Wilson avec une pop star déchue). Pas l’ombre d’un bâillement donc, et le sentiment d’une certaine forme de plénitude sur cet album, qui fait vite oublier son prédécesseur par sa constance.
Certes, on peut toujours faire le même reproche qu’en 2004 et contester le caractère original (voire progressif) de l’œuvre, mais voir ce projet se pérenniser de la sorte, avec une tournée européenne à suivre, est une excellente nouvelle pour les amateurs de musique bien écrite. Et ceux qui ne verront dans celui-ci que le moyen pour les deux artistes de toucher un public pop (pour Wilson) et mondial (pour Geffen) devront forcément passer sous silence la qualité incontestable de la musique qu’ils ont composé ensemble.