The Mahavishnu Project - Return to the Emerald Beyond
Sorti le: 02/05/2007
Par Djul
Label: Cuneiform Records / Orkhestra
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Il y a trois ans, nous recevions le premier album du Mahavishnu Project, projet de Gregg Bendian, batteur de son état, qui avait pour objet de faire revivre les morceaux écrits par John Mac Laughlin pour Mahavishnu Orchestra. Au vu de la virtuosité nécessaire pour mener à bien cette idée folle, il s’était entouré de près d’une poignée de musiciens très expérimentés pour tourner et enregistrer ce premier album en concert. Un choix judicieux tant l’énergie du live va bien aux compositions du guitariste illuminé (quelques traces des apparitions scéniques du Mahavishnu Orchestra avec Santana au milieu des années 70 sont là pour en témoigner).
Depuis, Bendian a pu peaufiner ce groupe, par de nombreuses tournées, et a récolté les bénédictions de Mac Laughlin et Jan Hammer eux-mêmes, qui voient en The Mahavishnu Project la continuité musicale et expérimentale de leur ancien groupe. Une filiation qui s’exprime notamment dans la manière dont le Project improvise et brode autour des thèmes des deux compères, s’éloignant parfois notablement des compositions d’origine. Une filiation qui a même amené le groupe a entouré Jan Hammer en 2006 pour faire revivre « réellement » le groupe (au Festival Moogfest, un DVD de ce concert étant prévu pour bientôt). Le Project a également bénéficié d’une signature sur le label Cuneiform pour l’occasion.
Au programme de ce deuxième album officiel, une réinterprétation complète du fameux Visions of the Emerald Beyond (paru en 1975) et quelques extraits d’autres albums tout aussi cultes (mais moins connus) tels que Inner Mounting Flame ou The Lost Trident Sessions. Pour recréer, voire réinventer le disque, Bendian a recruté six nouveaux musiciens, pour ajouter à une sauce musicale déjà épaisse du chant et des instruments à cordes (en plus du violon, tenu depuis 2002 par Rob Thomas). On retrouve ces versions larger than life de morceaux cultes comme « Eternity’s Breath », avec l’introduction d’un chant féminin (par Mariah Neckham) et une improvisation sur le thème principal guitares/violions sur près d’un quart d’heure. Le (double) disque se veut cependant moins monolithique que son prédécesseur, avec quelques incursions bienvenues vers le funk (le bien nommé « Can’t Stand Your Funk » ou « Cosmic Strut », portés par une basse et des claviers dignes de Parliament) et vers l’acoustique (comme cette démonstration hispanisante à base de tablas et guitares acoustiques sur « Pastoral », ou le très long « Earth Ship », avec instruments à cordes et à vents). Le groupe s’approprie également le répertoire du maître de façon parfois abstraite, avec des relectures comme « Pegasus » ou « Opus 1 », qu’on dirait repris par Steve Reich : ambiance zen, cordes grattées et réverbérations sur les instruments.
Ce deuxième album officiel du groupe est donc dans la droite lignée du premier, mais il est certainement plus abouti car encore plus riche musicalement, et sans doute plus varié dans l’approche également. Il ne reste plus au Mahavishnu Project qu’à reprendre Apocalypse et la boucle sera certainement bouclée. Il est probable qu’au-delà, le projet ait du mal à exister, puisque la plupart des classiques écrits par Mac Laughlin auront été couverts. Mais en attendant, ne boudons pas notre plaisir, d’autant plus qu’il se pourrait que le groupe se décide à enregistrer un album intégralement composé de titres originaux.