Whom Gods Destroy - Insanium

Sorti le: 15/03/2024

Par Chrysostome Ricaud

Label: InsideOut

Site: https://wgdestroy.com/

Interrompus après seulement 4 dates de la tournée européenne de leur deuxième album par le Covid, Les deux principaux compositeurs de Sons of Apollo, Derek Sherinian et Ron « Bumblefoot » Thal, ont choisi de mettre ce temps à profit pour commencer à composer le prochain disque du groupe… Jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que tout le monde n’était pas forcément partant pour un troisième album ! Même s’ils n’en disent pas plus en interview, on imagine que c’est très probablement le retour de Mike Portnoy dans Dream Theater qui a rendu la pérennisation de ce supergroupe impossible. Avec déjà plusieurs compositions complétées, Derek et Ron ont donc décidé de former un nouveau groupe pour fournir un débouché à leurs créations.

Au chant, leur choix s’est porté sur Dino Jelusick, jeune prodige croate qui s’est déjà illustré au sein du Trans-Siberian Orchestra et de Whitesnake. Sa capacité à être très mélodique tout en apportant distorsion et agressivité dans sa voix à souhait fait penser à Russel Allen de Symphony X. Ce n’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si Michael Romeo lui a demandé de chanter sur son dernier album solo War of the Worlds pt. 2. Pour la section rythmique, ce sont Bruno Valverde (batteur d’Angra) et Yas Namura (The Resonance Project) qui ont été recrutés. Contrairement à Sons of Apollo, Whom Gods Destroy est donc constitué aux trois cinquièmes de musiciens qui en sont encore au début de leurs carrières. Il sera intéressant de découvrir leur apport sur le deuxième album du groupe. En effet, une suite est déjà prévue avec cette fois la contribution de tous les membres.

Mais pour l’heure, parlons d’ Insanium, le premier opus de ce nouveau supergroupe. La continuité avec Sons of Apollo est évidente puisqu’on y retrouve les deux principaux compositeurs. Mais il ne faut pas négliger l’influence que pouvaient avoir Mike Portnoy et Billy Sheehan sur la direction du groupe. Le son de Whom Gods Destroy paraît plus facile à cerner. On n’y trouve pas de morceau prog à rallonge ni d’influences classic rock. On est dans l’ensemble dans un univers très Symphony X (le chant de Jelusick y participe comme on le disait plus haut), en cependant un peu plus heavy. Car un autre ingrédient qui prend plus de place ici que dans Sons of Apollo, c’est la patte Ron Thal. Le guitariste adore jouer des riffs ultra lourds sur sa fretless accordée en Si. Encore plus notable, on retrouve dans ses solos toute la folie qui font de lui un guitariste unique, alors que précédemment on l’entendait parfois dérouler un solo de shredder metal prog sur commande. Les fans de la première heure du sieur Bumblefoot apprécieront !

Venons-en au bilan du premier album de ce nouveau supergroupe, aux membres certes moins connus mais non moins talentueux. Dino Jelusick impressionne à tel point qu’on ne regrette pas l’absence de Jeff Scott Soto pour cette nouvelle formation. On est ravi d’entendre Thal laisser totalement ressortir son exubérance à travers ses solos de guitare qui portent cette fois tous sa patte inimitable. On apprécie également certaines séquences de solos à l’ambiance jazz metal (« In the name of war », « The decision », « Crawl ») qui nous rappelle le Mörglbl Trio (Christophe Godin et Ron Thal s’apprécient depuis des années et ont déjà échangé des solos sur leurs albums respectifs ou sur scène). En parallèle de ça, le côté plus cadré avec cette envie de bien insister sur des refrains mélodiques catchy fait que certaines chansons peuvent vite devenir lassantes, c’est le cas notamment de « Over again ». L’appréciation d’ Insanium dépendra probablement des attentes de chacun, entre les fans de Ron Thal, ceux de Dream Theater, voir de Symphony X puisqu’on pense beaucoup à ces derniers à l’écoute de cet album. En tout cas il ne démérite pas à côté des albums de Sons of Apollo et il serait dommage de passer à côté à cause du changement de nom et de personnel.