DOMi & JD Beck - NOT TiGHT

Sorti le: 29/07/2022

Par Florent Simon

Label: Apeshit

Site: https://www.domiandjdbeck.com/#/

Une nouvelle génération de musiciens surdoués débarque, tournés vers internet, assumant leur image d’asociaux introvertis, faisant parfois leurs armes en improvisant lors de conventions de musique. Parmi eux, comment ne pas tomber sous le charme de Domitille Degalle (née en France en 2000) et James Denis Beck (né au Texas en 2003) qui se sont rencontrés au NAMM 2018, et ont rapidement formé un duo.

Une fanbase se forme logiquement sur internet, faisant monter la tension de l’attente d’un premier album que voici enfin. Le grand public, quant à lui, les découvre dans un show TV derrière Thundercat et Ariana Grande sur le morceau «Them Changes» du singulier bassiste. C’est ainsi que ce dernier les a fait signer, par l’intermédiaire de Anderson .Paak sur son label APESHIT (en partenariat avec Blue Note), et a participé à son album commun avec Bruno Mars. Les dés étaient lancés !

Armés simplement d’un kit de batterie et d’un NORD décidément indispensable dans le milieu, augmentés d’un PC et d’un clavier MIDI, leur style est en effet peu commun. La première impression évoque un mélange de musique backup de hip-hop survitaminé (entre Abstract hip-hop et Jazz fusion), mais les chœurs féminins donnent une touche résolument Canterbury. On pense aussi à Mats and Morgan, ou à un groupe de synthpop qui se mettrait au free jazz !

L’album de quarante minutes privilégie les formats courts (deux à quatre minutes) qui permettent de varier les ambiances, et nous ramène à l’univers de leur mécène Thundercat. L’ouverture et la fermeture, sous forme de mini-symphonie, entourent ces joyaux majoritairement instrumentaux. Les chansons sont davantage tournées vers des chœurs smooth et contrastent avec la complexité et la virtuosité qui caractérisent leurs happenings.

La rythmique métronomique, subtil mélange de jungle et de trip-hop acidulé, met en avant les capacités encore sous-estimées de ce batteur aux faux airs de Christian Vander. Quant aux claviers, derrière leurs apparentes fantaisistes sonorités, on ne peut que louer la dextérité de cette jeune prometteuse. Les morceaux «SMiLE» ou «NOT TiGHT» en sont les meilleurs exemples.

Leurs influences mélangent le jazz-rock 70’s aux cartoons, en passant par la nu-soul ou encore l’electronica. Ajoutez à cela une liste luxueuse d’invités comptant, entre autres, rien de moins que Herbie Hancock (sur «MOON»), ou encore les stars du rap américain Anderson .Paak, Busta Rhymes et Snoop Dogg (sur «PiLOT»).

Citons également «SNiFF», un morceau idéal pour le live qui se termine sous les applaudissements d’une petite foule, comme un témoignage de leur petite notoriété dans le milieu musical. Ce dernier permet de ressentir l’énergie de leurs prestations, sachant que l’album a été enregistré piste par piste.

Au-delà d’une première écoute qui peut paraître à priori foutraque ET exigeante, on découvre ensuite la maturité et la sobriété de leur musique. Nul doute que nous les reverrons dans le paysage jazz toujours en renouvellement. Cet album est une promesse pour de futures folies musicales qu’on souhaite tout aussi maîtrisées et modernes. Place à la génération Z !