Youn Sun Nah - Waking World

Premier album intégralement écrit et composé par l’artiste coréenne, Waking World est une œuvre à part dans sa riche discographie. Composé pendant la pandémie lorsqu’elle était en Corée avec sa famille, le successeur d’Immersion nous fait entrer dans l’univers personnel de Youn Sun Nah.

Depuis quelques temps déjà, le jazz n’est plus qu’un genre parmi d’autres dans la musique de la chanteuse, où se mêlent la pop, l’électro, voire le trip-hop et quelques touches de « world ». Les onze titres de ce nouvel album composent ainsi un recueil de chansons mélancoliques, nostalgiques, où de rares passages plus rythmés (« Endless déjà vu ») apportent une rupture salutaire, une touche de soleil latin ou oriental (sur « Don’t Get Me Wrong » ou « Heart of A Woman »), œuvre des cuivres d’Airelle Besson ou des guitares Thomas Naïm. Habituée à s’en servir en studio ou sur scène, Youn Sun Nah fait appel également à la technologie moderne, des synthétiseurs aux percussions électroniques, en passant par les effets sur la voix (« My Mother », « Tangled Soul »). Nonobstant la bien belle équipe réunie pour l’enregistrement parisien, il règne une sobriété vocale et instrumentale sur Waking World : le piano et les nappes de Xavier Tribolet sont entièrement au service des compositions et la basse de Laurent Vernerey n’est là que pour donner un peu d’épaisseur, à l’instar des cordes discrètes d’Héloïse Lefebvre et de Guillaume Latil.

Le passage d’interprète à celui d’autrice/compositrice ne relève pas de l’évidence : l’artiste a pris le risque de franchir ce pas, aidée par les circonstances, et si une certaine impression de monotonie s’installe sur la seconde moitié du disque malgré la pureté mélodique de l’ensemble, il est indéniable que Youn Sun Nah est à l’aise avec cette nouvelle manière de produire son œuvre. Reste à savoir si Warner lui laissera les mains libres pour affiner sans contraintes son talent .