Yawn - Materialism

Dès l’entrée en matière de Materialism on se prend une grosse claque, au sens propre comme au figuré. Une batterie martèle des coups à faire trembler les murs. Un riff de guitare extrêmement lourd la rejoint, la rythmique est imprévisible et complexe. On pense aussitôt à Meshuggah et Gojira. Pour autant, ces nouveaux venus, qui nous livrent ici leur premier album, ont su créer un univers qui leur est propre. Notamment en s’aventurant bien plus que les deux groupes précités dans des genres musicaux autres que le metal. Dès la deuxième piste, le chaos laisse place à l’ambient. L’électronique est très présente, comme on peut l’entendre sur « Chaos I : Artificial Superstition ». Ce morceau a été élaboré uniquement à partir d’autres parties du disque qui ont été transformées informatiquement. L’album est constitué de quatre longues compositions issues d’improvisations, mais pour mieux coller aux pratiques d’écoute actuelles, celles-ci ont été subdivisées en seize plages courtes. La pièce finale « Tokamak » est le fruit de la volonté des musiciens de s’essayer à la musique microtonale. Le résultat est magique ! En effet la suite la plus marquante de cet opus donne l’impression de la rencontre improbable entre un musicien world, un DJ et un groupe de metal technique.

Yawn relève avec brio le défi de jouer une musique complexe et avant-gardiste tout en restant abordable pour le plus grand nombre. Les thèmes marquants, l’efficacité des riffs et un savant dosage d’alternance des ambiances y sont pour beaucoup. La brièveté du disque (37 minutes) participe également au fait qu’on l’appréhende rapidement. La Norvège n’en finit décidément plus de nous approvisionner en talents remarquables et on attend avec impatience les prochaines créations de ces cinq musiciens inspirés.