Stengah - Soma Sema

Puissant, sombre et électrisant, Stengah, digne représentant de la scène française a peaufiné le son, a acéré ses riffs pour proposer un premier album qui fleure déjà bon l’aboutissement. A la croisée du djent, du thrash progressif, du hardcore, Eliotte Williame (batteur et fondateur du groupe) et ses acolytes proposent une odyssée bien ficelée au parfum lugubre et écorché. Soma Sema, comme un mantra horrifique, martèle sa force tout au long de ses dix titres, sans laisser de repos à son auditeur.

Si aucun titre ne dérape vers le mauvais goût ou la copie conforme, on retient en majeur de vraies réussites à l’image de ce « Swoon », crasseux et puissant, nourri d’un riff malade ou encore « Message in memories », à l’arrière goût de Paradise Lost, quand il ne croise pas SUP ou Alice in Chains dans ses harmonies vocales claires. Ou mieux encore : « The Overman », qui malgré son intro djent très convenue, se mue peu à peu en Killing Joke thrash, nous offrant même au détour de son pont, des volutes de saxo planants sur fond de riff méchant. Côté chant, il faut être à l’aise avec les moments très hardcore de son meneur Nicolas Queste, véritable charcutier vocal et il faut admettre que l’on préfère (mais c’est très personnel) lorsqu’il martèle à la manière de Max Cavalera sur Chaos A.D. (« He and the sea », inspirée du livre pour enfants « La mer et lui »).

Plaisant dans sa structure, gavé de morceaux ni trop longs, ni trop courts mais riches dans le propos, Soma Sema, sous son enveloppe primitive, n’est pas exempt d’intellectualisme, que ce soit dans ses textes et dans ses structures musicales (« Lumen », avec ses instants Voïvod-esques, « Above Inhumanity » qui va puiser dans l’énergie d’un Gojira et relate les affres de la peur et de la hantise). Production nette, violence pénétrante, on a hâte de découvrir cette force sur scène pour voir si la projection est à la hauteur des attentes. Nous y serons pour suivre cette vibrante aventure venue du Nord !