Regal Worm - The Hideous Goblink
Sorti le: 15/10/2021
Par Jean-Philippe Haas
Label: Autoproduction
Site: https://regalworm.bandcamp.com/
Jarrod Gosling, l’homme derrière Regal Worm s’est rendu célèbre dans le duo electro-pop I Monster, dont deux titres de l’album Neveroddoreven (2003) furent repris à l’époque dans des publicités. Allez savoir pourquoi, le multi-instrumentiste s’est lancé ensuite dans le prog’, probablement l’un des créneaux les moins porteurs de l’univers. Quoi qu’il en soit, en 2014, Use and Ornament avait marqué les esprits de la communauté prog tant l’approche de Gosling était très éloignée des canons en vigueur dans le genre, avec des guitares plutôt discrètes et un recours important à la musique électronique notamment.
Si Cobalt Chapel lui assure sans doute bien davantage ses fins de mois aujourd’hui, Gosling continue de placer ses plus hautes ambitions dans Regal Worm. The Hideous Goblink persiste et signe en offrant des compositions très courtes ou très longues, qui s’enchaînent avec un objectif (ou, en tous cas, un résultat) inchangé : emplir tout l’espace sonore de mille manières pour dérouter et envoûter, sans temps morts.
Les premiers titres, courts et incisifs, ont ces éléments répétitifs, autant dans les paroles que dans la musique, qui font la particularité de Regal Worm, ce psychédélisme enveloppé dans son cocon électro, ces atmosphères étranges et frénétiques, presque extatiques parfois. Les morceaux plus denses comme « Pollinators » et « The Satan » ajoutent à cette combinaison d’autres éléments propres à séduire les progueux les plus rétifs tout en conservant sa singularité : une approche résolument jazz, l’utilisation de cuivres, des structures à géométrie variable. Trois décennies au moins se rencontrent ainsi : les années soixante-dix (pour tout l’héritage prog, les mélange des genres, les sons vintage et le mépris des formats standards), les eighties (le chant et quelques signatures synthétiques) et la décennie suivante pour la dimension électro.
Ce patchwork miraculeusement homogène fait de The Hideous Goblink, à l’instar de ses prédécesseurs, un album d’une indéniable modernité qui réussit à ne pas vous perdre. Énergique et expérimental, progressif dans le meilleur sens du terme, subtilement jazz, il est l’une des meilleures choses qu’il nous soit arrivées en 2021.