Dream Theater - A View From The Top Of The World

Avec le temps, Dream Theater a créé un style, forgé son propre son, défini ses règles d’harmonies et fignolé ses grilles d’accords. Dès lors, on peut, sans trop chercher dans les profondeurs, trouver dans leurs albums des éléments passablement redondants (redondant c’est quand ça rebondit toujours pareil…). De là à prétendre que ce sont en quelque sorte les Iron Maiden du Prog-Metal…

Or, dans ce nouvel album, la donne change, les choses prennent une autre tournure. En effet, même si de toute évidence les racines sont d’une veine identique à celles qui les précèdent, il y a ici un relief inhabituel, un sentiment de diversité, si ce n’est une solide impression d’inspiration. Leur propension naturelle à coller des notes partout est compensée par un mix très équilibré, précis, qui valorise les instruments et favorise une écoute attentive. Mike Mangini y est enfin mis en valeur tel qu’il le mérite. Sa performance est énorme, son jeu, totalement en concordance avec les atmosphères, les cassures et les changements de tempo, propulse les morceaux vers des sommets. Ceci dit, ils rivalisent tous de virtuosité, et, au demeurant, les mélodies sont simplement rutilantes. L’alternance, ou l’amalgame, entre la rage du métal et le majestueux des arrangements – de temps à autre orchestraux – est remarquablement dosée. Qui plus est, pas de titre sirupeux : juste quelques accalmies bienvenues, tel, dans le titre éponyme – une longue suite très réussie de 22 minutes – une partie acoustique particulièrement céleste accompagnée par le doux son d’un violoncelle…

Bref, si ce disque explore quasiment tous les recoins de leur univers (le piano bastringue est même de retour dans « Sleeping Giant » !), il est néanmoins inutile de le farfouiller dans les détails : chacun peut y piocher ceux qui l’interpellent, ou pas. Un groupe en état de grâce… ? En quelque sorte… Pourvu que ça dure !