Keor - Tearoom
Sorti le: 07/04/2021
Par Ancestor
Label: Autoproduction
Site: https://keor.bandcamp.com
Tearoom est le troisième disque de Keor, le fruit de la cervelle débridée du jeune Montpelliérain, Victor Miranda Martin. Il délivre ici une musique qui expérimente à plein régime, ce qui, paradoxalement, réduit le spectre des possibles en calfeutrant l’ouvrage dans un carcan assez extravaguant…
Bref passage en revue des morceaux : pas de commentaire sur « !!! », heureusement très brève palabre en début d’album… « Blossom » est un assemblage étrange et haché : un chant rude et un peu pop, escorté d’une basse grondante, de leitmotivs de guitare acoustique, quand ce n’est de riffs furibards. « Warlike », installe une ambiance pesante, conséquence d’une batterie lente et percutante, d’un chant rageur et déclamatoire. Puis, dans le milieu du titre, le silence… duquel surgissent progressivement des stridulations, des percussions et de la flûte indienne, en un climat mystique… La tension monte et retombe tout à coup pour s’achever avec des bruits d’eau calme, et comme quelqu’un d’essoufflé qui nage… Succède à ce morceau hors du commun, « Took A Nap », une courte chanson orchestrée sobrement proposant des choses un peu plus standard. « Underwold » est une espèce de funk lourd et déstructuré aux résonances metal. « Learning God » semble retourner à des choses plus abordables, de beaux arpèges, un chant calme… alors que non : c’est un brassage de 12 minutes de ce que KEOR propose de plus agréable autant que de plus perturbant. Enfin, dans la première partie de « Marta _ I Am Keor », c’est l’aspect indien et spirituel de son inspiration qui est mis en valeur, le reste démarre par un thème rock et gagne en emphase jusqu’au final explosif.
A la différence de Petrichor, l’excellent enregistrement précédent, les insolites harmonies dans le style de Storm Corrosion (de Steven Wilson et Mikael Åkerfeld) et des éléments plus communs du crossover prog manquent cruellement à cet album, d’une personnalité et d’une richesse cependant indéniables. D’aucuns salueront l’œuvre et apprécieront la prise de risque, d’autres seront un peu déçus, et se perdront peut-être dans les méandres de ce nébuleux fourre-tout… ou les deux en même temps !