Constallatia - The Language of Limbs

Direction Cape Town en Afrique du Sud pour découvrir cette jeune pousse qui croise avec ardeur post-metal, rythmiques en sourdine black et shoegaze. Tout un programme résumé en quatre titres qui pourraient plaire – si l’on caricature – aussi bien aux fans d’Emperor que de Cocteau Twins ou Cranes.

Ce n’est pas le frénétique « All nights belong to you » qui nous dira le contraire. On pense y croiser aussi Killing Joke, le temps d’un instant, pour très vite évoluer vers quelque chose d’aérien avec une mélodie de fond que n’aurait pas reniée les proto-classiques Muse. On navigue dans ce pamphlet et on se plaît même à y sombrer parfois, surtout lorsque les évocations deviennent plurielles (« In Acclamation », très éthéré puis quasi punk). Plus gothique encore qu’un Alcest, Constellatia véhicule le même type d’énergie mélancolique, appuyée par des râles lointains. A cet égard, « The Garden » en point d’orgue et enorgueilli de soli inspirés, fait figure de carte de visite impeccable.

Malgré ses accents « faussement » agressifs, le groupe entretient une asthénie solide qui nous emmène aux frontières du spleen, mais pas de la désolation. On croit y déceler un univers proche de Devin Townsend, l’excentricité en moins. Constellatia n’est donc pas chaotique mais plutôt rêveur. Et on valide ses partis pris de production souvent radicaux et « home made » – batterie au fond de la cave, vocalises en forme d’agonie, arpèges stellaires récurrents, douceur des voix féminines ici et là. Alors, certes, après ces trente cinq minutes, on ne garde qu’une trace fugace de l’empreinte discographique mais n’est ce pas finalement le but inavoué de ce langage des limbes ?