Fred Pallem & Le Sacre du Tympan - racontent les fables de La Fontaine

C’est encore tout étourdi par les merveilles de L’Odyssée qu’on entre dans ce nouvel univers sonore crée par Fred Pallem et interprété avec l’aide de ses fidèles musiciens du Sacre du Tympan. Ecrire un album à base de voix parlées était l’objectif de Pallem; pour ce faire, il a cherché dans le corpus national des textes poétiques avant de se rende à l’évidence : ceux de La Fontaine convenaient parfaitement. Véritables bandes originales des fables du célèbre moraliste, voici donc quatorze pièces absolument délicieuses, dont les textes sont pour certains très connus, d’autres beaucoup moins.

Pour réciter ces fables, Pallem a fait appel au verbe de ses amis et collaborateurs de longue date, bien sûr, mais aussi à des voix venues d’ailleurs, par exemple celles, estampillées « France Inter », de Rebecca Manzoni et Nicole Ferroni (à qui « Les animaux malades de la peste » et sa morale vont comme un gant). La diversité des conteurs – qui tous sans exception apportent une touche très personnelle – et la variété des ambiances musicales, tantôt drôles, légères tantôt tragiques ou inquiétantes, font de ce disque un recueil plein de rebondissements. Pallem a illustré le « flow » de ses invités avec tous les genres qu’il affectionne : le jazz, le funk, la musique de film, et bien d’autres encore : un zeste de soul pour « Le lion amoureux », des guitares country sur « Le loup et le chien », des cordes aristocratiques sur « Le rat des villes et le rat des champs »… Basse ronflante, cordes, claviers vintage : une douce odeur de seventies flotte sur ces fables, comme sur le coquin « Aimons, Foutons », susurré par Thomas de Pourquery ; on se situe là entre Gainsbourg et les bandes originales de films pour adultes de cette époque dorée, et ceux qui connaissent les contributions d’Alain Goraguer en la matière savent que c’est loin d’être une comparaison offensante.

Magnifiquement illustré par Elzo Durt (à qui l’on doit également le visuel de L’Odyssée), cet album s’adresse à – presque – tout le monde en remettant au goût du jour (ou plutôt au goût de Fred Pallem) des paraboles où chacun trouvera son compte, à travers la musique, la simple beauté des vers ou dans des maximes qui ont encore tout leur sens aujourd’hui…