Devin Townsend - Order of Magnitude
Sorti le: 23/10/2020
Par Julien Giet
Label: Inside Out
Site: https://www.hevydevy.com
Il est de retour, et pas pour nous jouer un mauvais tour, bien au contraire. En 2017, Devin Townsend a décidé de mettre fin au Devin Townsend Project. Le groupe calibré au millimètre et les albums redondants ont eu raison de la motivation de l’artiste, en quête de renouveau. Après une petite absence autant discographique que scénique, c’est en 2019 que Townsend sort Empath avec la ferme intention d’aller encore plus loin dans sa vision. La sortie de Empath s’est accompagnée d’une tournée lors de laquelle chaque spectacle était luxueusement ouvert par Haken (dont le claviériste, Diego Tejeida, est membre du groupe nouvellement constitué par Devin Townsend).
Outre une équipe nouvelle et assez inattendue (Diego Tejeida de Haken aux claviers, Morgan Ågren à la batterie, Mike Keneally à la guitare, Nathan Navarro à la basse, Markus Reuter au Chapman Stick, Ché Aimee à la guitare et aux chœurs ainsi que les choristes Samantha Preis, Anne Preis et Arabella Packford), la nouveauté principale du cru 2019 de Devin Townsend est l’absence de séquences sur scène; tous les sons sont émis par les musiciens présents qui jouent ensemble sans l’aide d’un métronome (comme cela se fait énormément d’habitude). Cette prise de risque appréciable contraste totalement avec les spectacles du Project qui étaient réglés comme du papier à musique. Avec une telle équipe, place à la folie. Et la folie ne manque pas à Order of Magnitude, si bien qu’il est assez tentant d’affirmer que Devin Townsend assume son côté « Zappa ». Après une introduction sans fanfares, laissant Diego préparer des cocktails aux membres du groupes qui arrivent sur scène un à un dans une ambiance de bar sur une plage paradisiaque, les blagues vont joncher les chansons pourtant complexes. Ainsi, les techniciens auront un véritable rôle à jouer dans la représentation, venant parfois chanter des chœurs ou installer un instrument que Mike Keneally utilisera … 3 secondes avant de le ranger. Devin est heureux d’être sur scène et ça se voit, cette formule doit être une libération pour lui car chaque soir sera différent: tout peut se produire. Suite à ces débuts tropicaux qui laissent apprécier « Borderlands » ou encore « War », le concert prendra une tournure beaucoup plus sombre avec des classiques tels que « Coast » ou la puissante « Deadhead ». Pourtant, avec Devin, chaque soir est une fête et c’est hilare qu’on le verra revenir habillé d’une jolie jupe pour interpréter « Why », l’élan lyrique symphonique de « Empath ». « Animal Lucky » fait participer le public tandis que « Genesis » vient rappeler que sur scène, ce groupe est capable de tout (une pensée pour les jambes de Morgan Ågren). Une version plus solennelle de « Spirits Will Collide » ose même transcender l’originale. Pour le rappel, encore une fois, c’est une fête : et c’est une reprise de « Disco Inferno » des Trammps qui viendra remettre une dose de joie de vivre dans l’assemblée avant un « Kingdom » final toujours aussi impressionnant.
Devin Townsend est de retour et autrement. Constituer ce groupe et le faire jouer sans filet de sécurité était un pari, il l’a remporté sans aucun problème tant le public semble réceptif à ce nouvel élan. Order of Magnitude est un concert qu’il fait bon écouter/regarder tant l’énergie positive qui s’en dégage est palpable.