Kansas - The Absence of Presence
Sorti le: 31/08/2020
Par Florent Canepa
Label: Inside Out
Site: https://www.kansasband.com/
Etat en forme de résistance à l’usure du temps, Kansas n’a plus vraiment quelque chose à prouver ou invalider. Acquiesçant souvent le fait que son heure de gloire était bien derrière lui, le groupe a réservé néanmoins un début de surprise avec le récent et plutôt dynamique The Prelude Implicit. Célébrant aujourd’hui plus les départs (Steve Walsh, Steve Morse etc.) que les arrivées, Kansas n’en reste pas moins une formation que l’on se doit d’écouter ne serait-ce que par souci archéologique.
The Absence of Presence remet comme son prédécesseur les accès de violon à l’honneur, peut-être de façon encore plus vitale et centrale. Plus électrique qu’acoustique certes, mais l’esprit est là et ce dès la pièce d’ouverture. On comprend à quel point le dinosaure américain a influencé une génération progressive, à l’image des célèbres Spock’s Beard qui n’auraient peut-être pas vus le jour sans lui. A cet égard, la voix de Ronnie Platt n’est pas sans rappeler un peu celle de Neal Morse. Malgré des ingrédients solides, la magie opère-t-elle ? Si l’on ne peut pas intimer l’ordre au groupe de révolutionner le genre (il ne le fera pas sur les quarante-sept minutes que composent le disque, soyons honnêtes), on peut légitimement lui demander de faire honneur à son statut.
Les riffs de « Throwing Mountain » ainsi que les soli parsemant le titre sont prometteurs et même enchanteurs. Les delays marillionesques de « Circus of Illusion » font aussi mouche. Mais c’est dans le refuge pop que l’album trouve sa faiblesse : dès « Jets Overhead » et ses paroles naïves, l’écoute est un peu poussive et s’adresse sans doute aux plus rétrospectifs d’entre nous. Les balades sont plus anecdotiques que réellement touchantes (« Memories down the line ») et l’on préférera celles de It Bites ou tout ce que peut nous offrir John Mitchell. La production de la caisse claire semble dater d’une autre époque sans que l’on soit réellement heureux de la trouver là. Les orgues aussi alors que l’on apprenait à les tolérer chez Flower Kings, de l’autre côté de l’Atlantique.
On referme le livre d’histoire, pas vraiment amer, reconnaissant pour l’œuvre proposée par sept professionnels qui jouent bien leurs partitions mais ont manqué de nous toucher au cœur. Une absence de véritable présence, comme un cruel clin d’œil.