...And You Will Know Us By The Trail Of Dead - The Godless Void and Other Stories
Sorti le: 30/03/2020
Par Florent Canepa
Label: Superball Music
Site: http://trailofdead.com/
Flanqués d’une pochette à faire pâlir les Flower Kings, And you will know us by the trail of dead (Trail of Dead pour les intimes) affirme sa fougue progressive grâce à ces contes signés par le plus rock’n’roll des groupes de post-rock. Après une attaque grandiloquente dont on ne saurait dire si elle est vraiment pertinente, place au plat de résistance. C’est peu dire que l’exil cambodgien de Conrad Keely a eu un effet époustouflant sur la saveur des compositions du groupe au nom le plus long. Stones Roses amphétaminé, Ride sous anabolisants (le morceau titre), Trail of dead signe des morceaux de haute volée où l’on surfe sur une espèce de new wave rock qui sonne vraiment new.
Première force du puzzle, la compo donc, mais suit de près l’étonnante diversité des voix où se croisent Jarvis Cocker jamais maniéré, jamais cabotin (le mélancolique « Something like this ») et James Dean Bradfield, emporté et épique. Histoire de donner une idée du chant des possibles. Sur la palettes des couleurs et histoires, un accent western évoque le désert, de vrais contes envoûtés et quasi doom dramatisent le propos (« Who haunts the haunted ») et les notes, stupéfiantes, se muent en cantates éthérées (« Eyes of the overworld »).
Au final, on retient des morceaux d’une densité incroyable dans une production toute en oxymore, à la fois travaillée et étonnamment brute – un esprit presque jam s’en dégage, comme si le grand tout agissait en prise directe. Fouillé et référencé, l’album n’est jamais plagieur et même si les hommages sont appuyés (le Curiste « Don’t look down »), ils demeurent toujours pertinents. La plus grande réussite de l’album réside dans le fait que l’extraordinaire richesse ne se transforme jamais en surcharge, la force des titres en démonstrations de savoir faire et que les évidences demeurent trompeuses (« Gone », en retenue ou « Blade of wind », comme Oasis mais en fait pas du tout). Contrairement à ce que le titre laisserait penser, on touche au divin.