– 2019 : le bilan de la rédaction !
Comme chaque début d’année, c’est le moment pour les rédacteurs de Chromatique de partager les coups de coeurs, les encouragements, et peut-être même les coups de gueules de l’année passée. La chromateam vous souhaite une année 2020 riche en émotions musicales et continuera à couvrir l’actualité de vos genres préférés avec autant d’enthousiasme !
Maxime Delorme
Les albums de l’année
1 : Klone – Le Grand Voyage
2 : No-Man – Love you to Bits
3 : Tool – Fear Inoculum
4 : Richard Henshall – The Cocoon
5 : Opeth – In Cauda Venenum
Sans surprise en ce qui me concerne la première place revient à Klone et son Grand Voyage : Un trip fantastique, beau et planant qui mérite amplement une première place. En seconde position une arrivée inattendue, le nouveau No-Man qui a réussi la prouesse de me faire aimer No-Man ! Un excellent mix électro presque indus avec quelques incursions progguesque notamment, un fantastique solo d’Adam Holtzmann. En troisième position, on n’y coupera pas : Fear Inoculum de Tool, évidemment. Le retour tant attendu. On se préparait à la déception, le résultat est en fait excellent. Quatrième position pour le cocon de Richard Henshall, guitariste émérite connu pour sa participation assidue à Haken. Dans cet ouvrage solo, Henshall se plaît à inviter des guests (et de qualité : notamment une partie du cast de Bent Knee !) et le résultat est à la hauteur: Complexe, beau, technique, varié. Enfin, une dernière place inattendue pour le In Cauda Venenum (en version suédoise s’il vout plait), qui arrive à raviver la flamme en proposant un album se débarrassant d’une partie des tics qui avaient rendu Opeth insupportable ces dernières années. L’album est riche et je me plais à espérer qu’il soit le premier d’une nouvelle vague d’albums d’Opeth que j’apprécierai.
Mention honorable: Voyager et son Colours in the Sun.
L’espoir de l’année : Voyager
Avec son Colours in the Sun Voyager arrive à proposer un metal prog à la sauce djent qui dépareille puisqu’il est très référencé new wave. Ça donne un mélange bizarre à mi-chemin entre du Tesseract et du Tears for Fears. Et ça rend très très bien malgré un album un peu inégal ! On en attend plus sur un prochain album où le groupe affirmera peut-être cette identité.
La déception de l’année : Devin Townsend – Empath
Empatchwork. L’album est fouillis, confus, resuce des idées et des codes que Townsend a déjà employé mille fois. Malheureusement pas particulièrement intéressant.
Jean-Philippe Haas
Les albums de l’année
1 : Tonbruket – Masters of Fog
2 : Emile Parisien Quartet – Double Screening
3 : Free Human Zoo – No Wind Tonight
4 : Isildurs Bane & Peter Hammill – In Amazonia
5 : Bent Knee – You Know What They Mean
2019, année de vaches maigres. Le métal prog tourne a) en rond (Opeth, Vanden Plas, Tool), b) casaque (Leprous), c) au vinaigre (Dream Theater). Le rock progressif lui, malgré quelques sorties aussi attendues que poussives (The Flower Kings, Alan Parsons), s’en sort tout juste avec, par exemple, un nouveau Bent Knee de haut vol – bien que légèrement en-deçà de Land Animal au niveau de l’inspiration – et une nouvelle collaboration fructueuse d’Isildurs Bane. Le collectif suédois a décidément le don de redonner de l’éclat à ses aînés. Ainsi, après un disque très réussi avec Steve Hogarth en 2017 (Colours Not Found In Nature), le groupe sort un In Amazonia tout aussi réussi avec monsieur Van Der Graaf Generator. Bref, il y aura eu en 2019 au moins un Hammill qui ne se sera pas commis dans un navet consternant.
Les concerts de l’année
1 : Galaad – Paris, le Gibus, 28 septembre
2 : Toto – Pratteln, Z-7, 16 juillet
3 : Catherine Ringer – Strasbourg, La Laiterie, 12 novembre
4 : Stephan Eicher, Strasbourg, fête de la musique, 21 juin
5 : Steven Wilson – Strasbourg, La Laiterie, 19 janvier
Quel plaisir de revoir, contre toute attente, un groupe comme Galaad fouler les planches parisiennes et offrir en live à la fois un nouvel album plein d’énergie (Frat3r) et les merveilles de Vae Victis. 23 ans après leur dernier passage dans la capitale, les Suisses ont tout donné et le public le leur a bien rendu !
Plus généralement, les vieux (voire très vieux) de tous bords sont toujours là et ont encore des choses à apprendre à la jeune génération en matière de show !
La déception de l’année : Dream Theater – Distance Over Time
Depuis le laborieux et ridicule The Astonishing, les New-Yorkais ont bien du mal à composer quelque chose de captivant. Distance Over Time ne restera pas dans les mémoires mais fort heureusement, la tournée de ce nouvel album se conjugue avec les 20 ans de Metropolis Part 2: Scenes from a Memory : une bonne raison d’aller voir la bande à Petrucci sur scène, tout de même.
L’initiative de l’année : la reformation de Pure Reason Revolution !
Les quelques chanceux qui traînaient aux Pays-Bas l’été dernier au festival Midsummer Prog ont pu entendre The Dark Third dans son intégralité pendant un concert qui marquait le retour de Pure Reason Revolution sur les planches après huit ans d’absence. Outre quelques autres dates prévues en 2020, notamment le 17 juillet au festival Night of The Prog, le groupe anglais mené par Jon Courtney et Chloë Alper sortira cette année un nouvel album chez Inside Out. Dire qu’on a hâte d’entendre ça est un euphémisme.
Dan Tordjman
Les albums de l’année
1 : Franck Carducci – The Answer
2 : Synapse – Impulse
3 : L’Alcove – Dead End
4 : HFMC – Parallel LIfe
5 : Pattern-Seeking Animals – Pattern-Seeking Animals
On ne peut pas dire qu’en 2019, on ait réellement sauté au plafond. D’espoir en espoir, on est allé de déception en déception. On attendait monts et merveilles d’Opeth, qui nous a bien fait mariner avec son album chanté en Suédois et en Anglais. Pendant ce temps, Dream Theater continue de déchaîner les passions et diviser avec Distance Over Time, certes de bonne facture, mais tout sauf révolutionnaire. Faut-il alors parler de Tool ? L’arlésienne du Prog Metal a, elle aussi, son lot de détracteurs. Citons aussi, Flying Colors qui, s’il continue d’intéresser musicalement, s’embourbe vocalement avec un Casey McPherson à l’extrême limite de l’ennui.
Alors, bon, votre serviteur a tout de même gardé le meilleur pour la fin avec quelques productions dont la plupart – Cocorico ! – sont estampillées label France. A commencer par les jeunots de Synapse dont le premier effort Impulse a su trouver oreille. Des oreilles et des yeux qui resteront rivés, à coup sur, sur ce prometteur groupe francilien auquel on ne souhaite que du bien. De Paris à Lyon, il y a quatre cents kilomètres qui séparent la capitale du repaire de Franck Carducci, dont le dernier méfait, le bien nommé The Answer est une bonne réponse et s’inscrit dans la continuité de Torn Apart. Si Derek Sherinian s’y est posé pour un morceau, c’est qu’il y’a de la qualité, chez le Rhodanien qui, depuis peu, a pour voisin Ry-Nyx, éminence grise de L’Alcôve dont l’album Dead End
est un vrai tour de force sonique qui plaira à coup sûr aux fans de Tool, NIN ou Massive Attack !
On reste en Europe avec Hasse Froberg & Musical Companion. La voix des Flower Kings s’autorise une nouvelle escapade solo avec Parallel Life mélodique à souhait, à mi-chemin entre la pop et le progressif symphonique et qui ravira les fans de Yes, Queen ou Jellyfish. D’Europe, on file sur la Côte Ouest avec le super groupe Pattern-Seeking Animals, composé à moitié des membres de Spock’s Beard et dont l’album éponyme apparaît comme une parenthèse rafraîchissante pour Ted Leonard et Dave Meros. On ne parlera pas de démonstration instrumentale ici, mais de leçon d’équilibre musical, le tout, toujours très bien produit par l’inoxydable Rich Mouser
Les concerts de l’année
1 : Ghost – Paris, Stade de France, 12 mai
2 : Synapse – Boulogne-Billancourt, Seguin Sound, 27 septembre
3 : Jolly – Paris, BlackStar, 28 juin
L’arrivée d’une petite choupette chamboule forcément tous les plans concerts. Ainsi, votre serviteur n’en a fait que très peu, mais triés sur le volet ! A commencer par Jolly à Paris dont la venue était tout sauf incongrue, vu que les Américains ont sorti un remarquable Family. Peu de monde dans la salle, mais beaucoup de chaleur. De la chaleur, il y en eut beaucoup, au Stade de France, quand Ghost a mis le public de Metallica à genoux ET dans sa poche, avec des scénographie et setlist aux petits oignons. Et sinon, Synapse, toujours Synape, dont les musiciens très appliqués sur scène constituent à eux seuls un spectacle visuel non négligeable, mené par un chanteur qui a vraiment la bougeotte.
La tragédie de l’année : André Matos
On a connu mieux pour débuter l’été. Mais la disparition soudaine d’André Matos est un véritable choc pour la communauté metal et progressive. Une énorme perte qui, en plus d’être très douloureuse laisse un goût très amer de frustration car pour la première fois depuis le schisme d’Angra, les feux étaient au vert pour un retour du chanteur au sein d’Angra.
L’initiative de l’année : Into The Electric Castle sur scène !
Ne vous méprenez pas. On n’a pas pu y aller, mais si vous connaissez l’œuvre d’Arjen Lucassen, vous, comme nous, attendez avec impatience les concerts qui ont immortalisé cette pièce angulaire des opéras prog rock.
Chrysostome
Les albums de l’année
1 : Leïla Martial – Baa Box
2 : Magma – Zëss
3 : Apparat – LP5
4 : La Chica – Cambio
5 : Grand Ensemble Koa – Beat
6 : Anne Paceo – Bright Shadows
7 : The Tronosonic Experience – II: The Big Blow
8 : Pumarosa – Devastation
9 : Floating Points – Crush
10 : No-Man – Love you to Bits
Première année complète pour votre serviteur au sein de la rédaction de Chromatique. Et si la liste des artistes ayant enregistré un bon album pourrait être longue, ceux qui ont produit des œuvres particulièrement enthousiasmantes et marquantes se font en revanche beaucoup plus rares. En toute logique, cette sélection ne comporte que des albums sortis en 2019, mais parmi les très belles découvertes de 2019, deux groupes de jazz-rock français dont les albums sont parus fin 2018 méritent d’être évoqués, car ils auraient assurément figuré dans le haut de cette liste. En effet, I told the little bird de PJ5 (où les interventions vocales d’Isabel Sörling apportent une indéniable plus-value) et Parallel Worlds du Anthony Jambon Group (qui fait penser aux meilleurs heures de Avishai Cohen) sont deux petites merveilles qu’on recommande chaudement aux amateurs de jazz à la frontière d’autres genres.
Les concerts de l’année
1 : Steven Wilson – Le Cargö, Caen 27 janvier 2019
2 : Jazz au fil de l’Oise 2019 (Anne Paceo, Vincent Peirani) – Théâtre de Jouy le 15 novembre, Visages du Monde le 6 décembre, Points Communs le 7 décembre 2019
3 : La Chica – Bistrot de la Plage, Cergy novembre 2019
4 : Himiko – Théâtre de Jouy, Jouy-le-Moutier 13 décembre 2019
5 : Avishai Cohen – Théâtre Simone Signoret, Conflans-Sainte-Honorine 15 mars 2019
Steven Wilson nous l’avait annoncé en interview , il allait revenir dans des salles où on peut assister au concert debout. Ce fut donc un grand plaisir que d’aller voir le dieu du prog en pouvant se faufiler tout devant et bouger librement sur la musique, avec en plus pour l’occasion une playlist pleine de belles surprises (notamment plusieurs morceaux de l’excellentissime Grace for drowning ) permettant de ne pas se lasser une seule seconde d’un show pourtant déjà vu deux fois sur cette tournée. 2019 aura été riche en exclusivités. En avril à Conflans, Avishai Cohen jouait en avant-première son album Arvoles. En décembre, Himiko faisait découvrir au public du Théâtre de Jouy ses nouvelles compositions qui figureront sur un futur album dont la réalisation est en cours. Enfin, le festival Jazz au fil de l’Oise nous aura permis de découvrir deux superbes créations de Vincent Peirani. Quant à Anne Paceo et La Chica dont les albums figurent parmi les meilleurs de l’année, elles se sont montrées encore plus captivantes en live qu’en studio !
L’espoir de l’année : la Norvège !
On ne sait pas comment il s’y prend, mais chapeau bas à ce pays nordique qui n’en finit plus de faire émerger de nouveaux talents. Cette année ce sont les groupes Fervent Mind et The Tronosonic Experience qui ont retenu mon attention, et il me tarde de découvrir comment ces jeunes talents vont progresser !
La déception de l’année : The Comet is Coming
Le trio londonien adulé comme la nouvelle sensation immanquable du jazz hype a sorti un deuxième album répétitif et ennuyeux, ce qui a de quoi désoler car on les sent capables de tellement mieux…
L’initiative de l’année : Opeth choisissant de chanter en suédois
Même si j’ai au final préféré écouter In Cauda Venenum en anglais, un grand bravo à Mikael Akerfeldt d’avoir fait le choix de chanter dans sa langue maternelle, quand bien même le suédois n’est pas super vendeur en dehors de la Suède !
Florent Canepa
Les albums de l’année
1 : Iamthemorning – The Bell
2 : Dream Theater – Distance Over Time
3 : Alan Parsons – The Secret
4 : Flying Colors – Third Degre
5 : The Young Gods – Data Mirage Tangram
De belles confirmations ou des retours inattendus : voilà ce qui compose mon top pour 2019. En haut de l’affiche, la séquence mélodique proposée par Iamthemorning qui affirme une fois de plus son talent au sein de l’écurie Kscope. Piano, voix et arrangements se fondent dans une production où l’harmonie ne cède jamais à la facilité. Il fallait aussi compter avec les mastodontes américains de Dream Theater qui méritent leur place dans le podium grâce à l’album qui permet de renouer avec notre amour d’antan. Des lettres de noblesse fièrement reconquises notamment grâce à certains morceaux devenus incontournables. A tout seigneur progressif tout honneur : la magie (thématique de l’album) opère toujours pour le pygmalion Alan Parsons pour les plus nostalgiques qui sauront trouver dans The Secret une madeleine certes sucrée mais tellement gourmande. Le troisième opus du super groupe Flying Colors démontre que classic rock ne rime pas avec ennui ou monotonie. Accents pop, maîtrise virtuose et émotions sont les maîtres mots d’un album arrivé in extremis en fin d’année pour nous réchauffer les oreilles. Petite incursion électronique avec les Young Gods qui font du big data le centre névralgique de leur douzième effort. Trance, initiatique ou poétique, les Suisses embarquent dans un voyage fiévreux où la musique n’a pas d’âge.
Les concerts de l’année
1 : Tool – Hellfest, 23 juin 2019
2 : Leprous – Cabaret Sauvage, 12 novembre 2019
3 : Soen, Backstage by the Mill, 2 avril 2019
4 : Monkey3 – Le Petit Bain, 1er avril 2019
5 : Galaad – Paris, le Gibus, 28 septembre 2019
Même si le dernier et tant attendu album de Tool nous laisse un peu de marbre et n’atteint pas le top albums selon moi, il est impossible de rester insensible à leurs prestations live. Hypnotique, gavé d’effets scéniques, amplifié par les films diffusés sur écran, le show de Tool au Hellfest, en fermeture du festival, restera un moment épique, gravé dans les mémoires et les oreilles des fans présents. Très puissant aussi en live, Leprous ne déroge pas à la règle sous le chapiteau du Cabaret Sauvage qui lui offre un écrin surréaliste pour ses décibels messianiques et les envolées d’Einar Solberg. Soen, parfois estampillé clone de Tool, trouve de plus en plus sa patte et sa personnalité et transcende une salle pourtant souvent frustrante pour délivrer un show efficace et brut. Autre valeur sûre en concert Monkey3 peint son univers unique au Petit Bain pour une soirée intimiste qui donne à voir tout l’éventail de leur virtuosité musicale. Enfin, Galaad qui se fait rare en nos terres, vient illuminer le Gibus de sa flamme poétique. On se réjouit du fait que les Suisses aient décidé de se reformer et de continuer à sillonner les routes après toutes ces années.
L’espoir de l’année : Iroh – Cuppa ?
Inconnu au bataillon, mais fort d’une production sans faille, Iroh est bien le héros de l’année et délivre près de quatre vingt minutes d’un métal progressif instrumental légèrement foutraque et totalement inspiré. Pour les buveurs de thé qui l’aiment corsé !
La déception de l’année : Opeth – In Cauda Venenum
Même si l’intention de faire un double album suédois et anglais est louable. Même si les Suédois s’extirpent de leurs tics retro parfois suffisants. Même si Mickael Akerfeldt a toujours un capital sympathie. Voilà, il y a beaucoup de “même si”, mais à l’arrivée l’insipide l’emporte sur l’excitation. Dommage, ce n’est pas passé loin.
L’initiative de l’année : Pure Reason Revolution
Je ne pouvais que plussoir à l’emballement de mon cher confrère Jean-Philippe concernant la reformation des géniaux Pure Reason Revolution. On les a aperçus au Midsummer Prog mais naturellement nous en voulons désormais plus : la totalité de leur discographie sur les sites d’écoute, des nouveaux concerts et qui sait de nouvelles compositions pour revigorer notre système nerveux et titiller notre cortex. A suivre…
Thierry de Haro
Les albums de l’année
1 – Big Big Train – Grand Tour
2 – Snarky Puppy – Immigrance
3 – Anne Paceo – Bright Shadows
4 – Moonrise – Travel Within
5 – Djabe & Steve Hackett – Back To Sardinia
6 – Manu Katché – The Scope
7 – Franck Carducci – The Answer
8 – Joe Jackson – Fool
9 – Jan Akkerman – Close Beauty
10 – Opeth – In Cauda Venenum
11 – Nine Skies – Sweetheart Grips
12 – Izz – Don’t Panic
13 – The Flower Kings – Waiting For Miracles
14 – Resolution 88 – Taking Off
15 – Claypool Lennon Delirium – South Of Reality
J’avais commencé par écrire “Rien n’est plus beau qu’un gros gros train en marche pour un grand tour musical” sans me rendre compte de la gravité de tels propos dans un contexte national où l’on aurait pu me prêter des intentions fourbes et malhonnêtes … Je dirais donc qu’à travers cette première place, Big Big Train est récompensé (dans mon salon) de la plus haute distinction personnelle, et ce, pour l’ensemble de son œuvre – dont Grand Tour est l’une de ses plus brillantes inspirations. Ouf !
Un top assez hétéroclite – et pas que prog, comme d’hab – où le jazz vient se mouvoir avec la pop-rock-rap-funk d’un Manu Katché surprenant et jouissif ! Mais aussi, avec le retour – ô combien grandiose – d’un Joe Jackson vers ses premières racines rock. Sans oublier le jazz-funk endiablé de Snarky Puppy ou Resolution 88 ou ‘Cocorico !’ les excellents albums de nos ‘frenchies’ Franck Carducci et Nine Skies. Et puis un coup de cœur particulier à Anne Paceo et son Bright Shadows, tout en subtilités, influences world et harmonies enchanteresses – un vrai bol de fraîcheur en cet été caniculaire !
Les concerts de l’année
1 – Snarky Puppy – Salle Pleyel, Paris (Novembre)
2 – Joe Jackson – La Cigale, Paris (Juin)
3 – The B-52’s – Olympia, Paris (Juillet)
4 – Steven Wilson – Le Cargo, Caen (Février)
5 – Cortex – New Morning, Paris (Juin)
6 – Manu Katché – Café de la Danse, Paris (Février)
7 – Tears For Fears – Chateau de Tilloloy (Juillet)
8 – Roger Hodgson – L’Olympia, Paris
9 – Magma – Le Triton, Paris (Septembre)
10 – Resolution 88 – New Morning, Paris (Février)
11 – Youn Sun Nah – Paris Jazz Festival, Vincennes (Juillet)
12 – Anne Paceo – Paris Jazz Festival, Vincennes (Juillet)
13 – Blank Manuskript – Festival Crescendo, Saint-Palais-sur-Mer (Août)
14 – Pixie Ninja – Festival Crescendo, Saint-Palais-sur-Mer (Août)
15 – Shakin’ Street – Le Petit Bain, Paris (Janvier)
Le concert représente l’émotion de l’instant, la montée d’adrénaline qui vous propulse l’espace d’un temps limité vers des hauteurs que vous ne soupçonniez pas vraiment avant que les lumières de la salle ne s’éteignent. Il est alors difficile de revenir en fin d’année classer ces instants aussi intenses qu’éphémères … mais il est clair que rentrer dans la salle Pleyel un soir de novembre où Michel Willis a entamé son répertoire folk-rock en présence de certains membres de Snarky Puppy constituera pour moi les prémices d’une soirée où Snarky Puppy nous fera atteindre l’extase absolue ! P… de soirée !
Au Panthéon des émotions, Joe Jackson n’est pas loin. Un billet pris 10 jours avant … concert aux limites du ‘Sold-Out’ mais une place 2ème rang balcon – une seule ! A vrai dire, j’y allais plus pour voir Joe Jackson une fois dans ma vie, que par conviction d’une musique que je n’écoutais plus trop depuis la fin des années 80. Et là, grosse claque – un concert formidable qui parcourait les époques, une salle chaude comme de la braise – un vrai bon concert qui passe le stade de l’éphémère ! Et pour Bibi, re-écoutes, découvertes et voyages dans les univers aussi riches que variés parcourus par notre bon Joe durant ces 40 dernières années. Rien que ça !
Séquence nostalgie … Que dire d’un groupe qui a bercé votre adolescence, et pour lequel vous aviez fait une croix sur vos espoirs de les voir un jour en France ? Les B-52’s !!! Oui, c’est irraisonné de ma part, moi qui aime me perdre dans les méandres de la musique progressive, dans les profondeurs du jazz. Et là, on saute, on secoue la tête … à une époque, même on avait les cheveux devant les yeux (je veux dire ‘ses propres cheveux !’). C’est dingue, on pense à rien, on remue son bide … mais ça fait du bien !
Steven Wilson, toujours impeccable … mais dernière date d’une tournée que j’aurai vu 4 fois – donc l’effet de surprise en moins … et puis les soirées New Morning jazz-funk avec Resolution 88 et Cortex,le groupe d’Alain Mion, 73 ans au compteur et qui a enflammé un public dont les ¾ n’avaient même pas la moitié de mon âge ! On pourrait aussi parler de Youn Sun Nah et son incroyable voix – sans doute la plus grande des voix jazz que j’ai eu l’occasion d’entendre dans ma vie de mélomane. En synthèse, une nouvelle année riche d’instants éphémères … mais pas de surprise pour moi, le concert restera toujours le moment unique et privilégié de mes émotions musicales : vive le spectacle vivant !
L’espoir de l’année : Anne Paceo
Peut-on parler d’espoir ? Je parlerai de découverte … et donc d’espoir de pouvoir écouter de nouvelles créations sur les années à venir. Vendredi 19 Juillet à 21h, je ne connaissais d’Anne Paceo que quelques passages derrière les fûts du caveau des Oubliettes, version jam session. Mais en leader solo de son groupe, que nenni ! Samedi 20 Juillet à 21h : je suis dans mon salon, à écouter, un par un, les 6 albums que j’ai achetés dans la journée (oui, c’est une chance d’être à Paris !). Pas besoin d’en dire plus …
La déception de l’année : Alan Parsons
Le dernier album studio d’Alan Parsons, The Secret, 15 ans après The Valid Path, a sans doute été pour moi une déception à hauteur de l’attente qu’il suscitait. Bien sûr, quelques passages musicaux subsistent par fragments trop éparses, mais le manque d’imagination est tellement criard qu’on ne retient que ces instants un peu choquants où la variété prend le dessus. On espère que sa tournée 2020 se focalisera sur les 40 ans de Turn Of A Friendly Card et évitera coûte que coûte de passer par la route sinueuse de ce dernier album.
L’initiative de l’année :
L’année 2019 regorge d’initiatives, pertinentes ou parfois désastreuses : il suffit d’ouvrir sa fenêtre le Samedi et de regarder dans la rue … mais restons sur des initiatives musicales et à ce titre, le film ’Western Stars’ de Bruce Springsteen est un joyau intimiste, où l’artiste se confie sur sa famille, sur Dieu (ça peut en énerver certains), sur l’existence dans une ambiance ‘roots’ impeccablement bien filmée (le concert dans ce bar construit dans une grange est d’une indicible beauté). Belle initiative du Boss, qui vient d’avoir 70 ans et qui prend le temps de se retourner sur une vie qu’il aura traversé avec beaucoup de sensibilité et de compréhension vis-à-vis du monde – parfois triste – qui l’entoure.
Ancestor
Les albums de l’année
1 : Opeth – In Cauda Venenum
2 : Soen – Lotus
3 : Tool – Fear Inoculum
4 : Banco – Transiberiana
5 : Bruce Soord – All This Will Be Yours
Très belle année en ce qui me concerne ! A tel point que choisir relève forcément d’une fichue injustice… Indépendamment de ce postulat, Opeth confectionne en 2019 un excellent disque, inspiré et séducteur, une synthèse de ce qu’ils proposent depuis le changement de cap entériné avec Heritage. Soen atteste, grâce à ce quatrième enregistrement, de leur énorme talent à concocter des morceaux qui allient riffs athlétiques de prog-metal et magnifiques mélodies mélancoliques. Le retour plus qu’attendu de Tool a sûrement engendré autant de bonheur que d’amertume ou d’indifférence, et pourtant, c’est toujours du pur jus, de l’excellent Tool, complexe, énigmatique et fascinant. Un autre retour qui mérite que l’on s’y frotte, celui de Banco, icône du rock prog italien des 70’s. Le groupe réussit en effet l’exploit, au bout de 37 années de production discographique, de rester créatif dans l’univers qui lui est propre et, par-dessus le marché, de moderniser son propos. Et enfin, le superbe album de Bruce Soord, qui concilie émotion et simplicité dans un rock délicat empli de nostalgie.
Le disque inattendu de fin d’année : Aghora
2019 : l’année des retours ! Et Aghora effectue lui aussi un retour après 13 ans d’absence et signe avec Entheogenic Frequencies un petit bijou instrumental de death technique et mélodique teinté d’exotisme, aussi brillant que captivant.