Adieu, Monsieur The Professor.
Les espoirs de revoir Rush sur scène, du moins, ponctuellement, se sont définitivement évanouis avec l’annonce du décès de Neil Peart…
Il est parti comme il a choisi de vivre sa vie. A l’abri des projecteurs. Rares sont ceux qui étaient au courant de son état de santé déclinant depuis trois ans. Neil Peart n’était pas reconnu pour quelqu’un de volubile à l’extérieur. Avec lui, la notion de vie privée prenait tout son sens, aux antipodes de la vie de musicien qu’il menait, ne goûtant que très peu aux désormais tristement inévitables « meet and greet », préférant la quiétude d’un bon livre ou d’un bon verre de The McCallan, laissant à Geddy Lee et Alex Lifeson, les basses besognes liées aux conférences de presse ou séances de dédicaces.
Si l’on devait résumer «The Professor » en un mot, ce serait probablement le mot authentique, ou bien unique. Authentique, d’abord, dans sa manière d’être. Car rares sont ceux qui ont pu intégrer son cercle privé et découvrir l’esprit éclairé constamment curieux et cultivé du Canadien. Unique, parce que rares sont les artistes qui se délectent des trajets entre deux dates effectués en deux roues. Car Neil Peart était un obsédé (ce sont ses mots !) des expéditions en moto. On savait, néanmoins, qu’il avait de l’arthrose et que c’était la raison qui l’avait poussé à prendre sa retraite. On était loin de se douter qu’il était en proie à un cancer du cerveau qui aura finalement eu le dernier mot.
Les mots. On le sait, Neil Peart, avait un jeu de batterie flamboyant, toujours de bon goût avec, de temps en temps, cette envie de jongler avec ses baguettes. Or il n’y a pas qu’avec les baguettes, qu’il s’amusait. Les mots aussi, il jonglait allègrement avec, à l’instar du personnage du livret de Hold Your Fire. Des vers, des thèmes aussi divers et variés que l’homosexualité, le suicide, le racisme à travers lesquels de nombreux fans se sont, à un instant, reconnus. Tout comme certains ont également trouvé le salut dans les romans qu’il a écrits, notamment Ghost Rider – Travels On The Healing Road dans lequel, il relate sa vie suite aux décès de sa fille unique et, moins d’un an plus tard, son épouse. Un homme détruit, qui s’est reconstruit en avalant les kilomètres, pour se trouver une raison de vivre, entrevoir une lumière au bout d’un très long tunnel au bout duquel, se tenait Carrie Nuttall qui allait devenir son épouse et la mère de sa fille Olivia Louise. Là où d’autres auraient légitimement commis un acte délibéré, la rage de vivre a pris le dessus et a servi d’exemple à beaucoup d’âmes perdues, les incitant à relativiser sur leur vie et à la voir sous un autre angle.
Moins d’une semaine après l’annonce de son décès, les hommages ne cessent de pleuvoir. Les fils d’info Twitter, Facebook ou Instagram se sont retrouvés inondés d’hommages. De la part de la communauté des batteurs, évidemment. Ainsi, Stewart Copeland, Carl Palmer et Bill Bruford, n’ont pas manqué de rendre hommage. Mais la reconnaissance est aussi venue de toute la confrérie des musiciens : Yes, Anthrax, Megadeth, Marillion, Pearl Jam, Green Day, Kiss, Enchant, Dark Tranquillity, Anthrax, Metallica, Foo Fighters, … Qu’ils appartiennent aux sphères progressives ou non, tous ont spontanément exprimé leur tristesse face à cette disparition. Signe que Neil Peart (et, par extension, Rush) ne laissait personne indifférent. Lors de son concert à Amsterdam, Dream Theater a observé trente secondes de silence. John Wesley (compagnon de balades en moto) & Mike Portnoy, amis intimes, sont profondément choqués, affectés et en ont fait part via Facebook et Instagram, alors que certains musiciens nous ont écrit pour nous faire part de leur émotion, notamment Doug Ott, Sean Flanegan & Ed Platt d’Enchant, Jimmy Keegan (Pattern-Seeking Animals), … .
Contacté, Hugh Syme, graphiste attitré de Rush, nous a adressé ces quelques lignes ci-dessous.
Les mots ne suffisent pas, en ces temps-ci (ce qui n’est jamais arrivé à notre Neil). Je suis attristé par le départ notre très cher ami, trop tôt parti. Je sais qu’il s’est battu de toutes ses forces.
Je garderai en moi le souvenir de cette chance de l’avoir connu comme mon ami, d’avoir pu collaborer avec un esprit si immense sur tous ces disques, ses livres … les menus de Bubba et l’enseigne de celle-ci, prête au moment où Neil voulait ouvrir son relais routier quelque part sur la route 66.
Neil m’avait demandé de travailler avec lui, alors qu’il créait sa propre bande dessinée Where’s Daddy, qu’il voulait faire pour sa fille, il y a quelques années, afin qu’Olivia puisse comprendre la tristesse et l’incompréhension de ne pas voir son père quand il est en tournée, ( malgré la réduction des absences ces dernières années) Il l’a quand même fait et j’espère que ce livre aidera Olivia dans les années à venir.
« Like a comet, we sparkle… and then we fade ». Comme une comète, nous brillons et nous nous éteignons. Ce furent les mots prononcés par Neil, lors de notre première conversation téléphonique, après près de cinq ans de silence en 1997 à la suite de cette tragédie vécue, au cours de laquelle il m’avait peint sa vision de ce qui deviendrait le livret de Vapor Trails;
Dès le début de notre amitié et connivence créative en 1974, je me suis toujours senti privilégié de connaître un gars comme ça. J’aimais son esprit créatif, j’aimais la manière dont il m’a encouragé à défendre mes propres positions et mon environnement créatif (et le groupe m’a toujours incité en ce sens !) et, en même temps, d’adhérer à son propre crédo personnel : s’efforcer de sortir des sentiers battus et du moule standard. Et ça, c’est ce que nous avons tous fait pendant près de 50 ans.
Un de mes amis m’a dit, aujourd’hui : « Ne sois pas triste de son départ, sois heureux que tout ceci soit arrivé ». Pour autant, Neil va me manquer. Son grand cœur va me manquer, tout comme sa musique, ses mots… et surtout son cerveau. La nuit dernière, mes trois filles et moi-même avons levé nos verres, tous remplis, pour l’occasion, d’un Macallan de vingt-cinq ans d’âge, approprié pour rendre hommage à notre vieil ami.
Evidemment, en ces heures difficiles, mes pensées et plus sincères condoléances vont aux gars (Geddy & Alex) et surtout à la famille de Neil.
Hugh Syme.
Au final et à la lecture de tous ces témoignages, l’empreinte laissée par Neil Ellwood Peart est partie pour être similaire à celles laissées par Freddie Mercury, Jimi Hendrix, Jeff Porcaro, David Bowie ou Frank Zappa : indélébile. Sur la planète Rock, son influence sur la batterie est aussi grande que celle d’Eddie Van Halen à la guitare ou Steve Harris à la basse. Et cela se vérifiera dans les décennies à venir, quand les groupes de rock insignifiants aujourd’hui sur le devant de la scène auront disparu des radars, la musique de Rush et surtout les textes de Neil Peart seront révérés et cités comme géniaux. Et pour clore cette colonne, un vers de « Dreamline » : « We’re only immortal for a limited time ». Nous ne sommes immortels que pour un temps limité.
Adieu, monsieur « The Professor », on ne vous oubliera jamais.
Les espoirs de revoir Rush sur scène, du moins, ponctuellement, se sont définitivement évanouis avec l’annonce du décès de Neil Peart…
Il est parti comme il a choisi de vivre sa vie. A l’abri des projecteurs. Rares sont ceux qui étaient au courant de son état de santé déclinant depuis trois ans. Neil Peart n’était pas reconnu pour quelqu’un de volubile à l’extérieur. Avec lui, la notion de vie privée prenait tout son sens, aux antipodes de la vie de musicien qu’il menait, ne goûtant que très peu aux désormais tristement inévitables « meet and greet », préférant la quiétude d’un bon livre ou d’un bon verre de The McCallan, laissant à Geddy Lee et Alex Lifeson, les basses besognes liées aux conférences de presse ou séances de dédicaces.
Si l’on devait résumer «The Professor » en un mot, ce serait probablement le mot authentique, ou bien unique. Authentique, d’abord, dans sa manière d’être. Car rares sont ceux qui ont pu intégrer son cercle privé et découvrir l’esprit éclairé constamment curieux et cultivé du Canadien. Unique, parce que rares sont les artistes qui se délectent des trajets entre deux dates effectués en deux roues. Car Neil Peart était un obsédé (ce sont ses mots !) des expéditions en moto. On savait, néanmoins, qu’il avait de l’arthrose et que c’était la raison qui l’avait poussé à prendre sa retraite. On était loin de se douter qu’il était en proie à un cancer du cerveau qui aura finalement eu le dernier mot.
Les mots. On le sait, Neil Peart, avait un jeu de batterie flamboyant, toujours de bon goût avec, de temps en temps, cette envie de jongler avec ses baguettes. Or il n’y a pas qu’avec les baguettes, qu’il s’amusait. Les mots aussi, il jonglait allègrement avec, à l’instar du personnage du livret de Hold Your Fire. Des vers, des thèmes aussi divers et variés que l’homosexualité, le suicide, le racisme à travers lesquels de nombreux fans se sont, à un instant, reconnus. Tout comme certains ont également trouvé le salut dans les romans qu’il a écrits, notamment Ghost Rider – Travels On The Healing Road dans lequel, il relate sa vie suite aux décès de sa fille unique et, moins d’un an plus tard, son épouse. Un homme détruit, qui s’est reconstruit en avalant les kilomètres, pour se trouver une raison de vivre, entrevoir une lumière au bout d’un très long tunnel au bout duquel, se tenait Carrie Nuttall qui allait devenir son épouse et la mère de sa fille Olivia Louise. Là où d’autres auraient légitimement commis un acte délibéré, la rage de vivre a pris le dessus et a servi d’exemple à beaucoup d’âmes perdues, les incitant à relativiser sur leur vie et à la voir sous un autre angle.
Moins d’une semaine après l’annonce de son décès, les hommages ne cessent de pleuvoir. Les fils d’info Twitter, Facebook ou Instagram se sont retrouvés inondés d’hommages. De la part de la communauté des batteurs, évidemment. Ainsi, Stewart Copeland, Carl Palmer et Bill Bruford, n’ont pas manqué de rendre hommage. Mais la reconnaissance est aussi venue de toute la confrérie des musiciens : Yes, Anthrax, Megadeth, Marillion, Pearl Jam, Green Day, Kiss, Enchant, Dark Tranquillity, Anthrax, Metallica, Foo Fighters, … Qu’ils appartiennent aux sphères progressives ou non, tous ont spontanément exprimé leur tristesse face à cette disparition. Signe que Neil Peart (et, par extension, Rush) ne laissait personne indifférent. Lors de son concert à Amsterdam, Dream Theater a observé trente secondes de silence. John Wesley (compagnon de balades en moto) & Mike Portnoy, amis intimes, sont profondément choqués, affectés et en ont fait part via Facebook et Instagram, alors que certains musiciens nous ont écrit pour nous faire part de leur émotion, notamment Doug Ott, Sean Flanegan & Ed Platt d’Enchant, Jimmy Keegan (Pattern-Seeking Animals), … .
Contacté, Hugh Syme, graphiste attitré de Rush, nous a adressé ces quelques lignes ci-dessous.
Les mots ne suffisent pas, en ces temps-ci (ce qui n’est jamais arrivé à notre Neil). Je suis attristé par le départ notre très cher ami, trop tôt parti. Je sais qu’il s’est battu de toutes ses forces.
Je garderai en moi le souvenir de cette chance de l’avoir connu comme mon ami, d’avoir pu collaborer avec un esprit si immense sur tous ces disques, ses livres … les menus de Bubba et l’enseigne de celle-ci, prête au moment où Neil voulait ouvrir son relais routier quelque part sur la route 66.
Neil m’avait demandé de travailler avec lui, alors qu’il créait sa propre bande dessinée Where’s Daddy, qu’il voulait faire pour sa fille, il y a quelques années, afin qu’Olivia puisse comprendre la tristesse et l’incompréhension de ne pas voir son père quand il est en tournée, ( malgré la réduction des absences ces dernières années) Il l’a quand même fait et j’espère que ce livre aidera Olivia dans les années à venir.
« Like a comet, we sparkle… and then we fade ». Comme une comète, nous brillons et nous nous éteignons. Ce furent les mots prononcés par Neil, lors de notre première conversation téléphonique, après près de cinq ans de silence en 1997 à la suite de cette tragédie vécue, au cours de laquelle il m’avait peint sa vision de ce qui deviendrait le livret de Vapor Trails;
Dès le début de notre amitié et connivence créative en 1974, je me suis toujours senti privilégié de connaître un gars comme ça. J’aimais son esprit créatif, j’aimais la manière dont il m’a encouragé à défendre mes propres positions et mon environnement créatif (et le groupe m’a toujours incité en ce sens !) et, en même temps, d’adhérer à son propre crédo personnel : s’efforcer de sortir des sentiers battus et du moule standard. Et ça, c’est ce que nous avons tous fait pendant près de 50 ans.
Un de mes amis m’a dit, aujourd’hui : « Ne sois pas triste de son départ, sois heureux que tout ceci soit arrivé ». Pour autant, Neil va me manquer. Son grand cœur va me manquer, tout comme sa musique, ses mots… et surtout son cerveau. La nuit dernière, mes trois filles et moi-même avons levé nos verres, tous remplis, pour l’occasion, d’un Macallan de vingt-cinq ans d’âge, approprié pour rendre hommage à notre vieil ami.
Evidemment, en ces heures difficiles, mes pensées et plus sincères condoléances vont aux gars (Geddy & Alex) et surtout à la famille de Neil.
Hugh Syme.
Au final et à la lecture de tous ces témoignages, l’empreinte laissée par Neil Ellwood Peart est partie pour être similaire à celles laissées par Freddie Mercury, Jimi Hendrix, Jeff Porcaro, David Bowie ou Frank Zappa : indélébile. Sur la planète Rock, son influence sur la batterie est aussi grande que celle d’Eddie Van Halen à la guitare ou Steve Harris à la basse. Et cela se vérifiera dans les décennies à venir, quand les groupes de rock insignifiants aujourd’hui sur le devant de la scène auront disparu des radars, la musique de Rush et surtout les textes de Neil Peart seront révérés et cités comme géniaux. Et pour clore cette colonne, un vers de « Dreamline » : « We’re only immortal for a limited time ». Nous ne sommes immortels que pour un temps limité.
Adieu, monsieur « The Professor », on ne vous oubliera jamais.