Ork
01/07/2019
Espace K - Strasbourg
Par Jean-Philippe Haas
Photos: Jean Isenmann
Site du groupe : https://orkmusic.wixsite.com/orkmusic
Setlist :
Plane – Fable - Electricity (Asakusa’s Electric Bath) - Softly Broken - Eye On – Anytime – Plume - Tänzte – Heroes - Dinner For One - La Valse des Grands EnfantsLes Alsaciens d’Ork n’ont qu’un très lointain lien de parenté avec leurs homologues anglais d’O.R.k., celui de jouer dans la catégorie plutôt vaste et un peu fourre-tout des musiques dites « progressives ». Mais (presque) pas de chant ici ni de configuration rock : bardés d’appareils, Olivier Maurel (vibraphone et autres machines) et Samuel Klein (batterie et autres machines) mêlent l’organique à l’électronique. Ce soir, ils présentent leur second album intitulé Electric Reveries, dans la salle bien garnie de l’Espace K.
Sur le plateau, à quelques pas des gradins, la scène est encombrée d’une foule de dispositifs, au milieu desquels on trouve Olivier Maurel et son vibraphone, ainsi que Samuel Klein assis derrière sa batterie. Deux musiciens, deux univers différents. Un assemblage hétéroclite et resserré d’appareils et de capteurs destinés à enrichir la base sonore du duo s’étale sous les yeux du public : outre les deux instruments principaux, on distingue aussi pêle-mêle un ordinateur, un mélodica, un glockenspiel, un kalimba et nombre d’autres choses non identifiées.
Les premières notes de « Plane » pourraient faire penser à l’ouverture d’un film de Walt Disney, mais l’impression ne dure que quelques secondes, le temps pour la batterie d’entrer en jeu. Le titre porte bien son nom : aérien, cristallin, il distille une ambiance douce-amère, planante, sur des mélodies simples traversées par des samples de voix en anglais. Ces voix échantillonnées se retrouvent tout au long du concert et compensent d’une certaine façon l’absence de chant. Petite incartade au caractère instrumental du spectacle : « Heroes », chanté par Olivier Maurel (et tiré du précédent disque, Orknest), rend hommage à ces « héros » de l’histoire de la musique, ceux qui ont influencé un duo dont les influences sont des plus diverses, du classique au contemporain en passant par le rock, le jazz et l’électro.
Si les compositions peuvent malgré leur discrète sophistication prêter à la rêverie comme y invite le titre de l’album, les coups de sang ne sont pas pour autant absents ; en témoignent par exemple « Dinner For One », qui donne à entendre sur certains passages les aspects les plus dynamiques d’Ork ou encore « Tänzte », sur laquelle Samuel Klein invite même le public à danser – une performance en soi, le morceau ne se prêtant pas forcément à une quelconque danse terrestre connue – et promet d’offrir le disque à celui qui se déhanchera de la façon la plus originale. Une poignée de courageux relève le défi, faisant tant bien que mal évoluer leurs corps sur des sinuosités inquiétantes et autres signatures rythmiques changeantes.
Le timing des titres est millimétré, les musiciens entièrement absorbés par la précision de leur exécution, mais la prestation n’en est pas froide pour autant : la richesse des sonorités et l’originalité de l’univers que développe le duo empêche la lassitude de s’installer. Un jeu de lumières sobre, efficace et un son quasi parfait (Ork étant certes plus facile à sonoriser que Magma…) complètent une performance des plus réussies. A l’instar de « Plane » qui ouvrait à la fois le concert et l’album, « La Valse des Grands Enfants » referme en rappel le spectacle sur une note très progressive, tout comme il clôt Electric Reveries.
A en juger par l’accueil réservé au groupe, le public de cette release party a compté de nombreux connaisseurs. Acquis à la cause d’une formation originale et attachante, il ne s’est pas privé pour manifester bruyamment son contentement. De quoi donner aux novices que nous sommes l’envie de se pencher sur le reste de la discographie d’Ork.