– Adeus Mestre Andre.

 

Témoignages
Bernd Basmer (Superior)
Quand je pense à Andre, je me souviens d’un homme humble qui a toujours été loyal, terre-à-terre et prêt à aider. Il a fait beaucoup pour nous quand nous (Supérieur) avons fait une tournée avec Angra et il nous a immédiatement proposé de jouer du clavier pour nous quand Jan s’est cassé la main. Je pense aussi à la session studio, quand il a enregistré les voix supplémentaires pour la version acoustique de notre chanson « Why ». Quand j’écoute la chanson maintenant, ça me rend vraiment triste qu’il ne soit plus là.

J’ai en mémoire un concert de Superior avec Angra et Stratovarius à Paris, au Zénith, c’était la plus grosse audience devant laquelle nous ayons joué. Andre et ses gars nous ont accueillis là-bas comme des amis. Nous n’étions que la première partie, ce soir, mais lui et son groupe nous ont toujours soutenus.

Dans une vie, vous ne rencontrerez qu’une poignée de personnes qui ressemblent à des lumières brillantes dans un océan de ténèbres et Andre fut certainement l’une d’entre elles. Qu’il repose en paix.

Terence Holler (Eldritch)
Je peux honnêtement dire que j’ai bien connu Andre. Avec Eldritch, nous avons fait une trentaine de concerts en compagnie d’Angra entre 1995 et 1997. C’était devenu un ami, un vrai gentleman. Je suis vraiment sous le choc. Je n’ai pas les mots…

Alex Landenburg (Kamelot, Cyrha)
Je n’arrive pas à sortir un moment précis. J’ai en mémoire plus de petits moments où il fallait être là pour pleinement apprécier l’instant. Tout le monde l’a déjà dit : c’était un super gars, il était naturel avec absolument tout le monde. Peu importe que vous soyez du milieu ou non, rockstar ou monsieur tout le monde, chacun était logé à la même enseigne. Nous avons, avec Symfonia, joué au Sonisphere France, à Amnéville en 2011 et mes parents sont venus d’Allemagne pour l’occasion. Après notre set, je suis allé voir celui de Dream Theater. C’était l’un de leurs premiers concerts avec Mike Mangini. Andre est resté avec mes parents en s’assurant qu’ils ne manquaient de rien en boissons ou autre. Ils étaient devenus ses invités, le tout en allemand. C’était vraiment sympa pour eux, et surtout pour moi.

Andre avait également un très grand sens de l’humour. J’ai pu le voir lors de notre tournée en Amérique du Sud. Nous étions à Rio en jour de repos. Et nous regardions cette vidéo de l’interview de Freddie Mercury avant le concert de Queen au Rock In Rio. On est allé faire un pèlerinage devant le Copacabana Hotel ! Ce sont des petits moments qui paraissent anodins, mais qui représentent tellement de choses pour moi.

Je retiendrai d’Andre sa simplicité. Perdre cette simplicité, c’est ce qui a atteint tous ceux qui l’ont côtoyé de près comme de loin. Je me rappelle des répétitions de Symfonia à Helsinki par -30°c. J’étais surexcité, car j’étais à fond dans Angra étant plus jeune. L’un de mes premiers groupes s’appelait Angels Cry, c’est dire ! Et dès les premières minutes où je l’ai rencontré, c’était comme si on était amis depuis de nombreuses années. C’était vraiment une bonne personne. C’est horrible de se dire qu’il n’est plus là. Personnellement, je ne m’y fais pas.

Andy Kuntz (Vanden Plas)
Andre était un homme tellement calme, posé, agréable et doté de tant de talents incroyables. Un esprit si créatif, un patron sans l’attitude supposée qui va avec. J’avoue, tout est encore très frais, J’aurais encore tant à raconter, mais pour le moment, je n’ai rien de plus à dire, je suis encore sous le choc.

Martin Reichhart (Superior)
Superior était en tournée en compagnie d’Angra et Virgin Steele, avec lesquels ça a très vite collé. Nous étions première partie et le soutien des deux groupes était réellement perceptible. Un soir, les Brésiliens et les Allemands ont décidé de jouer au football (entre nous, qu’attendre d’autre de groupes appartenant à deux grandes nations du football ?) Nous avons tous essayé de nous impressionner les uns les autres avec nos compétences et nos tours de passe-passe, aussi limitées soient-ils. Notre claviériste Jan-Marco était extrêmement excité. Il a fait un grand saut pour frapper la balle et est tombé plus vite qu’il ne le pensait. Résultat, il s’est cassé la main en frappant le sol. Ce fut un choc pour nous tous et cela ressemblait à la fin de l’aventure pour Superior.

Nous avons emmené Jani à l’hôpital puis discuté de la suite à donner. L’un des guitaristes (Michael Müller) était également capable de jouer du clavier, ce qui nous contraignait à jouer un set plus réduit, en sachant que cela ne sonnerait pas bien. Et pour être tout à fait franc on n’aurait logiquement pas pris autant de plaisir. À notre retour, Andre nous a proposé son aide pour jouer des claviers avec nous. Nous avons choisi quelques chansons qui semblaient facile à apprendre (attention, nous parlons ici de quelque chose de sacrément couillu : apprendre des chansons, monter sur scène pour les jouer, sans répétition au préalable. C’est ça, le haut niveau). C’était incroyable de voir la vitesse et l’énergie mises pour que cela se produise. Et Il ne s’arrêterait pas avant d’avoir bien assimilé les morceaux. Ce n’est que le lendemain que nous sommes montés sur scène avec Andre. Il s’est assis derrière les claviers et a joué les chansons. Il l’a fait soir après soir et cela nous a sauvé. Et il n’a surtout pas cherché à en tirer un quelconque mérite. Il était juste là pour nous aider et nous enlever une sacrée épine du pied.

Ah oui, Paris. Nous avons eu notre moment de gloire devant 5 500 personnes, ce 16 janvier 1999. C’était fantastique. Pas seulement à cause du public, mais l’atmosphère était plutôt très électrique. Nous étions dans les coulisses, quand nous avons vu un homme se promener qui avait l’air familier. Il s’est avéré que c’était Bruce Dickinson. Le set d’Angra incluait deux reprises d’Iron Maiden avec Bruce en invité. Je me souviens d’Angra en train de jouer « Run To The Hills  », lorsque Bruce est monté scène pour chanter avec Andre et enchaîner avec « Flight Of Icarus ». Un moment magique pour tous au Zénith, ce soir-là.

*Continue, il y a un sens à la vie. **Adieu Andre, merci et à bientôt.

Ce samedi 8 juin 2019, toute la communauté Metal mondiale est restée bouche bée. Et pour cause, l’une de ses voix les plus emblématiques s’est éteinte.

Le principe de la crise cardiaque, c’est qu’elle ne prévient pas. Elle laisse tout le monde à genoux. Sans réaction. Comme pour Feu-Piotr Grudzinski, il paraît impensable de se dire qu’on devra, aujourd’hui, parler d’Andre Matos au passé. Rien ne laissait présager une fin si abrupte. Andre Matos n’était pas forcément reconnu pour un style de vie faite d’excès. Mais pour son talent, sa culture sans frontières, lui qui aimait notamment nous citer Francis Poulenc comme son compositeur favori, nous disant non sans malice que Franz Liszt était le Yngwie Malmsteen du piano classique. Le brésilien, polyglotte, avait su, au fil des ans, séduire à la fois son auditoire et ses interlocuteurs médiatiques. Par sa maîtrise quasi parfaite du français, mais surtout par sa simplicité et sa gentillesse. Et si l’on voulait vraiment se le mettre dans la poche, il suffisait de parler football pour qu’il ne s’arrête plus sur le sujet.

Si la carrière d’Andre Matos devait se résumer en un seul mot, ce serait sans doute le respect. Un respect qu’il a acquis dès son plus jeune âge en intégrant Viper à 13 ans seulement. A l’époque, il fait déjà parler de lui, avec son look proche de Bruce Dickinson. Après deux albums avec Viper, il fait une pause afin de terminer ses études en musicologie avec une spécialisation en orchestration et écriture. La suite, elle est connue, nous ne vous ferons pas l’offense de vous la rappeler. Du succès phénoménal d’Angra avec Angels Cry & Holy Land à sa seconde vie avec Shaman, Symfonia et enfin, sous son propre nom, Andre Matos n’a jamais laissé indifférent. Ses collaborations avec Superior (voir par ailleurs), Avantasia, Luca Turilli n’ont fait que confirmer un peu plus sa réputation de musicien hors pair, avec lequel, il était facile de travailler. Ajoutons à cela un frontman charismatique, capable de jouer avec les foules tel un bébé qui joue avec son hochet. Certains d’entre vous et d’entre nous, ici, au sein de la Chromateam passée et présente ont en mémoire cette soirée du 16 janvier 1999 au Zénith de Paris où Angra, accompagné de Superior et Stratovarius. Une soirée où, lors du second rappel, l’élève Andre Matos fut rejoint par son maître, Bruce Dickinson. Alors qu’il est sur le point de revenir dans Iron Maiden, Air Raid Siren se fend, avec Angra, de deux reprises de la Vierge de Fer.

Le plus rageant dans tout ça, c’est qu’après de nombreuses années à faire la sourde oreille quant à un retour au sein d’Angra, Andre Matos avait enfin récemment ouvert la porte. Il devait notamment, selon nos confrères d’Angra France, dîner avec Kiko Loureiro et Paolo Baron (manager d’Angra et Shaman) pour évoquer l’idée d’une tournée et d’un album studio. La vie nous prive d’un moment que nombreux fans appelaient de tous leurs vœux. Evidemment, on ne va pas revenir sur le vide qu’il laisse. Rafael Bittencourt est de son propre aveu dévasté. Kiko Loureiro a, quant à lui, posté une vidéo sur Youtube (en portugais avec sous-titres anglais) rendant hommage à Andre. Deux jours avant son décès, Andre avait rejoint sur scène Tobias Sammet, en pleine tournée avec Avantasia. Lui-même est anéanti. La communauté Metal brésilienne a également réagi via, notamment, Eloy Casagrande (Sepultura, recruté par Andre à l’âge de 16 ans), Thiago Bianchi (Karma), Aquiles Priester, Edu Falaschi ont tous fait part de leur immense tristesse. Tristesse qui est également la nôtre.

A l’heure où vous lisez ces lignes, Andre Matos a été, selon sa volonté, incinéré à Sao Paulo, sa ville natale et ce, dans la plus stricte intimité familiale. La Chromateam pense à sa famille, à laquelle elle présente ses sincères condoléances. Elle pense également à Luis et Hugo Mariutti, Kiko Loureiro, Rafael Bittencourt, Ricardo Confessori. Enfin, elle pense surtout à Olivier Garnier, interlocuteur privilégié de l’artiste, en France, contacté par nos soins et réellement meurtri par cette nouvelle. Gardons en souvenir, cette voix, cette prestance et ce sourire dont il n’était jamais avare, comme en témoigne cette photo de Fabrice Journo prise pendant la promo de Time To Be Free en 2010.

En attendant et comme le chantait si bien Andre, Carry on, there’s a meaning to life*. «  Adeus Andre, muito obrigado & até maïs »**

Certains musiciens ayant côtoyé Andre Matos ont accepté de témoigner suite à l’annonce de son décès. Nous avons ainsi recueilli les témoignages de Bernd Basmer et Martin Reichhart (Superior), Andy Kuntz (Vanden Plas), Terence Holler (Eldritch) et Alex Landenburg (Symfonia, Kamelot).

 

Témoignages
Bernd Basmer (Superior)
Quand je pense à Andre, je me souviens d’un homme humble qui a toujours été loyal, terre-à-terre et prêt à aider. Il a fait beaucoup pour nous quand nous (Supérieur) avons fait une tournée avec Angra et il nous a immédiatement proposé de jouer du clavier pour nous quand Jan s’est cassé la main. Je pense aussi à la session studio, quand il a enregistré les voix supplémentaires pour la version acoustique de notre chanson « Why ». Quand j’écoute la chanson maintenant, ça me rend vraiment triste qu’il ne soit plus là.

J’ai en mémoire un concert de Superior avec Angra et Stratovarius à Paris, au Zénith, c’était la plus grosse audience devant laquelle nous ayons joué. Andre et ses gars nous ont accueillis là-bas comme des amis. Nous n’étions que la première partie, ce soir, mais lui et son groupe nous ont toujours soutenus.

Dans une vie, vous ne rencontrerez qu’une poignée de personnes qui ressemblent à des lumières brillantes dans un océan de ténèbres et Andre fut certainement l’une d’entre elles. Qu’il repose en paix.

Terence Holler (Eldritch)
Je peux honnêtement dire que j’ai bien connu Andre. Avec Eldritch, nous avons fait une trentaine de concerts en compagnie d’Angra entre 1995 et 1997. C’était devenu un ami, un vrai gentleman. Je suis vraiment sous le choc. Je n’ai pas les mots…

Alex Landenburg (Kamelot, Cyrha)
Je n’arrive pas à sortir un moment précis. J’ai en mémoire plus de petits moments où il fallait être là pour pleinement apprécier l’instant. Tout le monde l’a déjà dit : c’était un super gars, il était naturel avec absolument tout le monde. Peu importe que vous soyez du milieu ou non, rockstar ou monsieur tout le monde, chacun était logé à la même enseigne. Nous avons, avec Symfonia, joué au Sonisphere France, à Amnéville en 2011 et mes parents sont venus d’Allemagne pour l’occasion. Après notre set, je suis allé voir celui de Dream Theater. C’était l’un de leurs premiers concerts avec Mike Mangini. Andre est resté avec mes parents en s’assurant qu’ils ne manquaient de rien en boissons ou autre. Ils étaient devenus ses invités, le tout en allemand. C’était vraiment sympa pour eux, et surtout pour moi.

Andre avait également un très grand sens de l’humour. J’ai pu le voir lors de notre tournée en Amérique du Sud. Nous étions à Rio en jour de repos. Et nous regardions cette vidéo de l’interview de Freddie Mercury avant le concert de Queen au Rock In Rio. On est allé faire un pèlerinage devant le Copacabana Hotel ! Ce sont des petits moments qui paraissent anodins, mais qui représentent tellement de choses pour moi.

Je retiendrai d’Andre sa simplicité. Perdre cette simplicité, c’est ce qui a atteint tous ceux qui l’ont côtoyé de près comme de loin. Je me rappelle des répétitions de Symfonia à Helsinki par -30°c. J’étais surexcité, car j’étais à fond dans Angra étant plus jeune. L’un de mes premiers groupes s’appelait Angels Cry, c’est dire ! Et dès les premières minutes où je l’ai rencontré, c’était comme si on était amis depuis de nombreuses années. C’était vraiment une bonne personne. C’est horrible de se dire qu’il n’est plus là. Personnellement, je ne m’y fais pas.

Andy Kuntz (Vanden Plas)
Andre était un homme tellement calme, posé, agréable et doté de tant de talents incroyables. Un esprit si créatif, un patron sans l’attitude supposée qui va avec. J’avoue, tout est encore très frais, J’aurais encore tant à raconter, mais pour le moment, je n’ai rien de plus à dire, je suis encore sous le choc.

Martin Reichhart (Superior)
Superior était en tournée en compagnie d’Angra et Virgin Steele, avec lesquels ça a très vite collé. Nous étions première partie et le soutien des deux groupes était réellement perceptible. Un soir, les Brésiliens et les Allemands ont décidé de jouer au football (entre nous, qu’attendre d’autre de groupes appartenant à deux grandes nations du football ?) Nous avons tous essayé de nous impressionner les uns les autres avec nos compétences et nos tours de passe-passe, aussi limitées soient-ils. Notre claviériste Jan-Marco était extrêmement excité. Il a fait un grand saut pour frapper la balle et est tombé plus vite qu’il ne le pensait. Résultat, il s’est cassé la main en frappant le sol. Ce fut un choc pour nous tous et cela ressemblait à la fin de l’aventure pour Superior.

Nous avons emmené Jani à l’hôpital puis discuté de la suite à donner. L’un des guitaristes (Michael Müller) était également capable de jouer du clavier, ce qui nous contraignait à jouer un set plus réduit, en sachant que cela ne sonnerait pas bien. Et pour être tout à fait franc on n’aurait logiquement pas pris autant de plaisir. À notre retour, Andre nous a proposé son aide pour jouer des claviers avec nous. Nous avons choisi quelques chansons qui semblaient facile à apprendre (attention, nous parlons ici de quelque chose de sacrément couillu : apprendre des chansons, monter sur scène pour les jouer, sans répétition au préalable. C’est ça, le haut niveau). C’était incroyable de voir la vitesse et l’énergie mises pour que cela se produise. Et Il ne s’arrêterait pas avant d’avoir bien assimilé les morceaux. Ce n’est que le lendemain que nous sommes montés sur scène avec Andre. Il s’est assis derrière les claviers et a joué les chansons. Il l’a fait soir après soir et cela nous a sauvé. Et il n’a surtout pas cherché à en tirer un quelconque mérite. Il était juste là pour nous aider et nous enlever une sacrée épine du pied.

Ah oui, Paris. Nous avons eu notre moment de gloire devant 5 500 personnes, ce 16 janvier 1999. C’était fantastique. Pas seulement à cause du public, mais l’atmosphère était plutôt très électrique. Nous étions dans les coulisses, quand nous avons vu un homme se promener qui avait l’air familier. Il s’est avéré que c’était Bruce Dickinson. Le set d’Angra incluait deux reprises d’Iron Maiden avec Bruce en invité. Je me souviens d’Angra en train de jouer « Run To The Hills  », lorsque Bruce est monté scène pour chanter avec Andre et enchaîner avec « Flight Of Icarus ». Un moment magique pour tous au Zénith, ce soir-là.

*Continue, il y a un sens à la vie. **Adieu Andre, merci et à bientôt.

Ce samedi 8 juin 2019, toute la communauté Metal mondiale est restée bouche bée. Et pour cause, l’une de ses voix les plus emblématiques s’est éteinte.

Le principe de la crise cardiaque, c’est qu’elle ne prévient pas. Elle laisse tout le monde à genoux. Sans réaction. Comme pour Feu-Piotr Grudzinski, il paraît impensable de se dire qu’on devra, aujourd’hui, parler d’Andre Matos au passé. Rien ne laissait présager une fin si abrupte. Andre Matos n’était pas forcément reconnu pour un style de vie faite d’excès. Mais pour son talent, sa culture sans frontières, lui qui aimait notamment nous citer Francis Poulenc comme son compositeur favori, nous disant non sans malice que Franz Liszt était le Yngwie Malmsteen du piano classique. Le brésilien, polyglotte, avait su, au fil des ans, séduire à la fois son auditoire et ses interlocuteurs médiatiques. Par sa maîtrise quasi parfaite du français, mais surtout par sa simplicité et sa gentillesse. Et si l’on voulait vraiment se le mettre dans la poche, il suffisait de parler football pour qu’il ne s’arrête plus sur le sujet.

Si la carrière d’Andre Matos devait se résumer en un seul mot, ce serait sans doute le respect. Un respect qu’il a acquis dès son plus jeune âge en intégrant Viper à 13 ans seulement. A l’époque, il fait déjà parler de lui, avec son look proche de Bruce Dickinson. Après deux albums avec Viper, il fait une pause afin de terminer ses études en musicologie avec une spécialisation en orchestration et écriture. La suite, elle est connue, nous ne vous ferons pas l’offense de vous la rappeler. Du succès phénoménal d’Angra avec Angels Cry & Holy Land à sa seconde vie avec Shaman, Symfonia et enfin, sous son propre nom, Andre Matos n’a jamais laissé indifférent. Ses collaborations avec Superior (voir par ailleurs), Avantasia, Luca Turilli n’ont fait que confirmer un peu plus sa réputation de musicien hors pair, avec lequel, il était facile de travailler. Ajoutons à cela un frontman charismatique, capable de jouer avec les foules tel un bébé qui joue avec son hochet. Certains d’entre vous et d’entre nous, ici, au sein de la Chromateam passée et présente ont en mémoire cette soirée du 16 janvier 1999 au Zénith de Paris où Angra, accompagné de Superior et Stratovarius. Une soirée où, lors du second rappel, l’élève Andre Matos fut rejoint par son maître, Bruce Dickinson. Alors qu’il est sur le point de revenir dans Iron Maiden, Air Raid Siren se fend, avec Angra, de deux reprises de la Vierge de Fer.

Le plus rageant dans tout ça, c’est qu’après de nombreuses années à faire la sourde oreille quant à un retour au sein d’Angra, Andre Matos avait enfin récemment ouvert la porte. Il devait notamment, selon nos confrères d’Angra France, dîner avec Kiko Loureiro et Paolo Baron (manager d’Angra et Shaman) pour évoquer l’idée d’une tournée et d’un album studio. La vie nous prive d’un moment que nombreux fans appelaient de tous leurs vœux. Evidemment, on ne va pas revenir sur le vide qu’il laisse. Rafael Bittencourt est de son propre aveu dévasté. Kiko Loureiro a, quant à lui, posté une vidéo sur Youtube (en portugais avec sous-titres anglais) rendant hommage à Andre. Deux jours avant son décès, Andre avait rejoint sur scène Tobias Sammet, en pleine tournée avec Avantasia. Lui-même est anéanti. La communauté Metal brésilienne a également réagi via, notamment, Eloy Casagrande (Sepultura, recruté par Andre à l’âge de 16 ans), Thiago Bianchi (Karma), Aquiles Priester, Edu Falaschi ont tous fait part de leur immense tristesse. Tristesse qui est également la nôtre.

A l’heure où vous lisez ces lignes, Andre Matos a été, selon sa volonté, incinéré à Sao Paulo, sa ville natale et ce, dans la plus stricte intimité familiale. La Chromateam pense à sa famille, à laquelle elle présente ses sincères condoléances. Elle pense également à Luis et Hugo Mariutti, Kiko Loureiro, Rafael Bittencourt, Ricardo Confessori. Enfin, elle pense surtout à Olivier Garnier, interlocuteur privilégié de l’artiste, en France, contacté par nos soins et réellement meurtri par cette nouvelle. Gardons en souvenir, cette voix, cette prestance et ce sourire dont il n’était jamais avare, comme en témoigne cette photo de Fabrice Journo prise pendant la promo de Time To Be Free en 2010.

En attendant et comme le chantait si bien Andre, Carry on, there’s a meaning to life*. «  Adeus Andre, muito obrigado & até maïs »**

Certains musiciens ayant côtoyé Andre Matos ont accepté de témoigner suite à l’annonce de son décès. Nous avons ainsi recueilli les témoignages de Bernd Basmer et Martin Reichhart (Superior), Andy Kuntz (Vanden Plas), Terence Holler (Eldritch) et Alex Landenburg (Symfonia, Kamelot).

 

Témoignages
Bernd Basmer (Superior)
Quand je pense à Andre, je me souviens d’un homme humble qui a toujours été loyal, terre-à-terre et prêt à aider. Il a fait beaucoup pour nous quand nous (Supérieur) avons fait une tournée avec Angra et il nous a immédiatement proposé de jouer du clavier pour nous quand Jan s’est cassé la main. Je pense aussi à la session studio, quand il a enregistré les voix supplémentaires pour la version acoustique de notre chanson « Why ». Quand j’écoute la chanson maintenant, ça me rend vraiment triste qu’il ne soit plus là.

J’ai en mémoire un concert de Superior avec Angra et Stratovarius à Paris, au Zénith, c’était la plus grosse audience devant laquelle nous ayons joué. Andre et ses gars nous ont accueillis là-bas comme des amis. Nous n’étions que la première partie, ce soir, mais lui et son groupe nous ont toujours soutenus.

Dans une vie, vous ne rencontrerez qu’une poignée de personnes qui ressemblent à des lumières brillantes dans un océan de ténèbres et Andre fut certainement l’une d’entre elles. Qu’il repose en paix.

Terence Holler (Eldritch)
Je peux honnêtement dire que j’ai bien connu Andre. Avec Eldritch, nous avons fait une trentaine de concerts en compagnie d’Angra entre 1995 et 1997. C’était devenu un ami, un vrai gentleman. Je suis vraiment sous le choc. Je n’ai pas les mots…

Alex Landenburg (Kamelot, Cyrha)
Je n’arrive pas à sortir un moment précis. J’ai en mémoire plus de petits moments où il fallait être là pour pleinement apprécier l’instant. Tout le monde l’a déjà dit : c’était un super gars, il était naturel avec absolument tout le monde. Peu importe que vous soyez du milieu ou non, rockstar ou monsieur tout le monde, chacun était logé à la même enseigne. Nous avons, avec Symfonia, joué au Sonisphere France, à Amnéville en 2011 et mes parents sont venus d’Allemagne pour l’occasion. Après notre set, je suis allé voir celui de Dream Theater. C’était l’un de leurs premiers concerts avec Mike Mangini. Andre est resté avec mes parents en s’assurant qu’ils ne manquaient de rien en boissons ou autre. Ils étaient devenus ses invités, le tout en allemand. C’était vraiment sympa pour eux, et surtout pour moi.

Andre avait également un très grand sens de l’humour. J’ai pu le voir lors de notre tournée en Amérique du Sud. Nous étions à Rio en jour de repos. Et nous regardions cette vidéo de l’interview de Freddie Mercury avant le concert de Queen au Rock In Rio. On est allé faire un pèlerinage devant le Copacabana Hotel ! Ce sont des petits moments qui paraissent anodins, mais qui représentent tellement de choses pour moi.

Je retiendrai d’Andre sa simplicité. Perdre cette simplicité, c’est ce qui a atteint tous ceux qui l’ont côtoyé de près comme de loin. Je me rappelle des répétitions de Symfonia à Helsinki par -30°c. J’étais surexcité, car j’étais à fond dans Angra étant plus jeune. L’un de mes premiers groupes s’appelait Angels Cry, c’est dire ! Et dès les premières minutes où je l’ai rencontré, c’était comme si on était amis depuis de nombreuses années. C’était vraiment une bonne personne. C’est horrible de se dire qu’il n’est plus là. Personnellement, je ne m’y fais pas.

Andy Kuntz (Vanden Plas)
Andre était un homme tellement calme, posé, agréable et doté de tant de talents incroyables. Un esprit si créatif, un patron sans l’attitude supposée qui va avec. J’avoue, tout est encore très frais, J’aurais encore tant à raconter, mais pour le moment, je n’ai rien de plus à dire, je suis encore sous le choc.

Martin Reichhart (Superior)
Superior était en tournée en compagnie d’Angra et Virgin Steele, avec lesquels ça a très vite collé. Nous étions première partie et le soutien des deux groupes était réellement perceptible. Un soir, les Brésiliens et les Allemands ont décidé de jouer au football (entre nous, qu’attendre d’autre de groupes appartenant à deux grandes nations du football ?) Nous avons tous essayé de nous impressionner les uns les autres avec nos compétences et nos tours de passe-passe, aussi limitées soient-ils. Notre claviériste Jan-Marco était extrêmement excité. Il a fait un grand saut pour frapper la balle et est tombé plus vite qu’il ne le pensait. Résultat, il s’est cassé la main en frappant le sol. Ce fut un choc pour nous tous et cela ressemblait à la fin de l’aventure pour Superior.

Nous avons emmené Jani à l’hôpital puis discuté de la suite à donner. L’un des guitaristes (Michael Müller) était également capable de jouer du clavier, ce qui nous contraignait à jouer un set plus réduit, en sachant que cela ne sonnerait pas bien. Et pour être tout à fait franc on n’aurait logiquement pas pris autant de plaisir. À notre retour, Andre nous a proposé son aide pour jouer des claviers avec nous. Nous avons choisi quelques chansons qui semblaient facile à apprendre (attention, nous parlons ici de quelque chose de sacrément couillu : apprendre des chansons, monter sur scène pour les jouer, sans répétition au préalable. C’est ça, le haut niveau). C’était incroyable de voir la vitesse et l’énergie mises pour que cela se produise. Et Il ne s’arrêterait pas avant d’avoir bien assimilé les morceaux. Ce n’est que le lendemain que nous sommes montés sur scène avec Andre. Il s’est assis derrière les claviers et a joué les chansons. Il l’a fait soir après soir et cela nous a sauvé. Et il n’a surtout pas cherché à en tirer un quelconque mérite. Il était juste là pour nous aider et nous enlever une sacrée épine du pied.

Ah oui, Paris. Nous avons eu notre moment de gloire devant 5 500 personnes, ce 16 janvier 1999. C’était fantastique. Pas seulement à cause du public, mais l’atmosphère était plutôt très électrique. Nous étions dans les coulisses, quand nous avons vu un homme se promener qui avait l’air familier. Il s’est avéré que c’était Bruce Dickinson. Le set d’Angra incluait deux reprises d’Iron Maiden avec Bruce en invité. Je me souviens d’Angra en train de jouer « Run To The Hills  », lorsque Bruce est monté scène pour chanter avec Andre et enchaîner avec « Flight Of Icarus ». Un moment magique pour tous au Zénith, ce soir-là.

*Continue, il y a un sens à la vie. **Adieu Andre, merci et à bientôt.