Mono - Nowhere, Now Here
Sorti le: 28/05/2019
Par Florent Canepa
Label: Pelagic Records
Site: https://www.monoofjapan.com/
Le vrai problème avec le post rock ambiance pachyderme c’est que c’est soit sublime, inspirant, transcendant, soit très soporifique. Prenez quelques maîtres du genre, de Mogwai à Sigur Ros, ils sont capables de l’un comme de l’autre. Alors, au gré des albums, on tend à se réfugier dans des amnésies discographiques pour cultiver la légende. Mono, figure de proue japonaise, en est déjà à son dixième tableau. Une peinture qui reste toute similaire à ce que l’artiste sait faire de mieux : des boucles répétées et soniques qui entraînent le cortex à réagir en mode proboscidien.
Forcément et en dépit de bonne volonté, cela ne marche pas toujours. Certains morceaux peinent à démarrer et une fois que c’est parti, on n’est pas bien sûr que c’était pour le mieux (« Breathe », interminable, même si on remercie Tamaki pour l’effort de chant). Les accents toniques sont bien maîtrisés mais l’effort est parfois vain car entendu jusqu’à ce qu’épuisement s’en suive. Et pourtant… La maîtrise de la guitare avec abondance de plectre est bien là. Les cordes qui nous emmènent vers l’infini aussi. Mais la quintessence flegmatique atteint un paroxysme quasi indigeste sur les dix minutes qui composent le morceau titre ou le « Far and Further », quand l’insipide veut bien faire. Il y a bien des séquences de rattrapage qui valent le détour (le mignon « Parting » ou les delays de « Meet Us where the night ends ») mais on préférait quand l’apesanteur avait un peu moins le goût des pieds de plomb. On termine par un « Vanishing, Vanishing Maybe », au titre bien choisi, qui fait office de dessert somnifère, bande originale d’un film indépendant qui ne mène nulle part.
A réserver donc aux amateurs de rock sous anxiolytiques et uniquement sur prescription médicale. Mono ou le symbole de la génération lasse.