The Musical Box
26/12/2018
Pleyel - Paris
Par Chrysostome Ricaud
Photos: Christian Arnaud
Site du groupe : http://www.themusicalbox.net
Setlist :
Act I - The Wind's Tail Unquiet Slumbers for the Sleepers... - ...In That Quiet Earth / Robbery, Assault and Battery / Wot Gorilla? - Blood on the Rooftops - Dance on a Volcano - Los Endos Act II - Broadway Melodies The Lamb Lies Down on Broadway - Fly on a Windshield - Broadway Melody of 1974 - In the Cage - Back in N.Y.C. - Hairless Heart - Counting Out Time - The Carpet Crawlers Act III - Before the Ordeal A Place to Call My Own - Time Table - Seven Stones - Can-Utility and the Coastliners - Looking for Someone - Firth of Fifth - After the Ordeal - The Cinema Show - Aisle of Plenty Rappel : The Musical BoxEntre 1970 et 1976, Genesis a produit 7 albums qui sont autant de classiques inusables du rock progressif. Ceux qui n’ont pas la chance d’être nés assez tôt ne sauront jamais ce que pouvait donner ces compositions tellement extraordinaires interprétées live par rien de moins que Peter Gabriel, Phil Collins, Mike Rutherford, Tony Banks et Steve Hackett. Cependant cinq Québécois sont là pour donner le change et réaliser le rêve de tant de fans de découvrir les années progressives de Genesis en concert. Après s’être focalisés sur la reproduction de tournées bien précises, pour fêter ses 25 ans d’existence, The Musical Box propose un voyage antéchronologique en trois actes parcourant les huit premiers albums du groupe.
Le quintet démarre avec deux instrumentaux de Wind and Wuthering et on est immédiatement happé. Pour ces morceaux, le chanteur Denis Gagné est à la basse ou aux claviers. L’écran projette des visuels magnifiques en lien avec la pochette de l’album : un arbre dont les feuilles se transforment en oiseaux qui s’envolent. La musique est aussi virtuose que passionnante. On réalise alors un certain nombre de choses. Notamment qu’après le départ de Gabriel, le désormais quatuor aurait tout aussi bien pu continuer en tant qu’ensemble instrumental et rester pertinent. On découvre également à quel point Mike Rutherford était un bassiste incroyable. Rarement autant mis sur un piédestal qu’un Chris Squire ou un Geddy Lee, sa quatre cordes paraît centrale dans le son de Genesis : elle se montre ronflante, bavarde et virtuose. Et quand il passe à la guitare 12 cordes, il joue la basse aux pieds en même temps à l’aide d’un pédalier. Incontestablement un membre central du groupe, à l’image de son emplacement sur scène, bien que l’abondance de personnalités marquantes (Gabriel, Banks, Collins) ait tendance à l’occulter. L’ultime album de Genesis avec Steve Hackett, trop souvent oublié, apparaît comme plus qu’essentiel puisqu’au terme du concert on réalisera que les morceaux qui en sont issus constituaient un des temps fort de la soirée.
Le sublime A trick of the tail est représenté par ses morceaux d’ouverture (« Dance on a volcano ») et de fermeture (« Los Endos »), et lorsque Denis Gagné passe derrière le micro dans le rôle de Phil Collins, on se rend compte qu’il a une voix assez différente de celle du batteur-chanteur. Peut-être aussi parce qu’il a moins pris le temps de la travailler ? Car son imitation de Peter Gabriel est saisissante dès lors que The Musical Box entame l’acte II de son spectacle en nous proposant tous les moments forts du disque 1 de l’album conceptuel The Lamb lies down on broadway. Même lorsqu’il s’adresse au public entre les morceaux, on a l’impression d’entendre Gabriel.
Les lumières reproduisent ce qui se faisait dans les années 70 (des spots avec filtres de couleurs jaune, rouge, vert et bleu éclairant les musiciens d’au-dessus), nous faisant réaliser que la simplicité a parfois du bon et suffit à installer une ambiance. Les tenues, les cheveux longs de la majorité des musiciens, tout est à fait pour qu’on ait véritablement l’impression d’avoir effectué un voyage dans le temps une quarantaine d’années en arrière et qu’on est en train d’assister à un concert de Genesis.
Une heure de spectacle est passée et le groupe se retire pour un entre-acte. De retour pour l’acte III couvrant les cinq premiers albums de Genesis, le cover band nous surprend en recommençant en douceur avec un morceau piano-voix issu du tout premier album From Genesis to revelation. Des classiques Foxtrot et Nursery Cryme, ne sont pas joués les titres les plus évidents, ce qui est à la fois une chance et une frustration. Une chance car c’est l’occasion d’entendre des chansons moins attendues mais néanmoins méritantes (tellement les disques du Genesis de cette époque sont exempts de tout déchet) comme « Time Table », « Seven Stones » ou « Can-Utility and the Coastliners ». Une frustration car lorsqu’on découvre The Musical Box pour la première fois, difficile de se dire qu’il va falloir encore patienter encore avant d’entendre « Supper’s Ready » « The Return of the Giant Hogweed » ou « The Knife » live. Du côté de Selling England by the Pound en revanche, on est servi. La moitié de l’album est jouée, et les incontournables « Firth of Fifth » et « The Cinema Show » ne sont pas éludés. Rappelés par une foule enthousiaste et conquise, les cinq Québécois ne joueront qu’un morceau, mais pas n’importe lequel : l’éponyme !
Avec cette rétrospective en 3 actes de la carrière d’un des ténors de l’âge d’or du rock progressif, les fans trouveront chacun leur moment fort en fonction de leur(s) album(s) préféré(s) dans la carrière du groupe. On sort de la salle avec l’impression d’avoir vu le Genesis des années 70 en concert. Et aussi le sentiment que la puissance et la richesse de cette musique n’a pas vraiment d’égal aujourd’hui. En cela, le fait que des musiciens autres que ceux qui l’ont créé continuent à la jouer apparaît indispensable. On attend donc avec impatience le prochain passage de The Musical Box pour revivre une expérience aussi magique, et avoir l’occasion d’entendre d’autres compositions mémorables d’une légende du rock progressif jouées live.