Trio Abozerkys - Don't Replace Me by a Machine
Sorti le: 05/11/2018
Par Choréo
Label: Molpé Music
Site: http://mohamedabozekry.com/fr/
Mohamed Abozerky est un jeune prodige du Oud, instrument traditionnel très répandu dans les pays arabes. Il connait actuellement une très belle carrière en solo ou avec quelques camarades mais, cette fois-ci, il adopte la forme du trio. Le voici donc accompagné de son frère Abdallah au saz et de Nicolas Thé à la batterie. De nouvelles sonorités s’offrent ainsi à nous et l’on est baigné dans une atmosphère arabisante du début à la fin.
Le mélange entre les instruments orientaux et la batterie (présentée comme « batterie de jazz » mais elle est en fait plutôt rock) est assez intéressant et ouvre de nouvelles voies. On est pris d’emblée par le jeu frénétique de ces jeunes musiciens dès le premier morceau « Reset » qui reste d’ailleurs le coup de cœur de cet album. Une batterie bien marquée, le oud qui dialogue avec le saz, le tout forme une incroyable vague qui nous emporte. A un certain moment, la rythmique change et l’on passe à une partie encore plus virtuose. Ce petit tour de passe-passe ne manque pas de charmer l’auditeur et fait de ce « Reset » un titre impressionnant. Les changements de tempos et de rythmiques se montrent de plus en plus récurrent au fil de l’album et c’est d’ailleurs un peu dommage… A vrai dire les forces de ce trio sont aussi leurs faiblesses. Le jeu de Mohamed Abozerky est spectaculaire, on sent une incroyable vigueur chez les trois musiciens mais ça en devient un petit peu lassant. La marque de fabrique de cet ensemble (les fameux changements de tempos/rythmiques) se font trop récurrents et la surprise n’est plus au rendez-vous… On s’habitue à tout cela.
Fort heureusement il y a des exceptions comme « Otieno Spirit » qui adopte une tonalité majeure (ce qui est très rare dans cet album) et qui mêle des voix aux instruments acoustiques. Il y a aussi « Takasim », qui désigne dans la culture arabe un prélude joué par un soliste, qui se rapproche d’un incantation et qui offre à l’auditeur une courte pause. C’est d’ailleurs dans ces moments de «calme» que le trio se révèle. De courts moments de pause qui nous montrent un jeu plus sensible, plus fragile et il faut avouer que cela fait du bien. Par ailleurs il faut avouer que l’on nous conte des histoires tout le long. Elles sont racontées avec grandiloquence mais elles ne sont pas vides de sens ni de vécu. « My Cairo » en est la preuve parfaite.
Don’t Replace Me by a Machine est un album plaisant, impressionnant et dépaysant. Même si les compositions sont parfois un peu redondantes, on est charmé par l’esthétique singulière du trio. Lorsque ces jeunes interprètes pleins d’énergie et de volonté gagneront encore plus en maturité, ils nous livreront à coup sur un album exemplaire. A laisser décanter encore un petit peu !