Kino - Radio Voltaire
Sorti le: 26/03/2018
Par Dan Tordjman
Label: InsideOut
Site: http://johnmitchellhq.com/
Quand John Mitchell n’enregistre pas avec Arena, il tourne avec It Bites. S’il ne tourne pas avec It Bites, il part en croisière avec Frost*. Sur la terre ferme, sans Frost*, il joue au Lonely Robot. Quand ce dernier n’a plus de batterie, John Mitchell s’ennuie. Alors il réactive Kino mis en hibernation treize ans plus tôt. Toujours avec Pete Trewavas et John Beck, mais sans Chris Maitland. Et s’est joint à la fête sur ce nouveau chapitre discographique, le désormais incontournable – en Albion, du moins – Craig Blundell. Moins d’un an après la sortie de The Big Dream avec Lonely Robot, le génial anglais revient, insatiable avec ce nouveau pavé sous les bras. Calmé par Inside Out sur l’idée d’un troisième album avec Lonely Robot, il a donc réactivé son ancien projet. Toutefois, cette prolixité de John Mitchell laisse planer le doute. Explication.
Le titre éponyme laisse entrevoir de jolies promesses avec une guitare cristalline et mélodique à souhait. C’est d’ailleurs reconnu depuis longtemps, John Mitchell est le mélodiste le plus fin depuis Brian May, Steve Lukather ou, plus récemment, Doug Ott. L’auteur de ces lignes assume pleinement cette affirmation et sera ravi d’en discuter avec vous. Le bougre sait également se faire dur sur « The Dead Club » où l’on remarquera le joli travail des claviers. Certains, et il y aura débat, penseront à Pain Of Salvation ou Wolverine à l’écoute des lignes de piano d’« Idlewild » qui ne ferait pas tache sur la bande FM avec sa mélodie délicate et son refrain accrocheur. Même constat pour « I Don’t Know Why » et son joli mélange entre Queen, ELO et Jellyfish (prends ça, Steven Wilson). Si la guitare paraît prépondérante, les claviers de John Beck ont aussi leur mot à dire, sur un titre comme « I Won’t Break So Easily Anymore » où l’on pense à Pete Towshend et The Who ? On retiendra également la jolie ritournelle acoustique « Temple Tudor », idéale pour s’endormir et se rappeler au bon souvenir de « My Sweet Lord » de feu George Harrison.
Radio Voltaire est l’archétype de ces albums progressifs aux saveurs pop qui pourraient plaire aux non-initiés du genre. Des mélodies envoûtantes, des refrains entraînants, tout est réuni pour séduire et on aurait presque envie de dire à John Mitchell : mission accomplie. Le seul bémol, il en faut bien un, c’est cette production clinique dépourvue de sensibilité et d’humanité. Tellement proche de Lonely Robot et surtout de l’immense Falling Satellites de Frost*. Votre serviteur ne met pas en doute le talent, la contribution importante et le talent de Craig Blundell, bien loin de là. Il le considère, d’ailleurs, comme LE batteur du moment, mais une production plus acoustique et plus organique aurait sans doute moins choqué. C’est ce qui avait fait et fait toujours, la marque de fabrique d’un Chris Maitland, certes moins démonstratif que ses illustres confrères, mais plus touchant dans le jeu.