Deluge Grander - Oceanarium
Sorti le: 01/03/2018
Par Jean-Philippe Haas
Label: Emkog Records
Site: https://delugegrander.bandcamp.com/
Après s’être consacré à ses autres projets, Birds and Buildings et All Over Everywhere, le multi instrumentiste Dan Britton reprend les rênes de Deluge Grander pour donner un successeur à The Form of the Good. C’est ainsi qu’en 2014 naît Heliotians – premier volet d’un trio d’albums qui prendront place au sein d’une heptalogie – tiré à une poignée d’exemplaires signés par les musiciens, peints et annotés à la main. Le second album de la série, Oceanarium dont il est question ici, bénéficie d’un tirage en CD et en double LP plus conventionnel, en attendant Lunarians, qui sera comme Heliotians une édition limitée et artisanale.
Deluge Grander développe, depuis August In The Urals un rock progressif symphonique luxuriant, mâtiné d’un soupçon de jazz et de Canterbury, fortement inspiré des maîtres du genre. S’il est arrivé par le passé que certains passages soient chantés, ce n’est pas le cas ici . L’accent est mis sur la richesse instrumentale : outre le noyau de base du groupe de prog’, et l’omniprésence des claviers de Britton, une multitude d’instruments à vent (trompette, trombone, hautbois, flûte, saxophone, clarinette…) et quelques cordes (violon, violoncelle) viennent enrichir des compositions hautes en couleurs, passionnantes tel un thriller rondement mené aux atmosphères changeantes à base de parties très rythmées parfois tendues, parfois apaisées, de passages aériens et une palette sonore située quelque part entre les décennies soixante-dix et quatre-vingts. Très éloquente et narrative, la musique de Deluge Grander s’écoute comme un récit, un ensemble conceptuel (ce qu’elle est), bourré de péripéties.
Quelques points noirs assombrissent ce tableau joliment contrasté : une batterie visiblement programmée (aucun batteur n’est crédité) qui finit par lasser, et le défaut récurrent du groupe : une production faiblarde, sans ampleur. C’est d’autant plus dommage que les titres gagneraient encore considérablement à être mieux produits. Mais si on fait abstraction de ces inconvénients pas si rédhibitoires que cela finalement, Oceanarium est un album addictif, plein de rebondissements, d’une variété peu commune.