Garth Knox and the Saltarello Trio

20/11/2017

Jazzhouse - Copenhague

Par Raphaël Dugué

Photos:

Site du groupe : http://www.garthknox.org/

Dans le cadre du festival G((o))ng Tomorrow de Copenhague, le club Jazzhouse a accueilli Garth Knox et le Trio Saltarello le 11 Novembre dernier pour interpréter les compositions de John Zorn issues du Book of Angels , le groupe a ensuite laissé place au designer sonore Mike Sheridan.

Musicien d’origine irlandaise, Garth Knox a évolué dans le monde des musiques expérimentales, il a enregistré entre autres les compositions de Xenakis, Boulez ou Stockhausen. Depuis quelques années, l’altiste s’est tourné vers ses origines en jouant de la viole d’amour, un instrument qui lui permet d’explorer les musiques traditionnelles . Accompagné du trio Saltarello, Garth Knox a enregistré Leonard le trentième volume du Book of Angels, deuxième livre du recueil Masada, une oeuvre monumentale écrite par John Zorn inspirée des musiques Klezmer et qui compte aujourd’hui environ une cinquantaine de disques.

Peu avant vingt heures, les spectateurs se placent autour des tables sur lesquelles ont été déposées des bougies et qui donnent à la salle principale du Jazzhouse de Copenhague une ambiance agréablement mystérieuse qui se prête parfaitement au premier concert de la soirée. En plus de Garth Knox, la formation comprend Julia Robert à l’alto et la viole d’amour, Agnès Vesterman au violoncelle et Sylvain Lemêtre aux percussions. Les musiciens, éclairés par une lumière chaude, débutent par un murmure, comme une incantation à l’ange Hatach (Garth Knox l’expliquera plus tard, chaque composition du disque est dédié à un ange) puis développent les mélodies de John Zorn. La pochette du volume trente du Book of Angels, Leonard est de couleur violette, une couleur qui jusqu’à l’époque moderne symbolise la richesse et la rareté, des qualités rappelées dans la finesse des arrangements et la présence de la viole d’amour, un instrument ancien peu répandu à notre époque. Cet instrument qui ressemble à l’alto, comprend quatorze cordes dont sept sont des cordes sympathiques qui vibrent en résonance avec les notes jouées par les musiciens. Cette particularité donne un côté orchestrale à la musique du quartet et apporte une présence invisible presque surnaturelle à l’ensemble. Cet instrument, conjugué à l’apport subtile des percussions, rappelle fortement les musiques baroques ou médiévales.

Le Klezmer dont s’inspire Le Book of Angels de John Zorn fait appel à une tradition millénaire d’une écriture modale héritée de l’antiquité. Les mélodies de Zorn évoquent donc les musiques de la Méditerranée qui se sont ensuite répandues de l’Orient à l’Europe de l’Est. Grâce au quartet, cette musique transcende les époques, des temps les plus reculés jusqu’au monde contemporain (on pense notamment au style tintinnabuli d’Arvo Pärt) et sa profonde mélancolie est sublimée par des musiciens en parfaite symbiose. Tout en restant proche des versions studio, la formation s’autorise quelques improvisations, notamment un solo de percussion de Sylvain Lemêtre tout en raffinement ponctué par un léger souci technique que le groupe va régler avec humour.

Place ensuite à Mike Sheridan pour le deuxième concert de la soirée. Le contraste avec la première partie est frappant, le sound designer se tient debout derrière une table sur laquelle sont posés une console et un ordinateur le tout éclairé de façon froide voir austère. L’artiste débute sa performance par des sons de drones à très basse fréquence sur lesquels il ajoute des bruitages et des effets. Sans être réellement guidé par une idée directrice, les sons semblent joués de manière aléatoire, dans une performance curieuse qui laisse les spectateurs les plus aguerris dubitatifs.

La soirée a tout de même comblé le public avec un concert de Garth Knox d’une grande beauté et marque d’une éclatante manière l’un des derniers concerts du club de Jazzhouse qui va déménager de son lieu d’origine dans le centre de Copenhague pour s’installer dans le quartier périphérique de Nørrebro.

Garth Knox et le Trio Saltarello sera en concert à Paris au New Morning le 28 Novembre 2017 lors du festival Jazz’N’Klezmer. Ils interpréteront le Book of Angels de John Zorn en compagnie des groupes Abraxas et AutorYno, une soirée que vous recommande vivement l’équipe de Chromatique.

Article écrit avec la participation d’Aleksandr Lézy.

Photographies par Aram Shelton

Dans le cadre du festival G((o))ng Tomorrow de Copenhague, le club Jazzhouse a accueilli Garth Knox et le Trio Saltarello le 11 Novembre dernier pour interpréter les compositions de John Zorn issues du Book of Angels , le groupe a ensuite laissé place au designer sonore Mike Sheridan.

Musicien d’origine irlandaise, Garth Knox a évolué dans le monde des musiques expérimentales, il a enregistré entre autres les compositions de Xenakis, Boulez ou Stockhausen. Depuis quelques années, l’altiste s’est tourné vers ses origines en jouant de la viole d’amour, un instrument qui lui permet d’explorer les musiques traditionnelles . Accompagné du trio Saltarello, Garth Knox a enregistré Leonard le trentième volume du Book of Angels, deuxième livre du recueil Masada, une oeuvre monumentale écrite par John Zorn inspirée des musiques Klezmer et qui compte aujourd’hui environ une cinquantaine de disques.

Peu avant vingt heures, les spectateurs se placent autour des tables sur lesquelles ont été déposées des bougies et qui donnent à la salle principale du Jazzhouse de Copenhague une ambiance agréablement mystérieuse qui se prête parfaitement au premier concert de la soirée. En plus de Garth Knox, la formation comprend Julia Robert à l’alto et la viole d’amour, Agnès Vesterman au violoncelle et Sylvain Lemêtre aux percussions. Les musiciens, éclairés par une lumière chaude, débutent par un murmure, comme une incantation à l’ange Hatach (Garth Knox l’expliquera plus tard, chaque composition du disque est dédié à un ange) puis développent les mélodies de John Zorn. La pochette du volume trente du Book of Angels, Leonard est de couleur violette, une couleur qui jusqu’à l’époque moderne symbolise la richesse et la rareté, des qualités rappelées dans la finesse des arrangements et la présence de la viole d’amour, un instrument ancien peu répandu à notre époque. Cet instrument qui ressemble à l’alto, comprend quatorze cordes dont sept sont des cordes sympathiques qui vibrent en résonance avec les notes jouées par les musiciens. Cette particularité donne un côté orchestrale à la musique du quartet et apporte une présence invisible presque surnaturelle à l’ensemble. Cet instrument, conjugué à l’apport subtile des percussions, rappelle fortement les musiques baroques ou médiévales.

Le Klezmer dont s’inspire Le Book of Angels de John Zorn fait appel à une tradition millénaire d’une écriture modale héritée de l’antiquité. Les mélodies de Zorn évoquent donc les musiques de la Méditerranée qui se sont ensuite répandues de l’Orient à l’Europe de l’Est. Grâce au quartet, cette musique transcende les époques, des temps les plus reculés jusqu’au monde contemporain (on pense notamment au style tintinnabuli d’Arvo Pärt) et sa profonde mélancolie est sublimée par des musiciens en parfaite symbiose. Tout en restant proche des versions studio, la formation s’autorise quelques improvisations, notamment un solo de percussion de Sylvain Lemêtre tout en raffinement ponctué par un léger souci technique que le groupe va régler avec humour.

Place ensuite à Mike Sheridan pour le deuxième concert de la soirée. Le contraste avec la première partie est frappant, le sound designer se tient debout derrière une table sur laquelle sont posés une console et un ordinateur le tout éclairé de façon froide voir austère. L’artiste débute sa performance par des sons de drones à très basse fréquence sur lesquels il ajoute des bruitages et des effets. Sans être réellement guidé par une idée directrice, les sons semblent joués de manière aléatoire, dans une performance curieuse qui laisse les spectateurs les plus aguerris dubitatifs.

La soirée a tout de même comblé le public avec un concert de Garth Knox d’une grande beauté et marque d’une éclatante manière l’un des derniers concerts du club de Jazzhouse qui va déménager de son lieu d’origine dans le centre de Copenhague pour s’installer dans le quartier périphérique de Nørrebro.

Garth Knox et le Trio Saltarello sera en concert à Paris au New Morning le 28 Novembre 2017 lors du festival Jazz’N’Klezmer. Ils interpréteront le Book of Angels de John Zorn en compagnie des groupes Abraxas et AutorYno, une soirée que vous recommande vivement l’équipe de Chromatique.

Article écrit avec la participation d’Aleksandr Lézy.

Photographies par Aram Shelton