Wolverine + Until Rain + Oddland
11/05/2017
La Boule Noire - Paris
Par Dan Tordjman
Photos: Dan Tordjman
Site du groupe : http://www.wolverine-overdose.com
Setlist :
Bleeding / Our Last Goodbye / Carousel / Taste Of Sand / Pile Of Ash / Pulse / Nemesis /// Rappel : And She Slowly DiesOn a d’abord cru à une blague quand on a vu fleurir la date de Wolverine à Paris. Et pourtant les Suédois, (bien) accompagnés d’Until Rain et Oddland ont fait escale dans la ville lumière pour dispenser la bonne parole du Prog. Nous y étions, donc, pour voir si cette date n’était pas une supercherie.
De supercherie, il ne fut pas question. Les trois groupes précités étaient bien à la Boule Noire. Il convient de saluer l’hélas maigre mais courageux public qui a fait le déplacement Boulevard de Rochechouart, alors que pendant ce temps-là, Uli Jon Roth rameutait les foules au Petit Bain. Compte tenu de la relation entre Wolverine et feu-Progressia format papier, nous n’avons pas eu à réfléchir. Nous devions être là pour nous rappeler au bon souvenir du gang de Söderhamn dont nous avions pu apprécier en 2001 l’excellent concert au ProgPower Europe. Stefan Zäll et sa clique, désormais amputée du frangin Mikael Zäll, étaient donc accompagnés des Grecs d’Until Rain (dont nous avions pu apprécier la prestation avec Andromeda en 2013) et des Finlandais d’Oddland.
Et c’est à ces derniers que revient la redoutable tâche d’ouvrir, toutes proportions gardées, les hostilités. Or, dès lors que Sakari Ojanen, le guitariste chanteur nous annonce qu’il est diminué par un rhume, c’est une certaine appréhension qui s’empare de l’auditoire. Inquiétude qui sera balayée grâce à un set efficace, bien en place. Avec une mention spéciale au bassiste Joni Palmroth au jeu implacable et impeccable. Seul bémol inavoué de la soirée : la caisse claire de Ville Viitanen surmixée. Oddland finit son set en ayant séduit son auditoire, qui le lui rend bien, non pas par politesse, mais à coup de rythmiques alambiquées qui rappellent les plus belles heures de Fates Warning.
Après cette mise en bouche, nous étions impatients de revoir Until Rain, dont le set en ouverture d’Andromeda nous avait agréablement surpris. La formation hellène a, depuis, remanié une partie de son équipe, puisque le guitariste Theodore Amaxopoulous et le claviériste Lefteris Germenlis sont les seuls rescapés du passage au Divan du Monde en 2013. Anthem to creation avait alors pu conquérir de nouveaux auditeurs. Espérons qu’Inure rencontre le même succès malgré un propos bien plus rentre-dedans. Le ton a été considérablement durci et ce n’est pas pour bouder notre plaisir même si l’absence de la jolie Donna Zed se fait ressentir. Dans tous les cas, le nouveau chanteur Cons Marg, fruit d’une union illicite entre Andy Kuntz et Luis Mariutti, fait preuve d’une remarquable aisance vocale. Passant du chant clair au chant guttural en un claquement de doigts, il parvient à s’ouvrir un capital sympathie auprès du public parisien. Mais l’attraction de leur concert s’appelle Denis Efimenko. Le nouveau bassiste du groupe monopolise les regards et les (sou)rires avec sa gestuelle peu conventionnelle que Janick Gers en fin connaisseur aurait sans doute appréciée. Le tout, tout en restant efficace. On s’en doutait, la part belle du set est faite à Inure mais les nostalgiques d’Anthem To Creation ont pu être contentés avec « My Own Blood » et « Brain Death ».
Alors que Wolverine s’apprête, votre serviteur se fait un petit voyage dans le temps, presque seize ans en arrière. A cette époque, Wolverine, qui allait sortir The Window Purpose, était une hydre à six têtes : Per Brodesson et Mikael Zäll en étaient ses guitaristes, Andreas Baglien était en charge des claviers et Thomas TJ Jansson donnait son premier concert avec le groupe. Quatre albums plus tard, les voici pour leur premier concert dans l’Hexagone et c’est avec « Bleeding » que la fête commence. La setlist est axée autour des derniers albums du groupe. Hélas, pas d’extraits de The Window Purpose. Le groupe étant en rupture artistique avec cette période, c’est en piochant dans les albums qui ont succédé que les Suédois mettent le feu ce soir avec notamment un majestueux « Carousel » extrait de Cold Light Of Monday. Le reste du set n’en est pas moins excellent, avec « Taste Of Sand » et les extraits de leur dernier chapitre discographique, Machina Viva. Témoins, « Pile Of Ash », « Nemesis ». Le nouveau guitariste, Jonas Jonsson, s’en tire avec les honneurs tandis que le fidèle Marcus Lobsjer assure avec brio batterie et chœurs tout en formant avec Thomas Jansson une section rythmique précise et efficace. Un petit moment d’émotion cher à Stefan Zäll avec « Our Last Goodbye » et surtout « Pulse » contamine la Boule Noire. Le rappel de ce trop court set est une formalité avec « And She Slowly Dies », extrait de Still.
Si l’on devait trouver un qualificatif pour parler de cette affiche, l’on dirait que c’était une soirée… particulière. Parce qu’il est évident que, question auditoire, Paris ne s’est pas, cette fois-ci, transformée en cour des miracles. Mais également parce que l’intimité de ce concert a permis une proximité avec les artistes de la soirée. Les absents ont toujours tort. Nous, on y était, et on pourra le dire haut et fort.