– Festival Prog-Résiste
Qui dit francophone dit Francophonie. Remontons donc à présent vers le nord et franchissons la frontière franco-belge pour nous arrêter à Soignies, où a lieu en ce mois d’avril 2017 le festival Prog-Résiste, avatar live du magazine du même nom dont le 87ème numéro vient de paraître. Née au début des années 2000, ce qui fut un temps appelé Convention Prog-Résiste a connu quelques évolutions ces dernières années. Bernard Vincken s’est plié avec grâce au jeu des questions.
Quelles sont les origines du festival ? Qu’est-ce qui a présidé à sa création ?
Prog-résiste publie depuis 1995 le magazine du même nom. Afin d’accroître son implication dans la création et la diffusion des musiques progressives, l’équipe de Prog-résiste et la salle de concert Spirit of 66 à Verviers crée en 2001 la Convention Prog-résiste. Après onze éditions, une certaine lassitude et un an d’arrêt, le Festival se transporte à Soignies (Belgique), avec de nouveaux partenaires et un concept renouvelé.
Quelles sont les caractéristiques principales de votre festival (implantation, nombre d’éditions à ce jour, choix de programmation, fréquentation…) ?
En 2013, le Festival s’installe à Soignies, plus proche de la France et facilement accessible, et élargit ses ambitions avec comme objectifs d’informer, de favoriser les rencontres, d’amener les participants à vivre une expérience et d’ancrer durablement cette relation. Pour cela, outre les concerts, nous organisons aussi des interviews, conférences et événements, une exposition et des stands spécialisés favorisent les rencontres et échanges.
La programmation privilégie un mix entre valeurs sûres et découvertes, ainsi qu’entre les différents courants du rock progressif.
L’audience visée est celle des amateurs de musiques progressives : connaisseurs contemporains de l’émergence du rock progressif, public jeune intéressé par une des sources d’influence majeures des musiques actuelles, curieux friands de découvertes et d’élargissement de leur éducation musicale.
Qui sont les acteurs-clés de votre festival ? Comment est-il financé ?
Le Festival est porté par quatre partenaires. Outre l’ASBL Prog-résiste, l’ASBL Alter Ego organise depuis 2004 des événements culturels (Fête de la Musique, Festival Incognito…), soutient les artistes et met sur pied stages et ateliers éducatifs. Le Centre Culturel de Soignies développe depuis 2003 un programme de diffusion et d’action culturelle dans le centre historique de Soignies. Il favorise en parallèle un travail de décentralisation culturelle dans les villages, en collaboration avec des associations-relais et vise la participation active des publics. Enfin, le Centre Culturel Régional du Centre promeut, depuis 1978, arts de la scène, musiques, arts plastiques, cinéma, information, ateliers et stages créatifs. Les Centres Culturels mettent des moyens, notamment logistiques et techniques, à disposition, tandis que les bénévoles des associations travaillent à la programmation, la communication, l’organisation, la restauration…
Hormis un sponsoring privé limité, les moyens financiers du Festival proviennent essentiellement de la vente des entrées et du bar / restauration.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez (ou avez rencontrées) dans l’organisation de votre festival ?
La limite des moyens financiers et du bénévolat : chacun a son travail, sa famille…mais aussi beaucoup de motivation et de passion.
Comment définiriez-vous votre public ? S’agit-il de locaux, de gens de toute la France ? Des initiés, des curieux ?
Il peut varier en fonction de l’affiche bien sûr, mais le public est traditionnellement fidèle et connaisseur. Les pays les plus représentés sont la Belgique et la France (les Hauts de France, l’Île de France, la Lorraine, en particulier), mais certains viennent des Pays-Bas, d’Allemagne, d’Italie, du Luxembourg, d’Angleterre ou de contrées parfois plus « exotiques » (Scandinavie, Canada, Japon…). Depuis l’installation du Festival à Soignies et le renouvellement du concept, un participant sur quatre découvre le Festival chaque année.
Dans le reportage diffusé l’année dernière sur Arte, l’organisateur du Night of the Prog avoue que son public est constitué principalement de quadragénaires et de quinquagénaires, d’un milieu plutôt aisé. Partagez-vous cette analyse concernant votre propre festival ? Quelle tranche d’âge y est la plus représentée ? Pensez-vous qu’il existe un public plus jeune pour ce type de musique ?
Parmi le public fidèle, la moyenne d’âge est plus élevée : normal puisqu’il s’agit de participants qui ont découvert et apprécié très tôt le rock progressif. Toutefois, nous constatons aussi un rajeunissement du public : des jeunes amenés par le public connaisseur, d’autres attirés par l’intégration d’éléments de Progressif dans la musique de groupes actuels (The Mars Volta, Radiohead…), d’autres encore qui ne connaissent pas les racines du progressif mais aiment des groupes actuels s’en inspirant directement (Moaning Cities, Seven Impale…).
Quel(s) a(ont) été le(s) meilleur(s) moment(s) du festival depuis sa naissance ? Les groupes/concerts qui vous ont marqués ?
Il y en a beaucoup. Pour n’en citer que quelques-uns : le concert de The Gentle Storm en 2015, projet auquel nous avons fait confiance avant même d’en entendre la moindre note ; Lazuli en 2014 qui a littéralement démonté la salle ; le Floyd Chamber Concerto en 2016, concerto en hommage à Pink Floyd, pour orchestre acoustique avec guitare électrique et lap steel ; Sinkadus en 2015, renaissant de ses cendres…
Mais aussi : l’interview d’Arena, dévorant le gâteau à l’occasion de l’anniversaire commun (le groupe et les associations) ; le débat avec les organisateurs du premier concert de Genesis en dehors d’Angleterre en 1971 et l’exposition qui y était consacrée, à la Ferme V de Bruxelles ; l’exploration, avec Aymeric Leroy, du Canterbury, l’analyse fouillée, par Philippe Gonin, de l’album fondateur Rock Bottom de Robert Wyatt…
La prochaine édition de votre festival est-elle déjà planifiée ? Des artistes sont-ils d’ores et déjà à l’affiche ?
Oui, bien sûr, on planifie plus d’un an à l’avance. Et l’affiche est complète : Gong (UK), Focus (NL), Richard Pinhas (FR), IO Earth (UK) en sont les principaux protagonistes. (Et pour la suite, allez voir sur www.festivalprogresiste.com).
Comment voyez-vous l’avenir de votre festival ? Avec optimisme/pessimisme ?
Chaque édition est un nouveau challenge où il s’agit de jongler avec une programmation, des contraintes financières, organisationnelles, la concrétisation de nouvelles idées et envies. Et le mot-clé, c’est cela : l’envie, l’envie de partager et découvrir ces musiques qu’on aime.
Selon vous, peut-il exister dans les pays francophones un grand festival de rock progressif, populaire, qui puisse attirer un public nombreux, à l’image du Night of The Prog en Allemagne ou du Be Prog! My Friend en Espagne ?
D’une certaine façon, c’est sans doute ce que chacun essaie de faire.
Un dernier mot ?
Venez et incitez vos connaissances à venir découvrir avec vous, à partager votre plaisir. La musique live, c’est le flux vital de la musique !