– Le Péage du Rock
Chromatique poursuit son tour de France des festivals de prog rock et fait escale aujourd’hui au Péage-de-Roussillon, petite commune de l’Isère où se déroule depuis 2014 Le Péage du Rock. Laurent Wilb, élu local, organisateur du festival et accessoirement leader du groupe Morrighans (qui vient de sortir son premier album The Three Circles of Death) a répondu à nos questions.
Quelles sont les origines du festival ? Qu’est-ce qui a présidé à sa création ?
Ce festival est né en 2014. Après les municipales de la même année et donc ma prise de fonction d’adjoint à la culture en avril, le maire de la commune m’a demandé d’organiser une fête de la musique. Pour relever le challenge en deux mois je me suis donc appuyé sur mon réseau qui est très orienté prog et j’ai lancé la première édition du festival avec PyT et Collapse. C’était l’occasion de poser les bases d’un plus gros festival et de répondre ainsi à une promesse de campagne mais aussi à un besoin de développement culturel pour notre ville.
Quelles sont les caractéristiques principales de votre festival (implantation, nombre d’éditions à ce jour, choix de programmation, fréquentation…) ?
Le festival compte à ce jour 3 éditions. Les caractéristiques du festival sont une programmation variée qui rassemble toutes les tendances de la musique progressive mais qui s’ouvre aussi à du rock et à du metal. Aujourd’hui nous rassemblons environ 250 à 300 personnes. La date du festival se situe entre le festival Quadriphonic et le Prog en Beauce. C’est aussi une période assez creuse culturellement dans la vallée du Rhône d’où ce choix-là. Les deux premières années, nous l’avions programmé pour la fête de la musique, mais la concurrence étant trop rude, nous avons décidé de décaler la date en octobre.
Qui sont les acteurs-clés de votre festival ? Comment est-il financé ?
Il est à soixante pour cent subventionné par la mairie, à trente-cinq pour cent par les ventes de billets, merchandising et buvette, et cinq pour cent par le département de l’Isère. La mairie en est l’organisateur principal et c’est une association bénévole locale qui gère la buvette et les entrées gratuitement.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez (ou avez rencontrées) dans l’organisation de votre festival ?
Le problème aujourd’hui est la baisse des subventions des collectivités qui chaque année remet en question l’organisation de l’événement.
Comment définiriez-vous votre public ? S’agit-il de locaux, de gens de toute la France ? Des initiés, des curieux ?
Notre public est principalement un public de connaisseurs avertis qui vient de toute la France et même d’Europe, et qu’on retrouve sur de nombreux autres festivals.
Dans le reportage diffusé récemment sur Arte, l’organisateur du Night of the Prog avoue que son public est constitué principalement de quadragénaires et de quinquagénaires, d’un milieu plutôt aisé. Partagez-vous cette analyse concernant votre propre festival ? Quelle tranche d’âge y est la plus représentée ? Pensez-vous qu’il existe un public plus jeune pour ce type de musique ?
Je crois que l’organisateur du Night of the Prog a tout résumé. Nous sommes à même de faire exactement le même constat ; il existe un public plus jeune mais qui souvent n’a pas les moyens financiers de faire de grandes distances pour aller à un festival. De plus ce public jeune est souvent bien plus intéressé par la musique métal que par le prog pur.
Quel(s) a(ont) été le(s) meilleur(s) moment(s) du festival depuis sa naissance ? Les groupes/concerts qui vous ont marqués ?
Sans aucun doute le concert de Lazuli l’an dernier ! Un pur moment de magie, et on les a pourtant vus de nombreuses fois ! Et le deuxième meilleur moment, le concert de Coda lors de la deuxième édition.
La prochaine édition de votre festival est-elle déjà planifiée ? Des artistes sont-ils d’ores et déjà à l’affiche ?
L’affiche pour l’année prochaine est presque finie mais nous attendons toujours la validation de la mairie quant à sa reconduite.
Comment voyez-vous l’avenir de votre festival ? Avec optimisme/pessimisme ?
Franchement, il est très difficile d’être optimiste au vu de ce qui se passe un peu partout en France et de la coupe franche qui est opérée dans les subventions culturelles. Quoiqu’il en soit nous nous battrons bec et ongles pour le maintenir et le faire progresser ! Il faudra bien sûr que le public nous suive car sans eux nous ne pouvons plus exister.
Selon vous, peut-il exister dans les pays francophones un grand festival de rock progressif, populaire, qui puisse attirer un public nombreux, à l’image du Night of The Prog en Allemagne ou du Be Prog! My Friend en Espagne ?
Oui c’est possible mais il faudrait unir les forces ! Et surtout trouver le cadre qui permettrait ce festival… La multiplicité des festivals a de bons côtés mais si on veut un jour avoir en France un festival de la qualité de Night of The Prog je pense qu’il sera nécessaire de nous regrouper.
Un dernier mot ?
Oui, la musique progressive est une passion et nous continuerons à nous battre pour qu’elle trouve sa place dans notre pays !