Jack O’ The Clock - Repetitions of the Old City - I
Sorti le: 03/01/2017
Par Jean-Philippe Haas
Label: Autoproduction
Site: http://jackotheclock.com
Cela fait quelques années maintenant que Chromatique, dans son acharnement à dénicher des talents parfois trop bien cachés, garde un œil sur ce groupe d’Oakland repéré aux alentours de 2013 par All My Friends. L’année suivante, Night Loops confirmait tout le bien qu’on pensait de ce collectif atypique mené par Damon Waitkus. Puis, en 2015, pour nous faire patienter, les Californiens avaient offert leur Outsider Songs, un court mais étonnant album de reprises, avec des chansons de Vic Chesnutt, Morrissey, Duran Duran, R.E.M., Paul Simon, Björk et Charles Ives. Le quintette préparait alors la première partie d’un diptyque intitulé Repetitions of the Old City que nous vous présentons aujourd’hui.
L’introduction vocale « I’m So Glad To Meet You » façon gospel donne le ton d’une atmosphère « vieille Amérique » présente tout au long de l’album, entretenue par le violon et le hammered dulcimer notamment, parmi une flopée d’instruments classiques comme le basson, la flûte, la piano, le vibraphone…. La base acoustique occupe donc toujours un rôle central dans la musique de Jack’O The Clock, tandis que le duo basse / batterie fournit le liant à l’ensemble. Le côté minimaliste se fait plus discret et la musique plus « accessible » (guillemets de rigueur) et plus dense que par le passé. Celle-ci n’en reste pas moins exigeante et continue d’éconduire toute tentative de classification. « When the Door Opens, It Opens On Everything » révèle ainsi des passages typiquement connotés « folklore américain », d’autres purement instrumentaux lorgnent vers le rock in opposition. De la même manière, on trouve dans « .22, or Denny Takes One For the Team » toutes sortes d’influences parfaitement agencées : des vocaux à la Yes, des accents asiatiques portés par le violon ou des parties jazz menées par une trompette invitée pour l’occasion. D’autres musiciens de passage contribuent à cette touche inimitable, comme la clarinette basse ou le trombone. Monsieur Fred Frith – depuis longtemps promoteur de Jack’O The Clock – offre sa guitare électrique sur « Videos of the Dead ». Le final en crescendo du très nuancé « Fighting the Doughboy » est suivi d’un « After the Dive » dépouillé et cristallin, qui clôt l’album sur une note paisible et mélancolique : on se demande bien alors de quoi sera faite la seconde partie de cette œuvre conceptuelle après ce voyage au cours duquel on a découvert en filigrane une certaine vision des États-Unis et sa difficulté à concilier ses racines multiculturelles avec la vie moderne. Ce qui est d’ores et déjà certain, c’est que grâce à Repetitions of the Old City, un groupe singulier au son original est en passe de devenir un groupe unique au son unique.