Lazuli - Nos âmes saoules
Sorti le: 21/02/2016
Par Jean-Philippe Haas
Label: Autoproduction
Site: http://www.lazuli-music.com/
Une seconde invitation au Night of the Prog après un passage remarqué en 2012, une grosse tournée européenne en première partie de Fish : Lazuli s’est exporté à merveille en 2015 dirait-on. Quand la France, trop timide, se décidera-t-elle à accorder à son enfant prodige autant d’attention ? Avec Nos âmes saoules, enfin ?
« Le temps est à la rage », contenant sa colère jusque dans ses derniers instants, donne le ton : pessimisme à tous les étages, souligné par des mélodies fortes qui contrebalancent quelque peu ce sombre état d’esprit. Dans la lignée de « Déraille » sur Tant que l’herbe est grasse ou « Je te laisse ce monde » sur (4603 Battements), « Le lierre » enchaîne un hymne idéal pour galvaniser une foule en concert, tel le « Credo » de Fish, avec lequel il partage des similitudes. L’influence de la musique de l’Écossais que le groupe a beaucoup fréquenté peut se retrouver encore ça et là, comme sur « Le mar du passé » qui évoque « Tongues ». De façon plus diffuse, le côté « rock atmosphérique à textes » constitue un point commun entre les deux univers musicaux depuis quelques temps déjà, sans qu’il y ait pour autant d’inspiration flagrante.
Hormis ces discrètes ressemblances, Nos âmes saoules est surtout le fruit de l’évolution qui court sur une douzaine d’années, et que le groupe ne doit qu’à lui-même. Depuis (4603 Battements), il a, semble-t-il, trouvé sa voie, faisant de ses chansons des pièces délicatement construites qui ne s’expédient pas à coups de couplets-refrains faciles : peu enclines à la violence, elles lui préfèrent des montées en puissance, parsemées d’explosions (« Après la guerre », « Nos âmes saoules »), des mélodies qui sinuent et s’insinuent inexorablement dans l’esprit de celui qui l’écoute. Dominique Leonetti pose sur ces titres doux-amers parfois vindicatifs son chant assez haut perché et ses textes travaillés, qui échappent à tous les mauvais clichés en vogue dans le prog’ et soutiennent la comparaison avec la poésie rock de haut vol de Christian Decamps. De courts épilogues instrumentaux reprennent certains thèmes (tel le magnifique final au piano « Un œil jeté par la fenêtre ») et assemblent ainsi les pièces d’un puzzle qu’il faut contempler de haut pour en saisir toutes les nuances.
Ce sixième album de Lazuli sera-t-il le bon ? Celui qui fédérera, comme le fit Ange dans les années soixante-dix, tous les amoureux d’un rock à la fois sophistiqué, sincère et taillé pour la scène ? On appelle cette reconnaissance de tous nos vœux et on se réjouit par avance de rencontrer à nouveau les Cinq quelque part sur la route.