Enchant + Hasse Fröberg And Musical Companion
06/11/2015
O'Sullivan Backstage By The Mill - Paris
Par Dan Tordjman
Photos: Dan Tordjman
Site du groupe : http://www.enchantband.com
Setlist :
At Death's Door / The Great Divide / Hostile World / Deserve To Feel / Monday / Acquaintance / Within An Inch / Sinking Sand / Paint The Picture / Oasis /// Rappel : Fat Bottomed Girls (Queen avec Hasse Fröberg And Musical Companion)Octobre s’annonce être un mois chargé pour l’agenda des progueux et pour celui de la Chromateam. Après Leprous et avant Opeth, Zappa Plays Zappa ou encore Riverside, c’est le retour en France d’Enchant, inattendu pour beaucoup, inespéré pour certains. Accompagné d’Hasse Fröberg And Musical Companion, les Américains ont fait parler la poudre au Backstage By The Mill.
Les absents ont toujours tort. Jamais cette maxime ne fut – hélas ! – autant juste qu’en ce 13 octobre. Rares sont les fois où Enchant revient jouer à Paris, depuis sa dernière tournée européenne d’il y a dix ans. Tout d’abord, rendons à César ce qui lui appartient et saluons chaleureusement l’initiative courageuse de Garmonbozia pour l’organisation de cette date. Il est déplorable, qu’en dépit de leur professionnalisme et savoir-faire, c’est une (bien trop) maigre assistance qui accueille Hasse Fröberg And Musical Companion, à qui revient la tâche de chauffer un public bien trop clairsemé (une quarantaine de personnes à vue de nez). A leur décharge, quelques mètres plus loin, Glenn Hugues se produit au Divan du Monde. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Allez savoir. Quoi qu’il en soit, les bougres vont mettre un sacré coup de pied pour réveiller et conquérir un auditoire pas ou peu acquis à leur cause.
Le chanteur des Flower Kings a su s’entourer d’excellents musiciens. Mention spéciale au benjamin d’entre eux, Anton Lindsjö qui déroule à la guitare. Comme on pouvait s’en douter, la part belle est faite à la dernière livraison du Suédois HFMC avec un tellurique « Can’t Stop The Clock ». Bien que les deux formations enchaînent neuf dates de suite, le gaucher est en très grande forme. De la puissance à la finesse, il n’y a qu’un pas, ce que le groupe n’hésite pas à faire avec le léger « Everything Can Change » aux fortes réminiscences de Jellyfish et Queen. Même si pas moins de cinq titres sur les sept interprétés ce soir sont issus du dernier album, les autres sont également représentés avec le magnifique « Godsong » et le puissant « Fallen Empire » chargé de mettre un point final à leur set. Mission accomplie pour Hasse Fröberg, une entrée en la matière réussie. D’ailleurs, Doug Ott n’hésitera pas à nous concéder : « C’est mon groupe de prog’ préféré ». #hommedebongout.
Vous vous en doutez, la barre fut placée haut. Enchant sait quoi faire pour pouvoir continuer sur cette lancée ; rien de mieux qu’un « At Death’s Door » pour ouvrir les hostilités… non, pardon, les festivités. On pouvait avoir des craintes sur l’état de forme des Californiens mais le doute est balayé d’un revers de main par un Ted Leonard en grande forme, soutenu par l’arrivée de son épouse depuis les Etats-Unis le matin même, et déterminé à délivrer un set mémorable. Une motivation plus que légitime, perceptible sur « The Great Divide ». Pas de titres de Break ou de Time Lost en raison d’un timing serré mais qu’il est jouissif de voir et d’entendre à nouveau Ed Platt maltraiter sa basse sur le génial « Hostile World » ! Comme ce fut le cas pour le set d’Hasse Fröberg, Enchant varie entre puissance et finesse. Après un « Monday », joué un « tuesday » et conjugué au plus-que-pêchu, c’est un sommet d’émotion atteint avec « Acquaintance » avant de replonger dans la forge avec une mémorable prestation sur « Within An Inch ». On avait peur du rendu à trois voix présent sur disque, mais le complément de Bill Jenkins, toujours aussi impeccable derrière ses claviers (en fait ceux de Kjell, d’HFMC, le sien ayant lâché pendant la tournée) s’avère judicieux et nécessaire.
Alors que les Américains se préparent à attaquer un très attendu « Nighttime Sky », une voix légèrement imbibée implore avec insistance un extrait de Juggling 9 Or Dropping 10. Elle finira par obtenir gain de cause avec « Paint The Picture », pas prévu au programme, s’attirant par la même occasion la frustration du reste du public. Néanmoins, celui-ci se montrera plus que réceptif sur « Oasis » sur lequels certains fans se déchaînent littéralement.
Hélas, il fallait bien mettre un point final à cette soirée, ainsi qu’à cette tournée. Quoi de plus approprié pour Enchant qu’une « jam » endiablée avec Hasse Fröberg et ses musiciens ? C’est avec une chaude reprise de « Fat Bottomed Girls » de Queen, qu’Américains et Suédois saluent le Backstage By The Mill et, par la même occasion, se disent au revoir. De l’aveu de Sean Flanegan et Ed Platt, la connivence fut de mise entre les deux formations et les adieux furent visiblement difficiles. Un franc moment de camaraderie entre deux formations qui méritent assurément plus qu’un auditoire aussi confidentiel que celui présent en ce 13 octobre. Gageons que la prochaine fois, la fosse sera un peu plus garnie. Comme dit en début d’article, les absents ont toujours tort. Là, ils ont VRAIMENT eu tort.