Food - This Is Not A Miracle
Sorti le: 26/10/2015
Par Jean-Philippe Haas
Label: ECM
Site: http://www.thomasstronen.com/
Consécutivement à la sortie de son album This Is A Blind Guide, le batteur/percussionniste Thomas Strønen publie un nouvel épisode de Food, projet parallèle de jazz expérimental mené en compagnie du saxophoniste Iain Bellamy et de divers invités. En l’occurrence, c’est le guitariste Christian Fennesz qui s’y colle ; un poste tout désigné pour un musicien dont les machines électroniques sont un prolongement naturel de son instrument.
Moins homogène que son prédécesseur, This Is Not A Miracle s’autorise quelques titres plus accessibles, plus « lisibles », qui ne sont d’ailleurs pas forcément moins réussis, comme « Where Dry Desert Ends » et sa boucle mélodique entêtante. D’autres passages sont anecdotiques, voire sans relief ni ambition particulière – mais peut-être en attend-on toujours davantage de ce duo défricheur ? – tels « This Is Not A Miracle », « The Concept of Density » ou « Death of Niger »; on y cherche désespérément une aspérité à laquelle se raccrocher. Car là où Mercurial Balm était cohérent dans son ensemble, permettant ainsi de s’y immerger, This Is Not A Miracle ne possède pas cette faculté et laisse l’auditeur livré à lui-même, sans grand-chose qui agisse comme aimant pour plonger dans l’univers à priori assez hermétique du trio. Les expérimentations demeurent, notamment du côté de Fennesz, qui tripatouille la saturation de sa guitare pour se greffer sur des ambiances futuristes aux limites de l’ambient parfois (« The Grain Mill », « Sinking Gardens of Babylon », « Without The Law »). Mais Strønen et Bellamy semblent déconnectés de leur invité, si bien qu’on a cette fois-ci du mal à s’embarquer dans le voyage. Peut-être aurait-il fallu laisser le projet reposer un peu davantage avant toute autre sortie ? Ou s’appuyer sur des improvisations live comme par le passé ? Ou encore laisser le guitariste entrer dans le processus de composition ?
Toujours est-il qu’il ne faut pas espérer trouver ici l’alchimie qui opérait sur Mercurial Balm. Quoi qu’il en soit, cet album ne vous prend pas en traître et annonce la couleur d’emblée : son contenu n’est pas miraculeux.