Leprous - The Congregation
Sorti le: 29/04/2015
Par Florent Canepa
Label: InsideOut Music
Site: http://www.leprous.net/
L’arrivée du nouveau Leprous a créé une sorte de saine excitation à la rédaction. Il faut dire que le travail des Norvégiens nous a tous électrisés au plus haut point : du jazzeux le plus puriste jusqu’au fan de death-métal atmosphérique, chacun a pu reconnaître un peu de lui dans les précédentes œuvres du quintuor. Le hard-rocker peroxydé toujours coincé sur Sunset Boulevard pouvait même y glaner çà et là tel accent mélodique et emphatique ou synthétiseur désuet. Disons-le tout net, Leprous, c’est un peu la révélation de ces dernières années en termes de progressif. Cela sonne comme l’extrait poncif du communiqué de presse mais ce n’est pas vraiment faux.
Fait nouveau, l’album qui nous occupe a principalement été composé sur ordinateur par la tête pensante, claviériste et chanteur Einar Solberg. Autant dire que lorsque la troupe est arrivée en studio pour les prises, la messe était déjà dite. Alors messe noire ou radieuse ? Malgré une pochette zoologique macabre, on retrouve finalement un peu de lumière après le génial mais accablant et presque aride Coal. Les hymnes se font moins dépressives, presque entraînantes parfois (le début de « Rewind », car ensuite cela devient nettement plus hargneux, « Down » mid-tempo paradoxalement pas si déprimé). Le clavier enfonce bien souvent le clou de l’électronique ce qui donne à l’ensemble un relief nouveau même si les textures avaient toujours été très présentes. On retrouve ces petites touches sur « Red » et sa basse synthétique ou le commencement de « The Flood », comme si Reznor faisait du Tears for Fears. Muse nous l’a déjà expliqué dans sa construction même : être post-moderne c’est maîtriser l’art des mélanges.
Mais il est vrai que l’on est aussi en terrain connu. Le chant puissant, les choeurs christiques, les hachures électriques ou les lancinantes montées en puissance n’ont ici rien d’inédit pour qui a l’heur de connaître le groupe. Malgré sa poussée émotionnelle, le réussi « Slave » ne rivalise pas avec « The Show Must Go On », dont il partage l’esprit. « Moon » vient lorgner chez Anathema mais on préfère les enveloppes des Anglais. On dit souvent que l’exercice difficile est celui du second album. Ici, car nous avons affaire à de jeunes génies, ce sera en fait le quatrième. Tout est intéressant, rien n’est repoussant mais l’effet de surprise passé, il est plus difficile d’identifier les originalités et la puissance qu’exaltaient les débuts (« The Price », attendu, « Triumphant », pas tellement justement). Sans doute restés très longtemps sur les routes (c’est tout le mal qu’on peut leur souhaiter), ils ont voulu (peut-être) trop vite y retourner, un nouvel argument de vente à la clé. On leur pardonne bien volontiers et on les incite à faire quelque chose de peut-être plus collectif la prochaine fois ?