The Gentle Storm - The Diary
Sorti le: 12/04/2015
Par Florent Canepa
Label: InsideOut Music
Site: https://www.facebook.com/TheGentleStorm
Sur le papier, The Gentle Storm, c’est un peu l’idylle hollandaise rêvée. Ce n’est pas la première fois que le pilier d’Ayreon ou Star One et l’ex-chanteuse de The Gathering mêlent leur talent, ne serait-ce que dans les fabrications chorales du premier. Mais voir Arjen Lucassen et Anneke Van Giersbergen porter un projet avec une telle fougue et capitalisant sur leurs deux images est assez nouveau. Lorsqu’Arjen avait d’ailleurs annoncé la nouvelle l’année dernière, la cohorte de curieux s’était rassemblée tel un seul homme derrière ce qui s’annonçait déjà comme une œuvre conceptuelle et sans doute palpitante.
Les choses se sont peu à peu précisées et l’affaire éclate désormais au grand jour sous la forme d’une œuvre duale, un volet (gentle) ouvrant la voie à quelque chose de très folk (différents instruments exotiques et médiévaux à l’appui), l’autre (storm) reprenant les mêmes compositions sous un format plus métallique et symphonique. On connaît le génie du guitariste et compositeur pour proposer des choses assez phénoménales comme de grosses déceptions (l’amollissant Stream of Passion). Autant le dire tout de suite, l’ingestion de ce délire médiévalo-celtique est éprouvant sur la longueur. Dire que c’est l’occasion de vous familiariser avec la touche next de votre platine ou liste de lecture ou autre serait sans doute un peu abusif mais pas très loin de la vérité.
Si l’on se penche donc un peu sur la partie folklorique, force est de constater qu’il est parfois plus intéressant de mettre un disque de Loreena McKennitt pour réellement apprécier les saveurs et subtilités de la musique celtique. Quand la tribu propose du James Horner au rabais, on atteint même le point de non-retour (l’intro de « Shores of India »). Pourtant, ce même titre à mi-course est finalement assez dépaysant au sens propre du terme puisque nous arrivons en terre arabisante (oui, nous sommes en Inde, mais là n’est pas la question). Quand les plages sont trop douces, elles frisent la monotonie (« The Moment », plus intéressant dans l’autre partie). Et pourtant, certaines ritournelles se prêtent finalement mieux au gentle traitement (« The Storm », paradoxalement). Non, la vraie puissance des compositions réside bien dans la partie plus énergique, il fallait s’y attendre. C’est à cette occasion que les archets vibrants de la contrebasse prennent leur sens, c’est là que l’aspect celtique dépasse le cadre habituel de la musique traditionnelle. L’ajout de chœurs puissants y est sans doute pour quelque chose et ce dès le premier titre. Alors, n’aurait-il pas été plus simple de faire un album plus ramassé, alternant gentle et storm selon l’esprit de la composition et adaptant l’arrangement à ce qui paraissait le plus adéquat ?
Cette question, il faudra la poser aux auteurs de cette pièce montée qui voulaient peut-être célébrer un peu trop le sceau progressif à cette occasion. Il demeure quelques moments au sein du disque (« Shores of India » – l’autre, presque Symphony X, « The Storm » toujours très bien en mode riffé, « Cape of Storms », massif). Ce notamment grâce à la participation de multiples instrumentistes et instruments (cordes, cor de chasse, bouzouki, sitar, tabla…) qui rendent la chose un peu spéciale. Mais, on a souvent le sentiment d’avoir affaire à quelque chose de boursouflé, linéaire qui mériterait d’être plus fin. Si Within Temptation était un concurrent potentiel, on espérait finalement un peu mieux d’Arjen et Anneke. Car s’amuser à essayer de retrouver similitudes et distinctions entre les deux volets est finalement plus un jeu de producteur ou arrangeur que celui de l’auditeur. Et finir par se lasser de la voix d’Anneke est une hérésie dont on ne se croyait pas capable. La magie opère peu… ou pas. C’est l’avis d’une personne et à en juger par l’écho positif qui entoure la sortie du disque, sans doute un peu isolé. Croyez pourtant bien que cet avis est mu par une grande admiration pour le travail de l’un et de l’autre. D’où une déception plus grande encore.