Katatonia - Sanctitude
Sorti le: 30/03/2015
Par Jean-Philippe Haas
Label: Kscope Music
Site: http://katatonia.com/
Quel sera le prochain virage stylistique des Suédois de Katatonia ? Après avoir délaissé ses pratiques extrêmes de jeunesse pour un chant clair, le groupe enregistre en 2013 une version acoustique (nommée Dethroned and Uncrowned) de Dead End Kings (2012), et laisse ainsi supposer une orientation beaucoup moins métallique que par le passé. L’année suivante, néanmoins, sort Last Fair Day Gone Night tiré d’un concert de 2011 au Koko de Londres, où sont passés en revue les titres les plus dynamiques de la bande à Jonas Renkse.
Sanctitude délaisse à nouveau les postures viriles et tapageuses pour ne retenir que l’ambiance gothique : enregistré en mai 2014 à l’Union Chapel (Londres), la prestation est en effet essentiellement acoustique, captée lors de la tournée qui a suivi l’album. Réduit à un trio après les départs successifs du batteur Daniel Liljekvist et du guitariste Per Eriksson, Katatonia peut compter sur Bruce Soord (The Pineapple Thief) et JP Asplund pour assurer le spectacle. La semi-pénombre, les teintes bleutées, les cierges posés sur scène et l’ambiance générale du lieu renforcent le côté gothique et mélancolique d’un concert où le recueillement semble être le mot d’ordre.
Les Suédois ont pioché sur leurs disques des titres déjà très calmes ou susceptibles d’être adaptés à ce mode d’interprétation – en particulier sur Viva Emptiness (2003) – mais ont également remis au goût du jour de plus anciennes compositions comme « Day » ou « Gone ». Forts de leur travail sur Dethroned and Uncrowned, c’est bien entendu ce dernier album qui est le mieux représenté. A noter que Silge Wergeland (chanteuse de The Gathering depuis 2009) vient se joindre à Renkse pour interpréter « The One You Are Looking For is Not Here » lors du rappel.
La réalisation est sobre et filmée sous de nombreux angles, ce qui n’empêche pas l’impression de monotonie que peut laisser la représentation malgré sa durée plus que raisonnable (une heure vingt). La faute à des compositions trop peu variées ? Nul doute que les fans ne trouveront rien à redire, mais découvrir le groupe de cette façon n’incite pas forcément à y revenir si on n‘a pas l’habitude d’aller lire de la poésie dans les cimetières. Un documentaire de plus d’une heure retraçant la genèse du projet complète le DVD. Il s’agit essentiellement d’une longue entrevue avec Jonas Renkse et Anders Nyström, illustrée par des images filmées pendant et autour de l’événement. La réalisation un peu arty (du noir et blanc façon film muet ou tube cathodique) peut franchement rebuter, mais les fans – anglophones – tireront vraisemblablement un tas de choses intéressantes de cet entretien.
Un beau digibook avec CD et DVD du concert et de belles photos, une setlist qui brasse large, une production soignée… Sanctitude a bien des atouts de son côté. Et nul doute que ses attraits sauront convaincre les supporteurs de Katatonia. Pour se laisser convaincre, les autres devront peut-être lorgner d’abord du côté de Last Fair Day Gone Night.